La neuvième édition
du Furia Sound Festival, les 24, 25 et 26 Juin à Cergy, a
été un très bon cru : programmation riche,
ambiance conviviale et festive, public motivé, soleil et
rock
mais que demander de plus ??!! Organisation parfaite,
ou encore le " village associatif " qui sensibilisait
les festivaliers à diverses causes humanitaires ou de défense
des droits de l'Homme (Chiapas, Dogons d'Afrique, Ligue des Droits
de l'Homme
). La base de loisirs de Cergy, avec son immense
parc, permettait aux festivaliers entre deux concerts de se détendre,
allongés sur l'herbe, tandis que d'autres préféraient
jongler, ou jouer au foot : bref, un climat très détendu
et trois jours complets de bonne musique et de bonne ambiance
(spéciale dédicace tout de même aux canards
de l'étang de Cergy, qui n'ont pas dû beaucoup dormir
pendant ces trois jours !).
Mais venons-en à l'essentiel,
les concerts. Compte tenu de la densité de la programmation,
autant vous le dire tout de suite, nous n'avons pas pu tout voir.
Mais entre des concerts magiques de groupes mythiques comme les
Wailers, les moments de pur délire (Didier
Super
), ou la performance incroyable de Bumcello,
le moins que l'on puisse dire, c'est que nous ne nous sommes pas
ennuyées !
Quelques morceaux choisis de ces trois jours bien remplis
:
En
ouverture du festival, le tout premier concert est celui de Jackson
Thelemaque. Cet artiste d'origine haïtienne sait parler
au public et galvaniser la foule : il appelle les festivaliers comme
on appellerait les membres d'un clan pour une cérémonie
Vaudou : " Approchez, approchez, l'esprit vaudou est là
! Je vais appeler les esprits ! ". C'est efficace : le public
accourt et le coup d'envoi du festival est donné. Les influences
haïtiennes sont omniprésentes dans la musique de Jackson
Thelemaque, entre blues et reggae. Comme il le dit, dans ses chansons,
aidé de sa voix et d'une guitare acoustique, il " raconte
des histoires ", histoires de son pays Haïti. Il chante
tantôt en créole haïtien, tantôt en français,
et les paroles sont souvent à la fois très engagées,
et émouvantes (Et j'attends, et j'attends puisqu'il faut
attendre/ Dur de vivre en paix en France avec sa conscience
).
Avec des sonorités résolument plus reggae, la chanson
Music est un instant de communion entre l'artiste et son public
: un véritable hymne à la musique, à la mélodie
superbe et au rythme entraînant ; Jackson a parfaitement conscience
de l'émotion qui parcourt le public, et résume très
joliment les choses : " La musique c'est comme l'amour ou la
poésie, pour la faire il faut être ensemble ".
Après ce grand moment d'émotion, le public est prêt
pour les choses sérieuses : les percus se font plus présentes,
le rythme entêtant, et le chant de Jackson Thelemaque devient
presque incantatoire (Je veux appeler les esprits/Le vaudou vous
appelle/ Je veux vous voir en transe
). Sur ces dernières
chansons (Can you hear the bombs/ We got some fire/La danse des
ancêtres), Jackson Thelemaque est accompagné des musiciens
des Legba Experience (en particulier Thierry Renaud,
excellent à la batterie), qui achèvent de bien "
chauffer " le public en ouverture du festival.
Changement
de scène, changement de style : juste après Jackson
Thelemaque, le public se rue vers la grande scène, où
sont annoncés les Blérots de Ravel. Le festival
a bel et bien commencé, tout le monde est arrivé.
Sur les pelouses immenses écrasées de soleil et noires
de monde, l'ambiance est complètement festive : le public
danse dès les premiers morceaux, certains intrépides
se lancent déjà dans le " crowd surfing ",
surtout lorsque le groupe interprète Le retour de Petrouchka.
Il faut dire que tous les musiciens (accordéon, banjo, flûte,
violon, violoncelle, clavier
) sont excellents (en particulier
André Rieu au violon, Christian Morin à
la clarinette), et que ces Blérots du " Renouveau
Artistique Volontairement Elaboré par des Losers "
ne sont décidément ni des blaireaux ni des losers
! Un petit regret, tout de même,-qui n'engage que moi- : les
paroles, peut-être pas tout à fait démagogiques
(quoique ?...), mais en tout cas parfois un peu faciles
(On
voulait pas bosser, aujourd'hui comme tout le monde, on a des chaînes
aux pieds/ l'arabe du coin). Quoiqu'il en soit, lorsque le morceau
est purement instrumental, l'efficacité de la musique est
totale, et le public ne s'y trompe pas ; partout on danse et tape
des mains : tout simplement joyeux.
Joyeux
c'est d'ailleurs l'état
d'esprit idéal pour aborder la suite du programme : les sept
joyeux drilles des Flogging Molly. Ces Américains
d'origine irlandaise nous servent un cocktail explosif de sonorités
rock énergiques et de musique traditionnelle irlandaise.
La
première chanson ne le laissait en rien présager pourtant
: avec sa tonalité très country et ses guitares acoustiques,
I killed a man they say aurait plutôt tendance à
nous transporter à Nashville, Tennessee
Mais lorsque
le " style irlandais " prend le dessus, la vue est incroyable
: des quatre coins de la scène on voit arriver la foule qui
court en dansant, danse en courant
en moins de cinq minutes
la pelouse est pleine et le public surexcité. Les morceaux
s'enchaînent, rythmés, endiablés même
(I don't know where I'm going). Le chanteur, David King,
s'interrompt pour préciser au public français "
Before we go on, we would like to apologize to France and the
rest of the world for the President of the United States".
Le ton est donné; puis dans l'hilarité générale,
il dédicace à George W. Bush la chanson suivante,
intitulée
Selfish Man ! Après un long
moment de ce mélange efficace de musique irlandaise et de
sonorités rock très appuyées (le groupe revendique
comme influences Johnny Cash, The Clash
), Flogging
Molly change à nouveau de style et nous sert une petite série
de chansons irlandaises " pur jus " qui semblent tout
droit sorties d'un album des Pogues. A ce stade, à
Cergy Pontoise, on a vraiment atteint les sommets de la bonne humeur
! : farandoles, danses en couple, pitreries diverses, tout y passe
et le public déborde d'imagination ! On fait une petite pause
pour souffler avec un morceau plus soft, Whistle in The Wind,
une belle ballade irlandaise toute en douceur, avant de se déchaîner
à nouveau sur Dance on the grave of Oliver Cromwell,
l'une des plus réussies
une ambiance de folie !!!
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