LG
: Que diriez-vous en deux mots du personnage ? MLF
: Quéguiner ?
(long silence, Maxime regarde en l'air, il sourit)
en deux mots
C'est un solitaire
hélas ! Moi j'aimerais bien
qu'il transmette ce qu'il sait quand même mais il tient absolument à
travailler seul, il a besoin de ça, c'est un méticuleux
très
méticuleux
(silence) Comme souvent les luthiers, il joue de la guitare
mais secrètement (sourire), jamais on ne le verra jouer, alors que je sais
qu'il joue ! (rire)
Il est capable de faire des miracles avec des bouts
de bois. Je l'ai vu réparer des trucs (rires) impossibles
Et puis,
c'est un amoureux des chansons de Brassens. Il est devenu luthier parce que sur
l'intégrale de Brassens et les pochettes des vinyles de l'époque,
il y avait des photos prises chez Favino. C'est ça, quand il était
môme, qui lui a donné envie de devenir luthier. Donc il y a aussi
une histoire
LG
: Pouvez-vous nous parler aussi des autres guitares que vous possédez ? MLF
: Je vous ai parlé de mes deux Favino, la douze et la six cordes rouge.
Il m'avait fait une copie de ma six cordes rouge que j'avais offerte à
Julien Clerc mais elle a péri dans un accident de voiture cette guitare.
Qu'est-ce j'ai d'autres (pensif, sourire)
j'ai une jolie Taylor que
m'ont offert les gens de Polydor après la tournée " plutôt
guitare ". Ils m'ont offert une guitare dans laquelle il y avait pas de micros
: " pas besoin que tu enregistres avec, c'est juste pour toi ! ". C'était
vachement mignon (sourire). Ca c'est la guitare qui est dans le salon avec un
Dobro, un National des années 30 acheté à Los Angeles. J'ai
une Zeimatis de 75, vous voyez qui c'est ? Il a fait une guitare pour Cat
Stevens avec une rosace avec une forme de croissant. Moi, il m'a fait une
rosace en forme de cur. C'est une guitare assez sophistiquée en marqueterie
mais qui n'a pas d'intérêt fondamental dans le son. LG
: Vous, c'est plutôt le son qui importe avant tout dans une guitare ?
MLF
: Oui, bien sûr, bien sûr
en parlant son j'ai une Friederich,
c'est beau, ça c'est beau
Qu'est-ce que j'ai encore, j'ai la Guild
12 cordes que m'ont offert Boris Bergman et Paul Personne. J'ai
une petite Martin qui était électro-acoustique, et j'ai tout
fait enlever par Quéguiner, il m'a bouché le trou (rire) pour en
faire une petite guitare légère. Elle a un petit son Martin, ce
n'est pas Martin de la grande époque mais c'est rigolo. J'ai une Chet
Atkins Gibson qui ne me passionne pas du tout, trop lourde c'est une charrue.
Une Guild (il s'exclame) si on parle de vieille charrue, une vraie, que
tu peux jeter dans le coffre d'un taxi, qui ne craint rien. C'est celle que j'emmène
dans les pays chauds, aux resto du cur quand il faut faire des after-show,
je peux la prêter, elle est indestructible (rires), indestructible. Ca c'est
très utile une guitare comme ça
Quoi d'autre ? Une Les
Paul Gibson que j'ai filée à mon fils ainsi que la Takamine
et la Simon et Patrick. LG
: Vous en avez pas mal quand même ! MLF : Oui, oui et j'ai
dû en oublié deux ou trois
LG
: C'est par passion ? MLF
: C'est l'envie parfois. Et encore j'en ai donné, on m'en a volé.
J'avais une sept cordes, on me l'a volée dans une voiture, guitare de 1850
qui avait été en Sibérie sous Staline, elle avait une histoire
LG
: Et pour parler de vos projets, à quand un album où le Forestier
chante Le Forestier ? MLF
: Je suis en train de l'écrire, je suis au tout début
ça sera pour 2007. LG
: Ca ne vous manque pas ? MLF
: Ah non pas du tout, pas du tout. Je suis dans une vie très équilibrée
parce que le concert " Brassens " ne me prend pas du tout la tête,
j'y pense à 19h00 quand j'arrive au théâtre. Je fais une ou
deux chansons pour le son, je mange un bout, je dors et je chante. Je me couche
tôt. Et donc, dans la journée, je suis dans des chambres d'hôtels
improbables et je fais des chansons avec ma Quéguiner. LG
: Vous attendiez-vous à un tel succès avec la tournée "
Brassens " ? Non,
franchement. Je pensais que ça resterait dans le club. Je ne pensais pas
que le chauffeur de taxi m'en parlerait. Je pense que Brassens n'est pas comme
les autres. LG
: Etes-vous optimiste pour la nouvelle génération de la chanson
française ? MLF : Oui, très optimiste. LG : Vous
citeriez qui ? MLF
: Il y a en plein : Camille, Corneille, Benabar
LG
: Vous connaissez Yves Jamait ? MLF
: Oui, oui. Il me cite tout le temps, il est venu me voir à l'Européen.
Il est gentil comme tout. Il y en a plein, c'est extrêmement vivant en ce
moment. Comme il y a en ce moment toute une scène marginale par rapport
aux radios et aux télés. Ils ressemblent furieusement à ce
que nous étions dans les années 70 finalement. Même s'ils
ne passent pas sur les radios, les gens les connaissent quand même, ils
font de la scène et ils établissent le contact avec leur public
de cette manière. Bénabar a ramé un paquet d'années.
Et aussi des brassages culturels comme Corneille par exemple, entre le Rwanda
et le Québec. Il parle je ne sais plus combien de langues. Ca aussi ce
sont des sortes d'artistes qui vont sortir de France et faire des trucs ailleurs,
c'est intéressant.
Jacques
Carbonneaux le 02 Mars 2006 |