Le café
concert le Triton initie un cycle de concerts mensuels intitulé
"rendez-vous intimes" dont tu es à l'affiche pendant
plusieurs mois et ce, à raison d'un concert par mois. Ma
première question brûle les lèvres de beaucoup
de tes admirateurs : " Alors, enfin de retour en France et
à Paris pour des concerts réguliers et pour longtemps
cette fois ? Ou est-ce un passage éclair avant de manquer
à nouveau au public français ?
J'habite la France depuis toujours et ne l'ai jamais délaissée
même si c'est à l'étranger que je tourne principalement.
J'ai toujours eu, ici, beaucoup de mal à trouver des partenaires
fiables et/ou solides professionnellement sur le moyen et long terme.
Comme dit la maxime, "il vaut mieux être seul que mal
accompagné". Ceci dit, prendre mon téléphone.
pour me trouver des concerts est quelque chose que j'ai beaucoup
fait à une certaine époque mais que je ne veux plus
faire maintenant; alors je vais plutôt là où
les structures sont solides et les tournées régulières.
A force, je me suis bâti, à la force du poignet, un
public dans de nombreux endroits du globe. En France, je réponds
toujours favorablement à toutes les demandes et propositions
car j'adore jouer ici et depuis un an, j'ai maintenant un agent
avec qui j'espère développer quelque chose de solide.
Je pense plutôt valoriser ces passages au Triton et remettre
le couvercle dans ce même lieu en 2007-2008. Je m'y sens chez
moi, c'est la force de ce lieu et de son équipe dirigeante,
Jean-Pierre, Anna et Jacques Vivante.
Pourquoi
avoir nommé tes concerts " rendez-vous intime "
?
On a pensé à l'appeler "résidence",
terme qui se prête plus à l'élaboration d'un
spectacle/création fait du tout au tout, sur place. Ce sont
des RDV car je vais profiter de cette fréquence mensuelle
pour essayer des choses, inviter des amis à me rejoindre
sur scène, et bâtir quelque chose avec le public et
ce lieu qui se prête au conteur musical qui invite l'auditeur
à voyager en et hors de lui. J'aime les petits lieux car
ils sont en adéquation avec ce projet, mais m'éclate
bien dans les grandes salles. Dans tous les cas, tu racontes ton
histoire à une personne à la fois et toujours c'est
intime. Dans "in time", il y a la possibilité de
"rencontrer" l'autre, quand le moment est juste.
La salle du Triton est assez étroite et ne peut accueillir
plus de 180 places en fonction de la configuration. Alors pourquoi
avoir pris la plus petite configuration (125 places) et pourquoi
une telle salle ? pour respecter le thème " Intime "
? A quand un Olympia ?
Le
Triton est étroitement lié aux gens qui ont conçu
ce lieu et le font vivre par leur présence, leur investissement
humain, leur compétence technique, la chaleur de leur accueil,
leur philosophie de la vie. J'ai beaucoup de mal à m'imaginer
jouer dans une autre petite salle sur Paris, pas à cause
de la salle, mais plutôt à cause du fait que les gens
derrière ces salles me laisseraient dans bien des cas sur
ma faim.
J'avoue que le triton est en compétition dans mon coeur avec
le petit théâtre de la galerie de Nesle, salle tenue
par mon ami Jacques Bonnot, mais après, c'est une question
de loyauté. Le Triton m'ouvre ses portes depuis son ouverture.
Ca compte pour moi. Tu vois, j'ai envie de valoriser ma vie uniquement
par la qualité des gens que je rencontre et d'entretenir
ce rapport et ces relations, qu'elles aient beaucoup de lendemains.
La "famille" du Triton me comble humainement et de plus
les conditions techniques sont irréprochables. En plus, le
club se trouve juste en face la maternité des Lilas où
est né mon fils. Bientôt pour trouver la maternité,
on dira qu'elle se trouve en face du Triton...
