Interview Maxime le Forestier, le
02 Mars 2006
laguitare.com
: Comment ce projet est-il né entre vous et Emilie Chedid
?
Maxime Le Forestier : Je pense que ça remonte à
assez loin. J'avais, il y a quelques années, un DVD "
plutôt guitare " du concert avec Jean-Félix Lalanne,
Manu Galvin et Michel Haumont, et au lieu de filmer le concert comme
ça se fait habituellement, j'avais dit, on va faire un concert
en studio et on va vraiment filmer de près et on s'est trouvés
avec la technologie de l'époque, c'était il y a cinq
ans, à avoir la possibilité de faire quelques gros
plans sur des mains, faire des ralentis et des choses comme ça.
Mais on n'a pu faire ça que sur quelques chansons car la
technologie n'existait pas pour le faire sur plus. Emilie, elle,
a développé la technologie qui a permis d'en faire
plus et elle a fait un premier DVD des leçons de musique
avec son frère Matthieu qui était une tuerie, une
merveille, et Matthieu l'a proposé à sa maison de
disques qui n'en a pas voulu, elle trouvait que ce n'était
pas bien. Il a fait le tour des maisons de disques et il est tombé
sur un mec qui lui a dit " ça m'intéresse ",
c'est Jean-Philippe Allard, le patron de Polydor. Jean-Philippe
Allard a sorti ce DVD qui avait été réalisé
avec des bouts de ficelles, entre le frère et la sur,
à la maison, avec un minimum de moyens. Il s'est vendu à
60 000 exemplaires je crois, un énorme succès. Jean-Philippe
Allard est alors venu me voir, j'étais en train de préparer
mes enregistrements de Brassens, en me disant : " dis donc,
j'ai l'impression que les gens ont envie de ça, donc si on
pouvait commencer une collection et si tu pouvais rencontrer Emilie,
voir si vous pouvez faire quelque chose ensemble sur démarrer
la guitare avec les chansons de Brassens". J'ai donc rencontré
Emilie. J'ai été enthousiaste très vite par
cette fille, tout de suite, parce qu'on sent que ça remonte
à loin son intérêt pour la musique, avec un
papa musicien, un frère musicien, elle pas musicienne mais
elle veut comprendre comment ça marche. On sent qu'elle aime
ça, qu'elle aime voir ça et elle voit des choses chez
les musiciens que peu de cinéastes voient, c'est vrai. Elle
est très attentive. Et puis on a commencé à
travailler et ça a été un boulot de moine,
surtout pour elle (rire).
LG
: Que pensez vous de ce DVD en tant qu'outil pédagogique
par rapport aux autres supports pédagogiques, y a t'il un
plus réel ?
MLF : On va voir
on va voir. Quand on apprend la guitare,
on apprend beaucoup à regarder les autres. Si on peut les
regarder au ralenti en comprenant ce qu'ils font, est-ce qu'on peut
aller plus vite ? Peut être
Est-ce qu'il y a aussi des
gens qui sont allergiques à l'écrit ? Vous savez la
peur du solfège
. J'ai pensé aussi aux textes
pour ce DVD, c'est-à-dire que très vite je me suis
aperçu qu'il y avait des mots que les gens ne comprenaient
pas. J'ai alors proposé qu'il y ait une de sorte de dictionnaire
avec la participation de Louis-Jean Calvet, un linguiste qui a fait
une biographie de Brassens. Et là, ce spécialiste
des langues a dit : " oui, c'est bien mais on la met où
la barre de difficulté et savoir quels mots on explique ?
". On a alors décidé que c'était des mots
qui seraient incompréhensibles par des gens qui n'auraient
pas deux ans de français dans une école étrangère.
Ce sont donc ces critères-là qui ont été
utilisés.
LG : Quelles ont été
les conditions de la réalisation de ce DVD ? Emilie compare
les conditions de cette réalisation à celles de l'enregistrement
d'un album, quel est votre point de vue ?
MLF : Ca a été
épouvantable, ça a duré une semaine et en plus,
j'avais une tendinite à l'épaule droite et j'avais
mal. Donc ça a été une horreur à faire,
une horreur ! En plus, faire du son direct avec 4 cadreurs c'est
extrêmement difficile. L'idée de silence est très
difficile à obtenir.
LG : Vous en êtes content
du produit final ?
MLF : Oui, je suis content, je trouve qu'Emilie a sorti vraiment
le maximum. Evidemment, si on avait eu des conditions plus confortables,
on aurait pu faire quelque chose d'encore plus fouillé. On
peut toujours améliorer ce genre de projet.
LG : Il est tout de même très
fouillé avec le DVD collector ?
MLF : Oui, oui il est bien fouillé mais vous savez,
moi j'adore les mouches (rires) et on n'est jamais satisfait. C'est
le maximum qu'on ait pu sortir avec le budget qu'on avait et dans
l'état dans lequel j'étais.
LG : Quel artiste aimeriez-vous
voir sur un des prochains DVD ?
MLF : Annegarn
(silence) Annegarn ! j'aimerais comprendre !! Cabrel, ça
serait formidable. pensif, long silence)
oui un chanteur guitariste.
Je suis toujours intéressé et amusé par les
mains droites. Il y a une main droite par guitariste.
LG : Et en effet, Dick Annegarn
est redoutable à ce niveau. Cela tombe bien que vous en parliez
car nous suivons cet artiste depuis le début de laguitare.com,
c'est quelqu'un que nous apprécions beaucoup mais qui est
très peu reconnu alors que c'est une réelle référence
dans la chanson française et en tant que guitariste
MLF : Dans ce qu'il
sait faire avec une guitare et une voix, il est quand même
dans le top 10 mondial pour moi avec James Taylor et les autres.
Jacques
Carbonneaux le 02 Mars 2006
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