Philip Catherine
appartient à une caste de jazzmen que l'on peut qualifier
d'"intouchables", tant ils ont derrière eux une
carrière imposante et prestigieuse.
Le guitariste de 64 ans a beaucoup d'expérience, il a beaucoup
joué, a reçu les éloges des ses pairs et collaboré
avec les meilleurs (Charles Mingus, Benny Goodman, Chet Baker
entre autres). La performance de ce soir à Issoudun a montré
que Philip Catherine n'avait plus rien à prouver et pouvait
se contenter d'assurer le minimum syndical, quitte à décevoir.
Il arrive timidement
sur scène, s'adresse au public sans parler dans le micro,
on le sent absent dès le début.
Il entame son set avec My Funny Valentine, dans une interprétation
usée jusqu'à la corde. L'ennui montre le bout de son
nez. Catherine semble ailleurs, pas très heureux d'être
ici, pas très concentré; il peine à faire marcher
sa pédale de delay...
Les standards et les compositions du guitariste (Waltz for Victor,
Good morning Bill) sont jouées très gentiment, bien
à l'intérieur de l'harmonie. De ce côté-la,
il n'y a rien à lui reprocher: aucune note ne vient bousculer
nos oreilles.
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Les improvisations
de Philip Catherine sont admirablement construites, on se laisse
séduire par certaines phrases, mais on sent une retenue permanente.
Dès qu'une idée audacieuse se manifeste, elle est
développée d'une manière fade et consonnante.
L'omniprésente consonnance s'accompagne d'un manque terrible
de dynamique.
Catherine cherche à créer quelque chose de subtil
et intimiste, mais en vain, car son approche mélodique manque
trop d'élégance pour palier l'absence de tonicité.
Philip Catherine
représente un jazz trop tradionnel et codifié. On
aurait aimé qu'un musicien de cette importance puisse se
réinventer, à l'image d'Herbie Hancock ou John
Mac Laughlin.
Max
Kerzan.
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