Dominique : Quels sont les bois
que tu utilises ?
Stefan : Au début, j'ai
pensé que le design était la chose la plus importante,
mais j'avais tort ; évidemment, c'est une grande partie,
mais le bois qu'on utilise est très important ! Plus le bois
est vieux, meilleur il est, c'est pour cela que je garde le bois
dans mon atelier le plus longtemps possible, entre 5 à 6
ans, parfois beaucoup plus ! On dit que le bois se bonifie en vieillissant
sur la guitare, mais ce n'est pas le cas. C'est important d'utiliser
du bois vieilli pour la construction de l'instrument. J'utilise
en majorité du bois d'épicéa européen
qui provient du Sud de l'Allemagne.
Ça donne une combinaison de puissance et de délicatesse.
Le bois qu'on emploie pour le dessus a un très grand effet
pour le son de la guitare.
Par exemple, si vous écoutez une guitare ayant un son puissant,
les 10 premières minutes vous pensez : " génial,
fabuleux " ! puis vous vous lassez très vite. Par contre,
si il y a la finesse, vous pouvez écouter durant des heures.
Pour le fond et les côtés, j'utilise le bois de rose
brésilien, le bois de rose indien et le Cocobolo qui est
aussi un bois de rose, mais qui vient, lui, d'Amérique Centrale.
C'est aussi très important d'utiliser du bois de qualité
pour le fond et les côtés, mais je n'ai toujours pas
compris pourquoi c'est si important ! Le manche est en acajou et
le " fingerboard " en ébène, bois qui est
solide et résistant et agréable au toucher.
Dominique
: Qu'en est-il des vernis et laques ?
Stefan : La laque et le vernis
sont très importants pour les violons. Un violon sans vernis
sonne faux !
Les guitares aussi sonnent faux sans laque. Les guitares flamenco,
par exemple, n'ont pas de vernis en général sur le
dessus, car elles doivent vibrer librement.
La laque doit être solide, car elle a pour but de protéger
l'instrument, elle prévient les dissonances, stabilise les
sons, etc..
J'ai toujours utilisé la même laque, j'ai même
adapté mon design tout naturellement à cette laque.
Lorsqu'on laque une guitare, la laque sèche très vite,
on peut toucher, mais c'est encore très fragile et il faut
plusieurs mois pour que la couche durcisse et ainsi le son de la
guitare va devenir plus clair. J'aimerais ajouter ceci : Il n'y
a pas de bon ou de mauvais son !
Le son que tu aimes, c'est le bon !
Dominique : Concernant le fameux
" sustain Sobell ", y a t'il un petit secret ?
Stefan : Je reviens à
ce que j'ai dit auparavant ; lorsque j'ai commencé à
construire mes guitares, j'étais très intéressé
et je le suis toujours, par les guitares classiques. Je recherchais
la combinaison entre la profondeur et la pureté du son, le
sustain. On trouve justement cette profondeur et cette pureté
dans les bonnes guitares classiques avec les cordes nylon. J'ai
travaillé sans cesse à cette recherche, avec mes systèmes
de barrages.
Les fabricants de guitares classiques construisent leurs guitares
sans tension, c'est-à-dire que les différentes pièces
sont formées de manière telle qu'elles s'ajustent
parfaitement les unes aux autres, un peu comme les pièces
d'un puzzle. Si elles ne correspondent pas exactement entre elles
et qu'il faut les faire tenir ensemble très serrées
avec des pinces avant de les coller, alors là il y aura une
tension provoquée par les pièces qui essaient de bouger,
mais qui sont retenues par la colle. Si on retirait la colle, les
différentes parties " exploseraient " littéralement.
Par contre, pour les guitares classiques, les pièces resteraient
en place puisque la colle tient le tout sans tension, d'une manière
naturelle !
Bien sûr, il existe aussi une tension qui provient des cordes,
mais ceci est différent et inévitable de toutes façons.
Toutes mes guitares sont construites sans tension, d'après
le modèle des guitares classiques.
Dominique : Encore un petit
mot pour conclure ?
Stefan : Oui, j'aimerais ajouter
que chaque nouvel instrument que je construis sera le meilleur,
et que je ne fais aucune différence entre les musiciens,
qu'ils soient connus ou non, professionnels ou amateurs, chacun
mérite la meilleure guitare !
Si c'est important pour un musicien
de rencontrer le luthier qui fabrique son instrument, c'est tout
aussi important pour le luthier de rencontrer les musiciens qui
vont en jouer.
Avec une bonne guitare, on doit pouvoir
jouer n'importe quelle musique, il n'y a pas de limite. Si le son
d'un instrument est bon, on doit pouvoir le transférer à
n'importe quel style de musique.
Dominique : Un grand merci à
Stefan et Lise sa femme pour leur accueil et les moments inoubliables
que nous avons passés ensemble.
Remerciements tout particuliers à Marlène Perrenoud
(Suisse) pour la précision de sa traduction et sa connaissance
sans failles dans le domaine Celtique.
Renseignements et contacts: http://www.cix.co.uk/~sobell/
E mail : stefan@sobell.cix.co.uk
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