On se retrouve dans l'auditorium ... il arrive et s'installe après avoir un peu bavardé au pied de la scène.
Un Master class est un exercice délicat qui peut se transformer en "concert privé monologue" si l'artiste n'a pas trop prévu ce qu'il compte faire...
Yan Vagh n'est pas de ceux-ci. Il impose un ordre du jour en choisissant de parler de composition et d'arrangement. Limiter le cadre des échanges est une façon habile d'éviter les questions vides qui ne mènent nulle part. Cela permet aux échanges d'être immédiatement moins superficiels.
Bien sûr Yan Vagh interprète quelques pièces significatives mais surtout il en parle... avec simplicité et finesse. Il nous parle des "artifices" qui nous permettent d'entendre plusieurs mélodies nettement indépendantes, des choix à faire dans les couleurs, les accords. Sa pièce "Rituel" (que j'aime beaucoup) illustre parfaitement son propos et il l'analyse en détail. Les questions du public sont riches et variées et il y répond avec une précision assez impressionnante. J'ai assez souvent vu des questions noyées par des réponses passe-partout puis détournées pour permettre la sortie d'un couplet tout prêt, bien préparé. Yan Vagh est aux antipodes de cela et répond à la salle de façon construite et réfléchie...
Il nous fait ensuite un arrangement "détourné" d'un tube populaire de la chanson française que le public a un peu honte de fredonner :o) ( l'Eté Indien ) mais c'est au moment où la mélodie s'élève finalement du public que l'accompagnement proposé prend tout son sens... La salle est heureuse car l'expérience est peu banale et le résultat exaltant.
Finalement, et pour conclure en finesse, il amène le public à "composer" un petit morceau. les idées surgissent petit à petit... 4 notes ici, 3 accords là ... Yan Vagh organise les éléments progressivement et suit les avis proposés mais pas tous... Il fait aussi des choix raisonnables pour éviter les culs de sac et les clichés...
Franchement ... un excellent moment !

Hubert BAYET.