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Quand toute la presse, même
La Redoute (non la , je déconne) se met à encenser (est-ce censé, ça ?)
un groupe, j'ai, en général, un de ces mouvements de recul digne d'un
tir de mortier. Sauf , sauf … Sauf, si j'ai déjà le disque bloqué en repeat
depuis quelques temps dans mon discman et si j'écoute au boulot, en vélo,
en métro ou au dodo. Ce qui est le cas avec le "Is this it" des Strokes.
Cet album, c'est de la loctite à tympans. Et de la forte.
"Mais dis donc, Jph, tu te moques de nous ! Si tu avais le
disque, tu n'avais qu'à faire une chronique avant les autres". Très pertinent.
Un médiator gagné à ma gauche.
Que voulez-vous, à force d'écouter des trucs qui m'emballent
et ne semblent intéresser quasi personne ou si peu -de Pavement à Spain
(tous deux séparés comme par hasard) en passant par le Folk Implosion,
Ween, Xtc, les Nits ou le Lilac time, je me dis : "Zen ! T'affole pas.
Prends ton pied dans ton coin, prends ton temps, tout le monde s'en fout.
Resserre toi donc un picon-bière et quand tu auras cinq minutes, tu en
toucheras deux mots sur laguitare.com".
Ah L'erreur ! Ils m'ont tous sauté dessus à mon retour de
vacance. "Jph t'es devenu dingue, t'écoutes les Strokes avant que
tout le monde s'y mette et t'en as même pas parlé ! T'as une demi-heure
pour nous faire un topo digne du site, sinon, t'es licencié et en plus
on te retire ton abonnement chez Hoogarden". Affolement. La,
j'ai la pression (normal avec les bières). La vraie. Celle qui vous bloque
devant la page. Ca a duré… Facilement 10 épouvantables minutes; Une éternité
pour moi. Et puis, alors que j'étais en plein dans le dernier (merveilleux)
Mercury Rev, j'ai relancé la machine.
The Strokes
Et ça part en trombe avec un
riff de guitare et une mélodie de basse digne du premier Pixies et une
voix à faire maigrir Frank Black de jalousie. Et ça ne s'arrêtera qu'au
bout de 36 minutes. Ok, c'est court. (Mais remarquez comme c'est pratique
: on peut le graver deux fois sur un même cd). Ces 5 New Yorkais nous
rappellent que si l'énergie est le carburant du rock, des guitares comme
celles-la en sont le moteur et la voix, la carrosserie. Tout a été dit
sur les filiations évidentes de ce groupe - Du Velvet à Television en
passant par les Pixies, Buzzcoks et autres énervés notoires. On sent bien
l'urgence. Les médiators ne raclent les cordes qu'à l'aller.
Les guitares sont en osmose comme rarement (Lou Reed et Sterling Morrison).
Et que ça "riff" et que ça "rythmique" à tout vent (rarement de solos
inutiles), sur de vraies mélodies, portées par la voix et le phrasé teigneux
de Julian Casablanca (il signe tous les titres). Son "Let me go,go,go,go"'
du très Velvetien "Modern age" ne vous quittera plus. Dommage, pas de
texte sur la pochette.
Plus surprenant, on trouve aussi des titres rock'n soul
- (Someday- Last Nite) qui ne sont pas sans rappeler les reprises
des Who de titres de Holland-Dozier-Holland de chez Motown (Heatwave dans
Quick One). Avec des guitares claires à l'unisson et un sens du rythme
foudroyant. Ce qui fait dire que ce groupe est loin d'être dans le binaire
basique. Comme les groupes les plus inspirés, la technique musicale (et
mine de rien, il y en a de la technique) est d'abord au service des chansons.
Avec une track list pareille, ces cinq la vont exploser les
scènes du monde entier. Faut commencer à construire des salles parasismiques.
Juste un petit bémol, depuis les attentats du 11 septembre,
les Strokes ne jouent plus New York City Cops. Rebelle ! Oui, mais juste
ce qu'il faut. N'est pas les Who qui veut !!
En attendant de les voir en France, vous pouvez acheter ce
cd les yeux fermés. La rentrée vous semblera nettement plus facile.
Sur ce, je vous laisse, car faut que j'aille remettre ce
disque qui vient de se terminer et... acheter des bières.
Jean-Pol
jph@laguitare.com
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