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Ce soir, à l'Olympia,
c'est à la régénération de la pop anglaise
que nous avons assisté : un nouveau souffle, plein de fraîcheur
et de talent, que la scène britannique attendait depuis longtemps.
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Grand
National |
En
première partie, le groupe Grand National, composé
habituellement de ses seuls créateurs, les deux DJs londoniens
Ruppert Lydden (voix) et Lawrence " La " Rudd (guitare
et voix), est ce soir accompagné de trois musiciens (basse,
guitare/voix et synthé/ voix), tous dotés d'une forte
personnalité. Les cinq nous servent un cocktail qui pourrait
avoir des airs de " déjà entendu " tant
les inspirations de groupes pop de la fin des 80s (New Order ou
les Happy Mondays) sont évidentes. Et
pourtant
le groupe réussit le pari audacieux de "
recycler " ces vieux sons que nous affectionnons tous avec
un génie incontestable (c'est peut-être parce que,
quand on porte le nom de la plus grande compétition hippique
d'Angleterre, parier coule de source !).
Grand National entre tout de suite dans le vif du sujet, et dès
les premiers morceaux, on est collectivement pris d'une irrépressible
envie de danser, en particulier sur Peanut Dreams : on part sur
une basse et une batterie, auxquelles s'ajoutent progressivement
un petit strum de guitare, puis une seconde guitare qui vient doubler
la basse. Ce vrai morceau de DJ, pourtant tout simple et linéaire,
a la puissance electro-funky d'un Jamiroquaï, saupoudré
de voix résolument pop.
Sans même laisser le temps à la salle de reprendre
son souffle, le groupe enchaîne sur Drink to moving on, son
morceau le plus connu, une mélodie teintée d'une certaine
mélancolie, à la fois planante et entêtante,
mais à laquelle le thème de guitare donne une couleur
ensoleillée : un tube potentiel ! Les petites interventions
vocales de " La ", dont les intonations rappellent souvent
Sting, ajoutent une touche de poésie.
D'ailleurs, Grand National ne renie pas l'époque où,
dans les pubs de West London et de Brighton, ils interprétaient
des reprises de Police. La reprise de Walking On The Moon était
incontournable, ils s'en acquittent avec brio et une grande créativité,
la composition vocale originale dégage une harmonie certaine,
et le public apprécie.
Après
cet instant de rêverie, les choses sérieuses reprennent,
avec l'énergique Playing in the Distance. Ses lignes de basse
bien grasses et bien lourdes, relayées par la rythmique sèche
et incisive de la guitare et la voix éraillée de Ruppert,
sont d'une efficacité immédiate sur la salle, qui
se met à sauter d'un seul homme (
enfin, devant la scène,
surtout d'une seule femme ! :-))
On a aussi droit à des morceaux plus reggae, comme Boner,
qui viennent parfaire l'ambiance festive du concert.
Sur tous ces titres, l'équilibre et l'harmonie des instruments
et des voix sont parfaits, chacun est là pour souligner les
autres. Quant au chanteur, d'un grand charisme, il sait y faire
avec le public, et avec son drôle de look, sa cravate multicolore,
et ses commentaires en français, il n'a aucun mal à
créer un lien très fort avec la salle.
Bref, ils ont tout pour plaire, et pour nous " Petit groupe
deviendra Grand [Inter]National ! ".
Site web : http://www.grand-national.net/
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The Servant
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Après
une courte pause, The Servant investit la scène. La salle,
déjà bien chauffée par Grand National, est
en délire dès l'apparition du chanteur, Dan Black.
Il faut dire qu'avant la gloire, encore toute relative, sur la scène
pop-rock, le beau brun ténébreux a déjà
connu les flash, il a posé pour Vogue. Mais son véritable
univers, ce n'est pas celui des paillettes et du glamour, et tout
n'a pas toujours été très rose.
Cell est une bonne introduction à ce concert consécration
à l'Olympia (en attendant encore plus grand !) : " it'll
all click when the mortgage clears, all our fears will disappear
", après plus de dix ans de " galère "
à la lisière des milieux underground de Londres, le
groupe peut être rassuré, l'accueil du public parle
de lui-même.