Quant à
l'Olympia, en 1979, j'y jouais la première partie de Doc
Watson et Marcel Dadi était gentiment venu me dire que j'étais
entrain de réaliser son rêve tellement il admirait
Doc. C'est un beau souvenir. Pour revenir au présent, je
ne vois vraiment pas ce que j'y ferais tout de suite. Pour moi,
le but de jouer dans une salle mythique telle que celle-là
est de la remplir sous ton nom seul. Je te promets que si un jour
j'arrive à ce stade de notoriété alors j'y
jouerai - et je penserai beaucoup à mon père avec
qui j'allais écouter les "vedettes de variété"
dans les années 70 - mais je continuerais aussi et toujours
à aller raconter mes histoires aux Lilas.
Ton album
" Intuite " a eu le grand prix de l'AFIM 2002 aux USA
pour meilleur album acoustique instrumental et il suffit de lire
sur ton nouveau site les compliments d'artistes de renom pour se
rendre compte que tu es une star de la 6 cordes. Comment expliques
tu que ce succès ne soit pas si reconnu en France ?
Il
y a beaucoup de choses que je ne m'explique pas en France... La
France est snob avec ses artistes, les ignore, jusqu'à ce
qu'elle les découvre vraiment, alors elle les aime comme
la mère aime ses petits. Pourtant je l'aime ce pays et plus
je le découvre et moins j'ai envie d'aller vivre ailleurs.
Hier soir
au triton on a pu apprécier 16 morceaux dont 6 chansons.
Tu chantes de plus en plus et ta voix est tout à fait digne
de n'importe quel chanteur professionnel. Tu n'as jamais pensé
récemment à faire un album totalement chanté
?
Ce
sera le prochain.
On peut
voir aussi sur ton site, les guitares que tu possèdes et
on peut y découvrir une 12 cordes, une guitare harpe et une
classique. Sur scène, par contre tu es souvent accompagnée
d'une seule guitare, pourquoi ?
Parce que les tournées et le matos ont rendu mon dos
fragile. Il faut que la vie en tournée soit le plus plaisante
et facile possible. Trimballer deux ou trois guitares est quelque
chose que je ferais volontiers si vraiment j'avais le staff pour
rendre la chose possible, changer les cordes, etc. Je prends aussi
beaucoup l'avion, ce facteur, à lui seul, diminue beaucoup
les velléités de voyager avec plusieurs instruments.
D'autre part, je suis très heureux avec une seule guitare
et ai la sensation de lui faire dire beaucoup. Si j'ajoute la voix,
les autres guitares ne me manquent pas vraiment.
D'ailleurs
le morceau " Intuite " fait penser au oud, tu n'as jamais
été tenté de jouer de cet instrument connaissant
en plus ton goût pour le voyage et les rencontres ?
Sincèrement
non, on peut tout à fait atteindre à l'universalité
sans tomber dans le piège de vouloir mimiquer les cultures
que l'on aime et dont on se sent proche. J'ai décidé
il y a longtemps de me mettre au service d'un seul instrument et
d'apprendre à parler à travers lui, c'est un objectif
qui me prendra toute la vie. Les autres instruments m'inspirent
mais justement, afin de fondre ces influences sonores et de jeu
dans un vocabulaire encore plus vaste qui m'aiderait à approcher
"mon" instrument" avec un grand angle.
Question
d'un piètre guitariste que je suis, travailles tu toujours
de nouvelles techniques à la guitare ?
Oui,
des nouvelles et des anciennes... J'apprends à jouer ce que
j'entends, c'est comme ça que je travaille la technique.
J'improvise beaucoup et ça m'aide aussi à lier mon
savoir faire et le mettre au service de quelque chose de totalement
inconscient, répondre au souffle qui passe et qui n'attend
pas, tu dois être prêt. En musique, le temps ce n'est
pas de l'argent, c'est de la musique.
Un peu d'humour : Si on te demandait de faire un concert du
début jusqu'à la fin avec une guitare accordée
en EADGBE, quelle serait ta réponse ?
