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The Servant
Grand National en première partie

Olympia, 11 avril 2005

version française - version anglaise
 
Ce soir, à l'Olympia, c'est à la régénération de la pop anglaise que nous avons assisté : un nouveau souffle, plein de fraîcheur et de talent, que la scène britannique attendait depuis longtemps.
Grand National

En première partie, le groupe Grand National, composé habituellement de ses seuls créateurs, les deux DJs londoniens Ruppert Lydden (voix) et Lawrence " La " Rudd (guitare et voix), est ce soir accompagné de trois musiciens (basse, guitare/voix et synthé/ voix), tous dotés d'une forte personnalité. Les cinq nous servent un cocktail qui pourrait avoir des airs de " déjà entendu " tant les inspirations de groupes pop de la fin des 80s (New Order ou les Happy Mondays) sont évidentes. Et pourtant… le groupe réussit le pari audacieux de " recycler " ces vieux sons que nous affectionnons tous avec un génie incontestable (c'est peut-être parce que, quand on porte le nom de la plus grande compétition hippique d'Angleterre, parier coule de source !).
Grand National entre tout de suite dans le vif du sujet, et dès les premiers morceaux, on est collectivement pris d'une irrépressible envie de danser, en particulier sur Peanut Dreams : on part sur une basse et une batterie, auxquelles s'ajoutent progressivement un petit strum de guitare, puis une seconde guitare qui vient doubler la basse. Ce vrai morceau de DJ, pourtant tout simple et linéaire, a la puissance electro-funky d'un Jamiroquaï, saupoudré de voix résolument pop.

Sans même laisser le temps à la salle de reprendre son souffle, le groupe enchaîne sur Drink to moving on, son morceau le plus connu, une mélodie teintée d'une certaine mélancolie, à la fois planante et entêtante, mais à laquelle le thème de guitare donne une couleur ensoleillée : un tube potentiel ! Les petites interventions vocales de " La ", dont les intonations rappellent souvent Sting, ajoutent une touche de poésie.
D'ailleurs, Grand National ne renie pas l'époque où, dans les pubs de West London et de Brighton, ils interprétaient des reprises de Police. La reprise de Walking On The Moon était incontournable, ils s'en acquittent avec brio et une grande créativité, la composition vocale originale dégage une harmonie certaine, et le public apprécie.
Après cet instant de rêverie, les choses sérieuses reprennent, avec l'énergique Playing in the Distance. Ses lignes de basse bien grasses et bien lourdes, relayées par la rythmique sèche et incisive de la guitare et la voix éraillée de Ruppert, sont d'une efficacité immédiate sur la salle, qui se met à sauter d'un seul homme (…enfin, devant la scène, surtout d'une seule femme ! :-))
On a aussi droit à des morceaux plus reggae, comme Boner, qui viennent parfaire l'ambiance festive du concert.
Sur tous ces titres, l'équilibre et l'harmonie des instruments et des voix sont parfaits, chacun est là pour souligner les autres. Quant au chanteur, d'un grand charisme, il sait y faire avec le public, et avec son drôle de look, sa cravate multicolore, et ses commentaires en français, il n'a aucun mal à créer un lien très fort avec la salle.
Bref, ils ont tout pour plaire, et pour nous " Petit groupe deviendra Grand [Inter]National ! ".


Site web : http://www.grand-national.net/
 

The Servant

Après une courte pause, The Servant investit la scène. La salle, déjà bien chauffée par Grand National, est en délire dès l'apparition du chanteur, Dan Black. Il faut dire qu'avant la gloire, encore toute relative, sur la scène pop-rock, le beau brun ténébreux a déjà connu les flash, il a posé pour Vogue. Mais son véritable univers, ce n'est pas celui des paillettes et du glamour, et tout n'a pas toujours été très rose.
Cell est une bonne introduction à ce concert consécration à l'Olympia (en attendant encore plus grand !) : " it'll all click when the mortgage clears, all our fears will disappear ", après plus de dix ans de " galère " à la lisière des milieux underground de Londres, le groupe peut être rassuré, l'accueil du public parle de lui-même.
D'une chanson à l'autre, la diversité des thèmes abordés nous plonge dans l'univers intime un brin névrosé du chanteur, s'inscrivant parfaitement dans le genre " bedroom pop ". Son regard sur certains aspects de la société moderne comme la difficulté à communiquer entre les individus (Cells, I can Walk in your Mind), la substitution de l'argent à la religion comme mode de vie universel (Jesus Says) ou encore l'absurdité de la vie des basses classes sociales anglaises (Body), surprend par sa maturité. Non seulement les thèmes sont originaux, mais en plus, ils sont traités avec poésie.