D'une chanson à l'autre, la diversité des thèmes
abordés nous plonge dans l'univers intime un brin névrosé
du chanteur, s'inscrivant parfaitement dans le genre " bedroom
pop ". Son regard sur certains aspects de la société
moderne comme la difficulté à communiquer entre les
individus (Cells, I can Walk in your Mind), la substitution de l'argent
à la religion comme mode de vie universel (Jesus Says) ou
encore l'absurdité de la vie des basses classes sociales
anglaises (Body), surprend par sa maturité. Non seulement
les thèmes sont originaux, mais en plus, ils sont traités
avec poésie.
La
composition des morceaux n'est pas moins étonnante : The
Servant transgresse toutes les règles et ne suit aucune recette
" qui marche ". On passe de jolies ballades gentiment
rythmées à des compositions rock beaucoup plus sombres,
voire inquiétantes et morbides (Devil ; d'ailleurs, quand
on écoute les paroles, on se dit que Dan a vraiment un problème
!!). Les ruptures et les changements de ton sont nombreux, la logique
musicale habituelle de l'auditeur s'y perd, mais pas son oreille,
qui apprécie le talent et la créativité fertile
du groupe !
Sur I can Walk in your mind, aux sonorités
très " années 60 ", on a envie de se prendre
par la main et d'aller gambader dans la prairie, et l'air, qui nous
accroche immédiatement pourrait presque sembler trop lisse
si l'on ne prêtait attention, encore une fois, à l'étrangeté
des paroles, en décalage total avec la mélodie.
Sur Liquefy, les spots balaient le public, en parfaite adéquation
avec la chanson : des reflets bleus qui scintillent transforment
la salle en une mer de spectateurs, baignant dans le bonheur de
cette ballade romantique très " ado ".
Dans Jack The Ripper, une chanson du nouvel album, très rock,
saccadée et puissante, un Dan Black possédé
erre d'un bout à l'autre de la scène avec une chorégraphie
totalement démembrée puis se rapproche du public en
sautant avec un petit air sadique
brrr, on en frissonne !!
Mais là où on ne les attendait pas, The Servant nous
bluffe complètement avec Not scared, terrified, magnifiquement
interprétée en " unplugged ", avec une Martin
12 cordes. L'émotion est palpable, toute la salle retient
son souffle pour ne pas perdre une miette de ce grand moment de
communion.
Il faut attendre les rappels pour que le groupe se décide
enfin à nous jouer son tube Orchestra, dont l'étrangeté
et la poésie des paroles, ainsi que la mélodie planante
nous transportent dans un autre monde, un peu autiste mais si confortable
Quant
au jeu de scène de Dan Black, (on peut même parler
de jeu d'acteur) il est parfait : tour à tour cabotin et
interprète dramatique des chansons les plus graves, il occupe
l'espace avec une aisance remarquable et anime toute la soirée
en français, avec un délicieux petit accent British.
Il développe une grande complicité avec le public
en glissant une petite plaisanterie à chaque fois que l'occasion
se présente (par exemple, alors qu'une fan, dans son enthousiasme,
crie " Dan ", ce dernier rétorque : " euh
Françoise ?!!... ").
Et l'on ne doute pas une seconde de la sincérité du
groupe quand ils reviennent après un deuxième rappel
en disant " on ne veut pas arrêter " (j'ai vu la
playlist et la dernière chanson n'était vraiment pas
prévue !!!).
Les impressions du public ?
Elles sont unanimes :
" Grandiose, impressionnant
la nouvelle chanson est extra
"
" Le plancher vibrait tellement dans la fosse qu'on était
obligé de suivre le mouvement ! "
" Super, sur scène ils ne trichent pas, ils se donnent
à fond "
" Quelle bête de scène ! Il devrait juste faire
un peu de muscu (NDLR : cet avis n'engage que cette charmante demoiselle,
nous déclinons toute responsabilité !!) "
" C'était trop court, c'est passé trop vite ;
toutes les chansons sont belles ; la ballade un peu folk m'a bluffée
"
" ENORME ! Moi, je joue de la guitare, et je peux vous dire
que le guitariste joue vraiment bien "
" Ce Dan Black est un génie, le guitariste est extraordinaire
; la chanson qu'il a jouée avec la 12 cordes
un bonheur
je rentre chez moi et j'apprends à la jouer !!! ".
Après tous ces compliments,
on ne peut leur souhaiter qu'une chose : qu'ils fassent longue route
et surtout, qu'il ne changent pas ! We love you just the way you
are !
Site web : http://www.theservant.co.uk/
Christine Hamdi
et Aurélie Partouche
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