Je
chanterais beaucoup de Dylan, je jouerais le morceau "Altiplanos"
(qu'il faudra que je réapprenne) et le reste du temps serait
rempli par un grand moment de silence.
Une question
technique de son : Etant seul sur scène pourquoi avoir opté
pour un système embarqué dans la guitare plutôt
qu'un bon micro à ruban ou à condensateur ? Quel système
utilises tu ?
Mon équipement de scène tend simplement à
trouver le meilleur compromis qui soit, dans un contexte qui est
toujours particulier. Je ne cherche pas à rivaliser avec
l'équipement que j'utilise en studio, même si je suis
à la recherche du son le plus top possible. Pour ce faire,
je dois m'entourer d'équipement fiable, que je maîtrise,
qui soit soniquement top et qui réponde présent dans
toutes les configurations. Ce n'est pas le cas de certains équipements
haute gamme dédiés plus au studio qu'à la scène
et trop sensibles dans beaucoup de salles. Par exemple, j'utiliserais
mes micros CAD en studio mais jamais sur scène. Aussi, mon
son est réellement électro-acoustique, même
si je pousse méticuleusement mes exigences à sonner
le plus acoustique possible, c'est à travers les capteurs
et les piezo que je me présente sur scène, et non
acoustiquement. De plus, je suis particulièrement heureux
d'utiliser le système Amulet de Trans Audio, dans la caisse
et un piezo Headway sous le sillet de chevalet. Le tout relié
à une pédale de volume qui débouche dans une
EQ TC 1128, qui rentre dans une reverb TC M4000 avant d'aller à
la console.
On ne peut que remarquer la symbiose qu'il naît entre
toi et ta guitare dès que tu débutes un morceau. Quelle
est ta relation avec l'instrument, es tu fidèle à
une guitare ?
J'ai été fidèle à ma Lowden "The
Old Lady" pendant 25 ans, donc je crois qu'on peut dire que
je suis fidèle à une guitare ainsi qu'à son
luthier. Maintenant, c'est l'aire de ma Ryan Signature, elle ne
donne pas encore tout son potentiel mais elle se bonifie depuis
3 ans et je la joue le plus possible. La symbiose dont tu parles
est que depuis longtemps, j'ai souvent oublié ma guitare,
je ferme les yeux pour n'écouter que le son qui en sort et
la musique sous mes doigts. La guitare et moi, on n'est que les
instruments de la musique.
Qu'écoutes
tu en ce moment comme musique et quels sont les artistes qui te
touchent ?
Al Jarreau, Keith Jarret, la musique du film Lagan, Bill Evans avec
Tony Bennet, François Couperin, Haendel... Je t'invite à
aller faire un tour sur mon site à la page "Coups de
Coeurs". Elle sont là les musiques que j'écoute
ou ai beaucoup écoutées.
Que conseillerais
tu à un piètre guitariste qui vient te voir en concert
et qui a ensuite envie de mettre sa guitare dans la cheminée
tellement le fossé est énorme ?
De
me la vendre à un très bas prix (rires). De se dire
que s'il ne vit pas son histoire, personne ne la vivra pour lui.
On s'inspire tous les uns des autres, l'inspiration ne remplace
pas une phase de recherche en labo avec blouse blanche. C'est du
travail et de l'apprentissage des techniques que vient le plaisir,
les sensations et le début d'un semblant de liberté.
Ton site internet a récemment changé de peau et
est devenu une véritable banque de données tout en
gardant un soin particulier dans la navigation et le contenu. Peux
tu nous dire comment s'est déroulé la réalisation
de celui ci et l'importance que tu apportes à un site web
en tant qu'outil de communication pour un artiste ?
Je
considère le webmaster avec lequel je travaille, Marc
Hotton, comme aussi important que mon manager, Evelyn Cream,
basée au Canada. Il est le dernier dans la liste des contacts
(voir page CONTACTS) parce qu'il tient tout à bout de bras,
c'est la fondation. Je lui serai éternellement reconnaissant
pour tout ce qu'il m'a passé et le temps qu'il a consacré
à ce projet. Non seulement, son savoir faire, ses conseils,
mais également son sens pédagogique, altruiste; pour
m'informer et m'apprendre à devenir plus autonome avec cet
outil.
