John Lee Hooker est mort jeudi
21 juin 2001, premier jour de l'été, jour de
la fête de la Musique chez nous. C'est une très
grande, une gigantesque figure de Blues qui disparaît,
un artiste de la même classe que B.B. King ou Muddy
Waters.
Originaire de ce Mississippi qui a donné tant de grands
bluesmen, il avait élu domicile très tôt
à Detroit, la méga-cité américaine
toute tournée vers l'industrie métallurgique
et l'automobile. Son premier succès fut énorme,
dès 1948 il fut une vedette adulée des getthos
de Detroit avec un morceau torride sur un seul accord, "Boogie
Chillen". Ce morceau est resté emblématique
de son style de blues et de guitare, c'est sur cette base
que des groupes comme Canned Heat ont développé
leur propre son, il suffit d'écouter le titre "On
The Road Again" pour s'en persuader. La musique des ZZTop
n'aurait pas non plus été la même sans
le maître John Lee.
Dès les années 50, Hooker développe un
nouveau son du blues, à la fois pur, débarrassé
de tout superflu, et très orchestré comme le
blues de Chicago. Coté guitare, son apport a été
très important dans l'utilisation de la guitare électrique
et de l'amplification. Alors que ces contemporains des premières
années développaient un style délié
dans l'aigu et cherchant avant tout la fluidité et
le volume sonore, John Lee Hooker est allé quasiment
en sens inverse, son jeu "fingerstyle" posant une
guitare grave, dépouillée et tendue dans les
basses. Tout en nuances et jouant sur la saturation "crunchy"
et les échos bien dosés, sa musique est flamboyante,
intense, pratiquement érotique.
Sa voix était aussi unique, grave et profonde comme
le son de sa guitare. Il avait un chant presque monocorde,
avec très peu de variations tonales, mais d'une persuasion
étonnante, une vraie capacité à donner
le frisson à son auditoire.
Après son fantastique
retour sur le devant de la scène en 1989 avec le CD
"The Healer" (le guérisseur) réalisé
avec Carlos Santana puis suivi des albums "Mr Lucky"
et "Don't Look Back" de la même veine, John
Lee Hooker n'a pas oublié d'où il venait et
rappelait à tout un chacun que le style de guitare
qu'on lui avait attribué et qui avait fait son succès
n'était autre que celui de Willie Moore, son beau-père,
qui lui avait tout appris.
Il était déjà une légende de son
vivant, on n'a pas fini d'entendre John Lee Hooker, et c'est
tant mieux.
Boogie, chillen !
Antoine Payen
payena@laguitare.com
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