La composition des morceaux n'est pas moins étonnante : The Servant transgresse toutes les règles et ne suit aucune recette " qui marche ". On passe de jolies ballades gentiment rythmées à des compositions rock beaucoup plus sombres, voire inquiétantes et morbides (Devil ; d'ailleurs, quand on écoute les paroles, on se dit que Dan a vraiment un problème !!). Les ruptures et les changements de ton sont nombreux, la logique musicale habituelle de l'auditeur s'y perd, mais pas son oreille, qui apprécie le talent et la créativité fertile du groupe !

Sur I can Walk in your mind, aux sonorités très " années 60 ", on a envie de se prendre par la main et d'aller gambader dans la prairie, et l'air, qui nous accroche immédiatement pourrait presque sembler trop lisse si l'on ne prêtait attention, encore une fois, à l'étrangeté des paroles, en décalage total avec la mélodie.
Sur Liquefy, les spots balaient le public, en parfaite adéquation avec la chanson : des reflets bleus qui scintillent transforment la salle en une mer de spectateurs, baignant dans le bonheur de cette ballade romantique très " ado ".
Dans Jack The Ripper, une chanson du nouvel album, très rock, saccadée et puissante, un Dan Black possédé erre d'un bout à l'autre de la scène avec une chorégraphie totalement démembrée puis se rapproche du public en sautant avec un petit air sadique… brrr, on en frissonne !!
Mais là où on ne les attendait pas, The Servant nous bluffe complètement avec Not scared, terrified, magnifiquement interprétée en " unplugged ", avec une Martin 12 cordes. L'émotion est palpable, toute la salle retient son souffle pour ne pas perdre une miette de ce grand moment de communion.
Il faut attendre les rappels pour que le groupe se décide enfin à nous jouer son tube Orchestra, dont l'étrangeté et la poésie des paroles, ainsi que la mélodie planante nous transportent dans un autre monde, un peu autiste mais si confortable…

Quant au jeu de scène de Dan Black, (on peut même parler de jeu d'acteur) il est parfait : tour à tour cabotin et interprète dramatique des chansons les plus graves, il occupe l'espace avec une aisance remarquable et anime toute la soirée en français, avec un délicieux petit accent British. Il développe une grande complicité avec le public en glissant une petite plaisanterie à chaque fois que l'occasion se présente (par exemple, alors qu'une fan, dans son enthousiasme, crie " Dan ", ce dernier rétorque : " euh… Françoise ?!!... ").
Et l'on ne doute pas une seconde de la sincérité du groupe quand ils reviennent après un deuxième rappel en disant " on ne veut pas arrêter " (j'ai vu la playlist et la dernière chanson n'était vraiment pas prévue !!!).

Les impressions du public ? Elles sont unanimes :

" Grandiose, impressionnant… la nouvelle chanson est extra "
" Le plancher vibrait tellement dans la fosse qu'on était obligé de suivre le mouvement ! "
" Super, sur scène ils ne trichent pas, ils se donnent à fond "
" Quelle bête de scène ! Il devrait juste faire un peu de muscu (NDLR : cet avis n'engage que cette charmante demoiselle, nous déclinons toute responsabilité !!) "
" C'était trop court, c'est passé trop vite ; toutes les chansons sont belles ; la ballade un peu folk m'a bluffée "
" ENORME ! Moi, je joue de la guitare, et je peux vous dire que le guitariste joue vraiment bien "
" Ce Dan Black est un génie, le guitariste est extraordinaire ; la chanson qu'il a jouée avec la 12 cordes… un bonheur… je rentre chez moi et j'apprends à la jouer !!! ".

Après tous ces compliments, on ne peut leur souhaiter qu'une chose : qu'ils fassent longue route et surtout, qu'il ne changent pas ! We love you just the way you are !


Site web : http://www.theservant.co.uk/

Christine Hamdi et Aurélie Partouche