C'est ainsi
que j'ai suivi plusieurs séances de formation chez lui, à
la frontière Luxembourgeoise. Sa famille m'a reçu
à bras ouverts. J'ai appris à rentrer du texte (en
langage html), à créer des liens, à travailler
la mise en page, rentrer et travailler des photos, élaborer
les fonds de pages, en bref être plus réactif avec
mon propre site. Marc supervisant le tout et étant en première
ligne pour toutes les tâches pointues, techniques et élaborées.
La formation est loin d'être terminée même si
je n'oublie pas que ce n'est pas mon métier. Je travaille
sur ce nouveau site depuis l'hiver 2006 et ai passé des centaines
d'heures loin de mon instrument pour pouvoir maîtriser ce
nouvel outil avec un minimum de réussite. Au final, je suis
heureux de pouvoir enfin agir en temps réel, sans systématiquement
demander le concours de tiers, en importunant Marc de moins en moins.
Ca change complètement le rapport que j'ai entretenu jusque
là avec le public et la manière avec laquelle je concevais
mon métier.
Pour mes albums,
je fais mes enregistrements selon le même principe. Mon guide
est d'être le plus autonome possible et ce n'est certainement
pas un hasard si je joue en solo la plupart du temps. Même
si j'adore jouer avec d'autres musiciens, j'ai d'abord besoin d'exister
musicalement en solitaire.
Hormis de faire
connaître mon travail, le but de ce site est de me permettre
de continuer de vivre comme je l'ai choisi depuis l'âge de
12 ans: de la musique, avec ou sans reconnaissance du grand public.
Cela viendra peut-être un jour, mais dans tous les cas, la
survie passe par la reconnaissance d'UN public. Le site permet à
ce public de me rencontrer et réciproquement. Ce sera encore
plus aigu dans les temps qui viennent. J'ai appris depuis longtemps
l'importance de choisir son camp, de défendre une idée
et qu'une communauté vienne librement établir ses
quartiers autour de cette idée. J'aimerais que ce site soit
un endroit de rencontre, d'échange au travers de source d'intérêt
commune et d'une sensibilité particulière qui amène
vers moi plutôt que vers un autre. A travers ce site, mon
souhait est que cette communauté se sente "une".
Je pense à un forum. Néanmoins, il y a déjà
beaucoup de forums et je ne suis pas convaincu qu'il en faille un
supplémentaire. Un modérateur, une personne qui veillera
à la bonne éthique des propos échangés,
est indispensable et je ne tiens pas, pour pleins de raisons, à
prendre ce travail très prenant à ma charge. Donc,
à suivre...
Je n'ai pas
non plus voulu ce site "esthétique" avec pleins
de grigris qui tournent dans tous les sens, qui flashent de partout.
Je l'ai voulu élégant, classe, imaginatif, mais surtout
très informatif et méticuleusement rigoureux, précis
et efficace... Qu'il réponde pour moi aux questions, parfois
nombreuses, qu'un visiteur pourrait se poser. Et que celui-ci ait
envie de revenir plus tard, fouiner et trouver d'autres choses.
