Lors
de leur dernier passage à
la Boule Noire le 31 janvier dernier, Laguitare.com a été
complètement enthousiasmé par l'univers blues des
années trente emprunt d'une culture imparable...
Rencontre avec le groupe Bo Weavil composé du duo
Matthieu Fromont et Vincent Talpaert en présence
de leur producteur Jan Ghazi.
LG : D'où vous vient ce goût pour le blues ?
Ensemble (Matthieu et Vincent) : Notre goût du blues
est venu au fur et à mesure. C'est venu en écoutant
AC/DC à ZZ Top en passant par Elvis Presley
jusqu'à Arthur Crudup. Arthur Crudup a été
une véritable révélation musicale pour nous.
Nous avons cherché à en connaître davantage
et c'est plus généralement le blues des années
30 à 60 qui nous a inspirés le plus. C'est par l'écoute
et la pratique intensive, influencés par les artistes majeurs
de cette musique, que nous avons développé notre style.
Matthieu : Pour ma part, la révélation blues
s'est faite à travers la découverte de John Lee
Hooker et son titre " Boogie Chillun ". Nous nous
sommes beaucoup penchés sur l'histoire du blues. La recherche
des disques de vieux bluesmen est passionnante.
Vincent : Johnny Hallyday nous a aussi inspirés...
Non je plaisante... Il serait sûrement content de savoir qu'il
nous a influencés. (rires)
Matthieu:
En fait je l'ai réellement connu étant plus jeune,
c'est véritablement un passionné de blues et j'ai
du respect pour le bonhomme. Son ex beau-père Lee Hallyday
m'a mis le pied à l'étrier dans le métier de
la musique et j'ai beaucoup de reconnaissance pour cela.
Les artistes du label Fat Possum nous ont beaucoup inspirés,
notamment R.L Burnside, et à travers eux tout le courant
musical qui survit encore tant bien que mal. Cependant plus récemment
un film comme "la route de Memphis" de Martin Scorsese
ramène le goût du blues à un plus large public.
LG : Comment
composez-vous vos chansons sans tomber dans les clichés ?
Matthieu : Souvent, mes compositions viennent de brides de
textes inspirés de mon vécu joués sur des rythmes
de blues.
Vincent : Il est vrai que le blues est une forme assez contraignante.
Pourtant, la rythmique reste assez simple.
Matthieu : A ce propos j'ai rédigé un texte
dans lequel j'expose différents aspect de cette musique.
Il
est en ligne sur internet.
LG : Sur
quels modèles de guitares joues-tu ?
Matthieu : Je joue souvent sur une Gibson des années
30 avec un micro des années 40. La magie de cet instrument
est de sonner de façon sublime dans n'importe quel ampli
et même en direct dans une sono. J'utilise parfois des Danelectro
sur des tournée à risques pour les instruments, genre
voyage en avion etc
, ce sont des guitares qui présentent
selon moi un excellent rapport qualité/prix. J'ai aussi une
autre guitare du luthier français James Trussart.
Cette guitare est composée de métal et de bois, en
fait c'est un peu plus qu'une guitare, c'est une uvre d'art.
LG : On comprend
mieux que vous ayez un son métallique....
Matthieu : L'intérêt fabuleux de cette guitare
est sa polyvalence et la possibilité d'un son électro-acoustique.
Lorsque tu as trop d'instruments, tu ne sais plus laquelle choisir,
chaque guitare a sa particularité, ses défauts et
ses qualités. Il est assez rare de trouver une guitare parfaitement
polyvalente, c'est pourquoi je jongle entre mes différentes
guitares en fonction des endroits où je me produis ou simplement
en fonction de l'envie. La plupart du temps j'emmène en concert
deux guitares pour les différents open tuning ou en cas de
casse. Quoiqu'il en soit, il ne faut jamais perdre de vue qu'une
guitare est avant tout un outil et que c'est le musicien qui fait
la musique, pas l'instrument. Passé ce détail, il
est toujours agréable de mettre les mains sur de jolies guitares.
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Vincent
Talpaert
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Fromont
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LG : Comment
s'est faite cette rencontre avec Ben Harper ?
Jan Ghazi : En travaillant chez Virgin, j'ai fait écouter
le premier album de Bo Weavil à Ben Harper.
