Après la sortie
de l'album hommage Tribute,
Dick Annegarn a rempli le Bataclan le 6 avril 2006. Un très
bon moment musical
Une belle manière de découvrir ou de redécouvrir
les plus belles chansons de son répertoire.
Dick
se fait attendre dans la salle et entre seul sur scène. Sous
un éclairage intimiste, il interprète " Louise
". Le décor sur scène est minimal, assis sur
une chaise avec sa fidèle guitare Yairi, il délivre
un chant puissant qui touche le public. Il assure lui-même
sa première partie et avec un humour toujours aussi cinglant,
il annonce entre deux chansons " J'suis un artiste engagé
pour ce soir ". Chacune de ses chansons est introduite d'un
commentaire décalé et très drôle. On
se souviendra de l'ingénieuse explication du capodastre "
c'est comme un harmonica qu'on met sur la guitare ". Si les
professeurs de musique pouvaient être aussi explicites
Dick est un grand guitariste et un
fin parolier. La richesse de son jeu de guitare fait écho
à l'originalité des textes. La jolie ballade "
Tourne en rond " qu'il dédicace à Alain Souchon
nous délivre une poésie légère. Le terme
"rhododendron " rappelle à la plus jeune génération
la joyeuse chanson " Sens " de Mathieu Boogaerts,
grand admirateur de Dick Annegarn.
D'une ironie implacable, il nous gratifiera "Zoum, zoum, zoum"
de phrase la plus censée qu'il n'ait jamais écrite.
Ses jolies ballades gorgées de poésie enfantine se
succèdent "Adieu verdure", "Ubu".
Son chant puissant garde l'émotion intacte. De nombreuses
influences s'entremêlent de la musique berbère, aux
accents slaves en passant par le blues de "Que toi ".
Pour cette première partie, les vieilles chansons sont à
l'honneur. " Bruxelles " n'échappe pas à
cette règle. C'est tout de même la chanson qui l'a
fait connaître à ses débuts.
Sur la scène du Bataclan, deux musiciens le rejoignent :
Barnabé Wiorowski au tuba et Jean Pierre Soules
à l'accordéon et au cor.
La
deuxième partie du concert est poussée par une ambiance
dramatique. Le ton change alors, avec une phase plus solennelle
notamment avec " La Limonade ". L'interprétation
de Dick Annegarn monte d'un cran grâce aux chansons choisies
qui sont plus personnelles. Les cuivres apportent une solennité.
D'ailleurs, Jean Pierre Soules s'empare de son accordéon
sur " Attila Josef ", un instant très fort.
Sans pour autant sombrer dans le tragique, il entraîne le
public sur " Quelle belle vallée ", un morceau
à l'harmonica.
Il délaisse même sa guitare
le temps d'une chanson pour s'accompagner au piano : une belle réussite
qui lui permet d'instaurer une atmosphère dramatique sans
briser l'ambiance. Les commentaires des chansons sont plutôt
enjoués et d'une décontraction totale.
Sa performance est tout simplement impressionnante de maîtrise
et toute la complexité du texte admirablement rendue : il
habite chacun de ses textes.
Son concert s'achève dans une
ambiance orientale à travers " Rabbi Jésus ".
En apercevant dans la salle JP Nataf, on s'est attendu à
un charmant duo mais Dick Annegarn a chanté seul. Jeunes
et moins jeunes sont plus que ravis de ce moment passé au
Bataclan. Beaucoup d'humour et de sentiments forts nous ont traversés
ce soir-là.
Emmanuelle
le 24/04/2006
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