Grâce
au site, je reçois pas moins d'une douzaine de commandes
par semaine, du monde entier. Chroniquement mal distribué,
aujourd'hui, le public vient se procurer directement "chez
moi" ce qu'il cherche et qu'il a du mal à trouver. Je
sens que beaucoup de gens sont très militants dans cette
démarche. Cela m'a fait concevoir mon activité à
travers ce site, comme celle d'un artisan dont la boutique serait
ouverte 7 jours sur 7. Le visiteur rentre, se sent bien, va et revient,
en raison du fait qu'il trouve ce qu'il cherche et de la qualité
du service. Ce qui est important ensuite est de pouvoir communiquer
directement avec ces personnes intéressées, sans abus
et sans démagogie, avec éthique et respect. Un des
buts d'un site web, à travers sa partie E-Commerce, est d'engranger
des contacts, de fédérer, que le visiteur devienne
un supporteur actif et qu'il se sente légitimement respecté
et valorisé. Quand tu as atteint ce stade, tu as court-circuité
plusieurs intermédiaires. Mon but est de créer une
véritable synergie avec les gens qui ont du plaisir à
écouter ce que je fais, d'avoir un rapport direct avec eux
à travers le site, aux concerts et par l'écoute des
enregistrements.
Avant le web,
le rapport entre un artiste et "son" public était
un peu comme une relation imaginaire entre un mari et une femme
qui ne se connaissent pas et qui ne se sont jamais parlés.
Ils se sont vus à la TV et à la FNAC, mais n'ont jamais
ressenti ce qu'était un contact plus proche. Ce genre de
rapport ne durerait pas très longtemps. Le web permet un
contact plus direct, sain et démystifié. Et c'est
à l'artiste de donner tout en préservant, autant que
faire se peut, et de faire passer le message qu'on est tous en droit
de préserver son temps et sa vie privée. C'est la
qualité de mon investissement dans la musique qui fait que
ce public vient vers moi. Si je n'ai plus le temps de me renouveler,
alors à quoi bon ?! Les gens comprennent cela très
bien.
Jusqu'à
il y a encore quelques années, la plupart du marketing était
fait au travers des médias traditionnels, stations de radios,
télévision, presse spécialisée ou généraliste,
etc. Je pense qu'aujourd'hui ce rapport a profondément évolué.
Bien des attachés de presse n'y retrouvent plus leurs petits.
Celles - c'est souvent des femmes - qui font la démarche
de pénétrer le monde du web en profondeur, font le
bon choix à mon sens. C'est en tout cas la démarche
de Nadia Sarrai, de Kat Spirit Promotion, Maggie
Greenall ou Evelyn Cream, avec lesquelles je travaille
sur la France, l'Angleterre, l'Irlande ou l'Amérique du Nord.
Nous sommes nombreux à nous exprimer au travers de la toile,
à parler les uns des autres, les uns aux autres, à
dire ce que nous pensons de nous-mêmes. Ignorer ces communautés
de pensées serait absurde et contre productif. Enfin, je
ne peux me permettre d'attendre que les grands médias me
donnent leur attention, et j'ai le sentiment que même les
annoncements radios, chroniques papier, pour des concerts ou sortie
de disques, ne sont plus aussi déterminants que dans le passé.
Même si je continuerai toujours de respecter les medias traditionnels,
de les approcher pour recueillir leur suffrage, force est de constater
qu'ils ne font plus autant la pluie et le beau temps quant à
la poursuite d'une carrière. La plupart des gens qui écoutent
ou lisent les supports traditionnels n'y prêtent pas toujours
une grande attention de toutes les façons. Ce que le web
me permet est d'atteindre ceux pour qui ça compte.
Mon site est
mis à jour quotidiennement, imperceptiblement, parfois avec
de gros apports, telles que des vidéos, extraits de concerts,
nouvelles réactions dans la presse traditionnelle ou sur
le net, avec des liens, apports dans le blog (journal des expériences
et rencontres que je peux enfin partager), apport de nouvelles photos,
etc. Je tiens aussi à ce qu'il y ait des films courts, des
musiques, des partitions et des ateliers instrumentaux libres d'accès.