Dès la première écoute, Ben Harper a eu un
coup de coeur sur le groupe. Il avait promis que pour la tournée
française de son prochain album il leur proposerait de faire
leurs premières parties. A la sortie de l'album, Ben Harper
a tenu sa promesse en invitant Bo Weavil à faire une de ses
premières parties à l'Olympia. Il a eu la gentillesse
de s'en souvenir, puisque cet acte ne lui rapporte absolument rien.
Matthieu : Cette première partie a eu un impact fort
sur le disque. On n'enlève pas une seconde le travail de
l'attachée de presse mais il est vrai que l'autocollant sur
nos disques "première partie de Ben Harper à
l'Olympia" était un bon argument de vente !
Pour la petite anecdote, Ben Harper avait aussi entendu parler de
nous chez le luthier James Trussart. C'est d'ailleurs un moment
surréaliste à imaginer : Ben Harper avec James
Trussart en train de parler de Bo Weavil à Los Angeles !
LG : Pourriez-vous
nous dire quelques mots sur Ben Harper ?
Ensemble : Ben Harper est quelqu'un de super pro qui possède
une grande maîtrise de son art et du show en général.
C'est de plus quelqu'un de très gentil, apparemment timide
et qui dégage une aura tranquille et pacifique. Il a l'envergure
d'une grande star sans aucun doute. Nous lui sommes infiniment reconnaissants
pour ce qu'il a fait pour nous.
LG : Ne regrettez-vous
pas qu'il n'y ait pas de festival de blues comme aux Etats Unis
?
Ensemble : En France, il existe des festivals de blues. Malheureusement,
ces festivals sont peu connus du grand public. Le festival de Cognac
et celui de Cahors notamment. Nous avons participé à
plusieurs de ces festivals. Récemment ils ont ouvert leurs
programmations à différentes musiques afin d'attirer
davantage de spectateurs. D'ailleurs, Joe Cocker est venu
en 2005 au festival de Cognac. C'est une marque d'ouverture au rythm'
and blues. Le circuit blues français date mais il reste un
public fidèle. En Norvège, Suède et Belgique
le public du blues est beaucoup plus important. Dans les années
60, le blues a été redécouvert à travers
les groupes britanniques. Cette musique est tellement fondatrice
du rock moderne. A cette période, c'était une démarche
active de se positionner dans le blues. Le hard rock et le rock
des années 70 ont affiché une influence blues. Dans
les années 80, on a connu du blues grâce à Stevie
Ray Vaughan ou à Eric Clapton qui ont su attirer
un nouveau public. A cette même période, plusieurs
festivals ont éclos en Europe. Enfin dans les années
90, le grand John Lee Hooker a fait un come-back saisissant
après une quinzaine d'années d'absence, nous arrivons
à ce moment-là.
L'avenir du blues se situe plus en Europe qu'aux USA en fait, c'est
pourquoi un grand nombre d'artistes américains sont venus
vivre et se produisent dorénavant quasiment qu'en Europe,
parce que chez eux, il y a de moins en moins de boulot.
LG : Comment
sentez-vous votre venue aux Eurockéennes ?
Ensemble : Nous sommes ravis d'être présents
aux Eurockéennes. Si le public en écoutant notre concert
cherche à mieux connaître le blues : notre pari sera
réussi ! Si en écoutant notre disque, ils souhaitent
poursuivre à fouiller dans le vieux blues, dans nos influences.
Le blues inspire tellement d'autres musiques. D'ailleurs, Rony
Block a notamment inspiré beaucoup de rockeurs. Le blues
est une musique essentielle à découvrir pour toutes
les générations.
Jan Ghazi : La jeune génération croit que les
jeunes groupes de rock actuels sont novateurs. En réalité,
les jeunes veulent découvrir des jeunes groupes de rock qui
se croient créatifs. Ils se trompent à un point !
Les groupes de rock reprennent ce qui s'est fait il y a vingt ou
trente ans !
Emmanuelle Libert
le 02/07/2006
Nouvel album MO DIGGIN dans les bacs depuis le 06 mars 2006
Mo Diggin
01. I Love my baby
02. Big Road Blues
03. 44 Blues
04. Love her all the time
05. Lazy Bones Blues
06. Hawaiian Mambo
07. Diggin' my Potatoes
08. Country Farm
09. Mean Old Frisco
10. Mellow Apples
11. Mississippi Bo Weavil Blues
Le site de Bo Weavil : www.bo-weavil.com
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