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Philippe
Berne - Cordonnées |
Je
connais Philippe Berne depuis que j'ai commencé à
faire les expositions de luthiers en 2000. Ses guitares m'ont toujours
intrigué et son originalité n'a d'égale que sa
sympathie. Il a toujours cherché l'originalité dans
les bois, les formes, les couleurs, quitte souvent à faire
grincer les dents de ses propres collègues.
Passionné mais tranquille, je vous propose de lire l'interview
qu'il m'a accordée lors du dernier jour du salon.
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Bonjour
Philippe, quelles sont tes impressions en cette dernière journée
d'exposition ?
Alors globalement, j'en suis assez satisfait pour les rencontres et
les ouvertures que je trouve ici. Sur le salon dans son ensemble,
c'est la première fois que je fais un salon de la musique,
je peux difficilement appréhender quelque chose que je ne connais
pas. L'investissement est énorme et comme tu peux le constater,
les luthiers sont très peu présents.
Donc c'est un gros investissement pour un luthier
Enorme, oui. Habituellement on va exposer dans des salons où
c'est 7 ou 10 fois moins cher qu'ici. Je pense avoir bien investi
et fait un bon salon et de bonnes rencontres mais il n'y a que l'avenir
qui me le dira.
Ca t'a coûté combien ce stand ?
Au total, ça va me coûter 2 600 euros et avec l'électricité
en plus, parce qu'ils te le disent au dernier moment qu'il faut payer
l'électricité, ça va me revenir à 3 000
euros pour un stand de 9 m2.
Ah ouais ! En effet, on peut parler d'un énorme investissement
pour un artisan luthier, Malgré tout, tu es content de ton
expo ?
Oui, car ici on a accès à tout un public que l'on
ne voit pas dans les festivals ou salons dédiés à
la guitare dans des circuits plus traditionnels dans la musique jazz,
un peu le blues mais le reste du public pour l'attraper, c'est ici
qu'il faut venir.
Bon, parlons de tes instruments maintenant parce que rien que visuellement,
ils sont assez atypiques et je sais que tu utilises parfois des bois
qu'aucun autre luthier utilise.
Pas tout le temps, mais je cherche
je me suis baladé
dans les musées, j'ai vu que les gens faisaient des instruments
avec les bois qui les entouraient. Ce sont des bois qui fonctionnent
très bien, très beaux, que personne ne connaît
y compris mes collègues.
Quels sont ces bois ?
Par exemple, du Robinier, du Sorbier, de l'Alisier. Tous les fruitiers,
Pêcher, Abricotier, Pommier quoique le Pommier est souvent utilisé.
Ces bois là ont des vraies qualités acoustiques. C'est
toujours un peu difficile à défendre et je me bats depuis
très longtemps. Aujourd'hui, j'ai un peu lâché
du mou car je propose du palissandre (rire) mais il n'empêche
que je ne pense pas qu'avec un palissandre, j'atteigne des sommets
en acoustique que je n'aurai jamais autrement. C'est pas vrai, pour
moi ce n'est pas vrai. Ca n'engage que moi et donc je propose simplement
de découvrir d'autres choses. La nature à proprement
parlé n'a pas d'intention, elle n'a pas créé
des bois pour faire des guitares et des bois pour faire des meubles.
C'est nous qui choisissons et ensuite interviennent les qualités
techniques du bois et une fois que l'on a sélectionné
cela, il reste l'esthétique.
Peux tu nous parler de ta rencontre avec la basse et ce modèle
harpo-basse en particulier ?
Dans un premier temps j'ai travaillé sur des basses acoustiques
normales dont j'avais augmenté les dimensions parce que j'aime
la basse et les fréquences basses. Pour aller chercher de la
fréquence, on est obligé d'avoir du volume et de la
surface. Il s'agit de mettre en vibration une table d'harmonie suffisamment
doucement pour qu'elle puisse produire de belles harmoniques basses.
La basse acoustique a ses limites en taille à moins d'en faire
une énorme guitare basse mexicaine. Il faut donc chercher de
la puissance et de la souplesse. Je suis donc parti sur l'idée
de l'harpo-basse qui est en fait le mode de vibration des harpes,
un peu comme une contrebassine. Une contrebassine est une harpo-basse
mais je l'ai adaptée à une guitare. Le renversement
est contraire à ce qu'on trouve sur une basse de type contrebasse
ou violoncelle par contre techniquement, cela permet d'assouplir la
table d'harmonie pour la faire vibrer le plus lentement possible.
Et là, j'ai trouvé une solution, il en existe d'autres,
mais c'est pour moi une solution pour faire un instrument qui soit
plus loin que la basse acoustique sans aller jusqu'à la contrebasse
quand même mais avec du moelleux et de la rondeur dans le son.
Tu as l'air fier de cette réalisation
Oui, j'ai travaillé pendant cinq ans. A mon avis à partir
du moment où j'ai commencé à bosser dessus et
jusqu'à ce modèle là, que j'estime abouti et
encore, plus j'en vendrai, plus les retours que j'aurai m'aideront
à le faire évoluer.
Alors longue vie à l'harpo-basse !!
Ah merci mon Jacques !
Et surtout merci de représenter la lutherie française
si peu présente à ce salon !
Merci à toi !!
Interview réalisée par Jacques
Carbonneaux le 12/09/2006
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Cet
instrument est une HARPOBASSE. Le mode de vibration est
celui des harpes : les cordes tirent le chevalet et la table
d'harmonie, inversement à une basse normale ou même
une contrebasse. La longueur vibrante est de 86 cm (comme les
basses acoustiques ou électroniques) : on peut donc utiliser
des cordes de basse. Jouable au archet. Possibilité de
frettage du manche.
Micro : SCHERTLER électrdynamique (sortie XLR)
Bois utilisés : fond et éclisses en frêne
et olivier, table en épicéa (âme réglable
sous les aigus), manche en érable, chevalet et cordier
en ébène, touche en sorbier.
4 mécaniques BH. 1 pic cello. 1 housse de transport.
Le son acoustique de la harpobasse est très moelleux
et très puissant (2 ou 3 fois + que n'importe quelle
basse acoustique).
Philippe Berne est le seul fabriquant de ce type de basse, fruit
de 4 années de travail. En
savoir plus
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Le
groupe "Les invités" sur le stand et avec les instruments
de Philippe Berne
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Les
invités sur le stand du luthier Philippe Berne avec deux
de ses guitares folk et sa harpo-basse
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