Avec Marc, nous réfléchissons à la manière
d'éviter les fichiers lourds pour que le visiteur n'ait pas
à attendre des plombes. Il faut que tout cela soit dynamique
et que la première impression soit positive et qu'elle le
reste jusqu'au bout. Au final, le but ultime est de fidéliser
l'auditeur/visiteur pour qu'il revienne toujours. Un site est gratuit,
c'est par essence un espace libre où les visiteurs payent
en donnant de leur temps. Ce choix qu'il font de me rendre visite
doit être valorisé par la qualité des éléments
que nous mettons à leur disposition, mais aussi par leur
faire sentir que ce site est ouvert et qu'en aucun cas, le visiteur
est pris au piège d'une nature exclusive et jalouse. Tu remarqueras
qu'il y a des liens partout pour aller vers les autres: dans la
page LIENS, le BLOG, les pages COLLABORATIONS ("quel drôle
de mot !") et COUPS DE COEUR. Je tiens à partager avec
le plus grand nombre, les musiques, les rencontres, mais aussi les
lieux et les espaces qui m'ont apporté quelque chose, qui
m'ont fait me "réveiller moins bête que je me
suis couché" (expression picarde). Plusieurs de ces
travaux entrepris seront perceptibles très prochainement:
de la matière pour les yeux, les sens, le coeur et la pensée.
Les
jours où l 'Artiste était une personne "supérieure"
sont terminés. L'acte d'être "reconnu" aujourd'hui
est une chose totalement différente de ce que nous avons
connu dans les années 70, 80 et 90. On peut vivre de son
art sans avoir atteint le sommet des "charts". Le monde
du show biz a évolué, souffert, le monde du disque
souffre encore terriblement et doit s'adapter, le téléchargement
demande à chacun de se repositionner. L'artiste devient plus
maître de sa création et peut faire face, seul, à
une communauté qu'il espère toucher et amener vers
lui. Le web permet cela. Mais pour moi, il ne fait aucun doute qu'au
final, c'est la scène, les voyages, les tournées,
les musiciens qui "font", sans filet, devant un public,
qui tireront leur épingle du jeu.
Nous annonçons
tous les ans sur laguitare.com tes stages résidentiels. Quelles
sont tes motivations et tes objectifs ? changent-ils d'une année
à l'autre ? As tu déjà découvert de
vrais talents cachés parmi tes stagiaires ?
Au début,
mes idées s'organisaient et se structuraient. Je travaillais
de façon empirique, parfois désordonnée. Il
m'arrivait d'être impatient, voire désagréable,
de faire preuve de "brutale honnêteté". Maintenant,
mon souci est que celui qui vient à mes stages ou masterclass
approche bien l'instrument. Que quelque soit l'accordage, il le
fasse sonner, respecte son identité, apprenne à reconnaître
l'outil qu'il a dans les mains et à l'utiliser au mieux.
Enfin, qu'il (ou elle) exprime ce qui vient de l'intérieur,
en gardant vivace la notion de plaisir, confiance en soi, ténacité,
patience, et d'écoute. Le but étant un amour de la
musique encore plus grand et l'envie de toujours chercher et mieux
faire.
Je me positionne
comme "un facilitateur", un "passeur" et essaye
de créer des options, des angles de visions différents
pour mes visiteurs. Ces rencontres m'apprennent à m'exprimer
de façon claire et précise, en mettant des mots et
des images là où il n'y a que des sons et des gestes.
J'ai remarqué que le langage aidait à l'identification
et la reconnaissance de la tâche à accomplir. C'est
un travail sur l'écoute, la tolérance, la générosité,
la patience, la rigueur, la responsabilité et le partage.
C'est aussi l'occasion de faire de belles rencontres. J'ai eu de
vrais talents qui ont fait le voyage. C'est un grand plaisir d'oublier
les notions de technique pure pour ne plus se focaliser que sur
des options et des choix artistiques. De faire des propositions
sur l'interprétation, la sonorité, la manière
d'arranger, de composer, de choisir les doigtés et répartir
les chants. Quand on en est là, le but est atteint.
Quand la musique
parle, tout le monde la reconnaît, le silence se fait, et
il n'y a plus rien à dire. J'aime voir poindre sur le visage
d'un étudiant le bonheur d'être capable de "faire"
de la musique.
Jacques
Carbonneaux le 27/09/2006
Le
site web de Pierre Bensusan
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