Interview de Pauline
Croze. Le 13 janvier 2006 au Théâtre du village à
Neuilly
Laguitare.com : Bonjour Pauline, même si j'ai
beaucoup de bonnes choses à dire sur votre voix et vos textes,
nous allons axer cet entretien, si vous êtes d'accord, sur votre
rapport à la guitare.
Pauline Croze : Ok !
LG : Quels ont été
vos premiers pas à la guitare ?
PC : Mes premiers pas à la guitare,
c'est avec mon premier prof de guitare qui m'a appris plein de choses,
on est passés par le jazz, le manouche, le rock avec Led
Zepplin, un peu de Keziah Jones aussi. J'ai pu alors
essayer plusieurs directions musicales en fait.
LG : La guitare a été
votre premier instrument ? Pas de violon, de piano ?
PC : Le piano, en fait, mes soeurs en faisaient. J'arrivais donc
derrière, je regardais les méthodes et je pianotais
pour moi, mais c'était pas ça (rire)... sinon j'ai
fait un peu de batterie, j'ai dû en faire trois mois et j'ai
fait aussi du saxophone, trois mois aussi. Mais ça, par contre,
je vais m'y remettre car c'est vraiment un instrument que j'adore.
Mais la guitare c'est un instrument qui me semble plus accessible
et qu'on peut avoir partout avec soi.
LG : Et à partir de quel
âge avez-vous commencé la guitare ?
PC : Quatorze ans, j'ai commencé
à quatorze ans en écoutant Keziah Jones. C'est
lui qui m'a vraiment... dans son rapport avec sa voix, ses compositions,
ses rythmiques... c'est sa complétude qui m'a vraiment foutu
une claque.
LG : Vous jouez sur nylon et électrique,
mais pas folk pourquoi ?
PC : Non ! En fait, je ne sais pas
si j'ai été traumatisée par la guitare folk,
mais ça fait trop vite chanson folk (rire), le son acier
ne me plaît pas trop et j'apprécie beaucoup plus le
son rond des nylons. Quand j'ai commencé la guitare, je ne
voulais pas faire de folk et ma première guitare était
une folk, une Paul Beuscher de base. C'est bien plus tard
que j'ai essayé des guitares classiques, et ça m'a
vraiment plu.
LG : Donc là actuellement,
vous avez une Godin...
PC : En fait la Godin, je ne
l'ai plus car je me suis rendue compte que ce n'est pas ce que je
voulais. Je joue en ce moment sur une guitare classique avec laquelle
j'ai fait l'album. C'est une Bellido, un luthier espagnol,
elle a vingt ans. Pour la scène, ce n'est pas encore trop
l'idéal car elle est un peu fragilisée mais je compte
m'en acheter une autre prochainement. J'ai aussi une électrique
LG : Je vous ai vue aussi avec une
Ovation
PC : Oui, il fut un temps (rire)...
mais Ovation et Godin sont des marques qui ne me conviennent
pas. Pour le son que je veux et ce que je veux faire, ça
ne le fait pas.
LG : Vous êtes donc revenue
à une guitare typiquement classique ?
PC : Voilà, tout à fait.
LG : En studio, vous enregistrez
guitare et voix ensemble ou séparément ?
PC : Séparément, c'est
pour mon confort de jeu et pour l'interprétation. Quand je
chante sans la guitare, je suis beaucoup plus libérée,
je n'ai que le chant à m'occuper. J'ai du mal à jouer
de la guitare et chanter en même temps en étant bien
en place et comme j'aime bien ce qui est en place, je préfère
me concentrer sur la guitare puis dans un deuxième temps
sur la voix. Je ne suis pas encore capable de le faire bien en même
temps.
LG : Vous avez une rythmique très
marquée et vous avez parlé notamment de Keziah Jones.
Quelles sont vos autres influences à la guitare ?
PC : Dès le début, j'écoutais
beaucoup Keziah Jones, Jimi Hendrix, Led Zep.
Frank Zappa aussi qui est pour moi
pffff... enfin,
j'adore !!
Beaucoup de reggae et du jazz aussi mais je n'ai pas écouté
beaucoup de musique où la guitare était prépondérante.
Dans le jazz, par exemple, je peux apprécier comment un musicien
" chorus " au saxophone ou à la basse. J'aime vraiment
toutes les musiques, à part vraiment des trucs comme la country
(rires), je ne m'y retrouve pas trop quoi !! Et il y a vraiment
des styles musicaux auxquels je n'adhère pas du tout. Il
y a Tracy Chapman aussi que j'adore. Jeff Buckley,
mais plus pour la voix que j'ai essayé d'approcher. En tout
cas, il m'a inspirée. Globalement c'est beaucoup les années
70 quand même (rire).
LG : La guitare sera-t-elle délaissée
un jour pour un autre instrument, êtes-vous vraiment liée
à elle, ou est ce que ça peut changer ? Vous semblez
un peu touche-à-tout
PC : En fait, ouais, ça peut
changer. Ca m'est arrivé déjà deux trois fois
de me dire : "allez j'arrête la guitare, j'en ai marre"
parce qu'il y a vraiment des instruments que j'adore plus particulièrement
comme la basse et le saxo. Pour la basse, j'espère que j'aurai
le temps de m'y mettre car j'ai l'impression de l'aimer plus que
la guitare en fait. Mais bon, comme je n'en fais pas, je ne peux
pas savoir. On veut toujours aller vers ce qu'on a pas. Mais ça
peut changer, oui, ça peut changer !
LG : Vous avez dit lors d'une interview
faire plus attention au son des guitares...
PC : Oui.
LG : Qu'est ce que vous attendez
d'une guitare ?
PC : J'attends d'une guitare qu'elle
m'emmène là où je veux dans mon propos. C'est-à-dire
que je n'ai pas encore trouvé les sons adéquats sur
tel ou tel sentiment par exemple. Sur "quand je suis ivre"
- là on a les arrangements de scène - le guitariste
fait des notes assez plaintives et ça va dans le sens de
la chanson. C'est quelque chose que je n'ai jamais cherché
car j'essaye de me concentrer sur la composition, sur le fait de
pouvoir jouer une chanson toute seule et d'être indépendante
avec ma guitare et de me structurer avec ça. C'est vrai qu'après,
la recherche plus approfondie, je ne l'ai pas eue et ce n'est pas
que je regrette, mais je veux m'y mettre dorénavant pour
préciser encore plus mon univers.
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