Une
soirée intime au Triton avec Pierre Bensusan
Je ne pouvais
pas rater ce premier opus de Pierre Bensusan dans le cadre
des " rendez-vous intime " qu'il nous propose sur trois
mois, car cet événement marque sa décision
de venir jouer plus souvent en France et à Paris. Pierre
fait partie des grands noms de la guitare instrumentale en France
mais aussi internationale car son succès est bel et bien
acquis hors de nos frontières.
Le cadre
Pierre nous confie dans l'interview qu'il a choisi le Triton pour
son ambiance mais aussi pour l'accueil de son équipe. Le
Triton est non seulement une scène pouvant accueillir 180
personnes mais aussi un restaurant très sympathique dans
une petite ruelle charmante des Lilas près de Paris. Rien
de plus pratique et agréable que de venir dîner à
19h30 et assister ensuite à 21h00 au concert sans avoir à
courir. Cet avantage non négligeable est très agréable
et l'accueil chaleureux du personnel vous préparent déjà
à une très bonne soirée.
Le concert
Le repas terminé, il nous suffit de faire deux pas pour nous
retrouver dans la salle de concert où des tables sont dressées.
Cette configuration de salle est tout à fait idéale
pour une soirée intime. Un bar au fond de la salle nous invite
à aller prendre un verre et revenir vite à notre table
car les lumières s'estompent, Pierre rentre sur scène.
Une chaise, un rack d'effets, sa guitare modèle Signature
Ryan-Bensusan et un pupitre. Sans un mot, après avoir
vérifié l'accordage de son instrument, il entame deux
morceaux " Hymne 11 " et " L'alchimiste ". Sa
maîtrise
de la guitare m'époustoufle à chaque fois que je le
vois sur scène. Il rentre littéralement en communion
avec elle, le visage et le nez collé sur son éclisse,
c'est une seule et même entité qui s'exprime, il n'y
a pas de frontières entre lui et elle
Le public est ravi et Pierre nous regarde, nous parle et nous explique
alors le concept de ses rendez-vous intimes (je vous laisse découvrir
ses propos livrés dans l'interview à ce sujet). Au
fur et à mesure du concert, Pierre parle de plus en plus.
L'intimité s'installe et certains dans le public y vont bon
train de leur commentaire. L'humour est beaucoup présent
et on sent l'artiste détendu, heureux d'être là,
hésitant à reprendre sa guitare ou à continuer
de parler. Nous entendrons pendant cette première partie
de concert " Bamboulé ", " Kadourimdou "
mais aussi trois chansons " Awali ", " Demain dès
l'aube " et " Les Voiles Catalanes ". J'avais déjà
entendu Pierre chanter à Castelmaurou et notre discussion
à ce sujet ce jour là, nous a valu le bonheur de voir
débouler Dick Annegarn pour une scène
ouverte inoubliable. Je l'avais donc déjà entendu
mais j'ai trouvé ce soir là, que sa voix était
plus affirmée, plus présente, mieux placée.
Quelques unes de ses onomatopées m'ont fait penser au grand
Bobby Mc Ferrin. De plus, les compositions de Pierre offrent
de belles mélodies qu'il serait dommage de ne pas chanter.
Après
l'entracte, Pierre revient sur scène et nous interprète
" Le Jardin d'Adonis ", " Agadiramadan ", "
La Nuit des Météores " et une improvisation endiablée
qui impressionne le public qui n'hésite pas à lui
communiquer des " bravos " et des applaudissements longs
et chaleureux. Voir et entendre Pierre jouer de la guitare est toujours
un enchantement. Sa technique est tellement diluée dans une
émotion à fleur de peau qu'on en oublie la difficulté.
Il nous offre d'ailleurs un bon moment d'humour en nous présentant
le DAGDAD comme un accordage de paresseux qui ne veut pas se faire
mal aux doigts en faisant des barrés ! Ils sont loin d'être
paresseux ses doigts car j'ai pu remarquer qu'il faisait un écart
de quatre cases entre son index et son auriculaire et le tout avec
une grâce déconcertante. Son jeu est précis,
maîtrisé au point d'y apporter toutes les nuances possibles
dans l'attaque, l'étouffement et les harmoniques
Comme
un peintre qui mélange les couleurs pour en faire apparaître
de nouvelles, il nous offre un panel de couleurs sonores des plus
variés. Après
" Silent Passenger " et " L'Offrande " vient
l'instant de " Intuite " où la guitare se transforme
en Oud. Le plaisir est total. Pierre finit par " Falafel à
Montségur " et le public le rappelle pour nous offrir
la chanson " Chant de nuit ".
Nous retrouverons
Pierre le 18 octobre prochain avec pour invité : Michel Benita
à la contrebasse. Une autre belle soirée en perspective
à ne pas manquer.
Jacques
Carbonneaux le 27/09/2006
|