Après
le quatuor des Superpickers qui enchaîna dans la bonne humeur
les mélodies syncopées et sautillantes caractéristiques
du répertoire picking, une petite pause avant l'arrivée
de Roland Dyens.
Durant ce cours instant je repense aux archives que j'ai parcouru...
: En 1990, Marcel Dadi avait invité à Issoudun un certain
Roland Dyens, guitariste classique plutôt éclectique
et un jeune prodige, un certain Biréli ...
Ce soir ils seront encore là pour nous rappeler que le répertoire
de Marcel Dadi ne représentait qu'une infime partie de ses
centres d'intérêt, qu'il était très ouvert
à toutes les musiques...
Roland
Dyens arrive, sa guitare à la main,... s'installe ... cherche
le silence, écoute et finit par démarrer sans bénéficier
d'une salle très attentive. Comme à son habitude,
il ouvre le récital par une improvisation. Beaucoup, dans
le public, le voient pour pour la première fois et ignore
ce point... La musique et les images tournoient... nostalgie , brésil,
jazz ... "saudade"... le public est touché au coeur
et la première salve d'applaudissements est chaleureuse,
directe, sincère. Alors Roland Dyens prend un instant la
parole ... beaucoup découvrent alors que c'était un
morceau improvisé et quelque chose se rompt ... comme un
cordage éreinté par le vent. Les trois pièces
suivantes semblent un peu se perdre dans une salle désorientée.
Ce sont trois valses : une célèbre valse de Barrios
(opus 8 ; n°3 je crois) une autre très fameuse de Chopin
(opus 69 n°1 ?) et une composition personnelle. On sent le public
attentif mais pas encore captivé. Le contraste avec la première
partie est un peu violent. Le délicat travail sur le son,
la dynamique et le rythme exige plus d'investissement individuel,
une posture mentale différente ; cette fois le son ne s'impose
pas à nous. La réalisation technique est admirable
mais l'essentiel est ailleurs... on ne sait trop où d'ailleurs
... la musique reste un grand mystère. Après ces trois
valses, le concert prend de la hauteur, je sent une salle en phase
avec le musicien, le "rappel" ne sera pas feint.
Après
coup, les gens me citent souvent :
* La version de "A Night in Tunisia" de D. Gillepsie ...
magistrale ... Percussions sur la caisse tout en maintenant la structure
du thème... ( demain j'me met au kazoo ...)
* La reprise d'une pièce de Marcel Dadi car le travail d'interprétation
et le soin apporté aux sons appliqués au picking propose
une perspective nouvelle et tout à fait intéressante.
* L'attitude décontractée et concentrée à
la fois, les yeux souvent mi-clos... (en jouant des trucs pareils
!), le timbre chaud d'une voix paisible.
* et, bien sûr, la pièce improvisée qui a fortement
marqué les esprit.
Moment musical
intimiste et délicat...
La suite devra
être admirable pour retenir notre attention.
Hubert BAYET.
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