Quand je rentre
dans la salle de l'Archipel, le public s'installe déjà
progressivement dans les fauteuils bleus de cet ancien cinéma,
mais nombreux sont les spectateurs qui se trouvent encore au bar
en fond de salle ! L'ambiance est d'ailleurs des plus conviviales
et le public peut déjà boire un verre avec ou à
coté des artistes qui dans quelques minutes se retrouveront
sur la petite scène. Petite scène qui pour le moment
regorge d'instruments à cordes en tous genres, instruments
qui n'attendent plus que les doigts agiles de leurs maîtres
pour résonner de concert.
Dominique
Cravic and friends
C'est le capitaine
de la soirée qui le premier empoigne sa six cordes.
Dominique Cravic est avec Gilles Finzi, Michel
Haumont et Chris Lancry un des guitaristes invétérés
qui ont en charge chacun leur tour la programmation des soirées
Guitare de l'Archipel.
Ce mois ci, vous l'aurez donc compris, c'est au Sieur Cravic qu'échoie
le privilège de jouer les maîtres de cérémonie.
Dominique Cravic
est guitariste, compositeur, auteur, interprète.
Leader du groupe Les Primitifs du Futur, membre actif de
l'Ukulélé Club de Paris, il fut rappelons-le, également
le guitariste d'Henri Salvador lors de la tournée
2002. Un musicien multiple et accompli qui joue dans bon nombre
de formations de Jazz, Blues, Cajun, Brésilien
Après
une petite présentation des festivités à venir,
Dominique Cravic entame en solo deux morceaux instrumentaux dans
lesquels la douceur du picking se le dispute à la technicité
guitaristique.
Dominique Cravic est bel et bien un instrumentiste hors pair. Le
public découvre donc " le colibri " enchaîné
avec " l'eau à la bouche ", une Gainsbouriennerie
que l'assistance fredonne en écho à sa triple zéro
pan coupé. Il en sera de même pour l'hommage à
Barbara dans lequel la guitare de Dominique résonnera de
" ma plus belle histoire d'amour " un instant musical
très émouvant.
Puis c'est Mieko
Miyazaki qui monte sur la petite scène de l'Archipel.
J'insiste sur l'adjectif petite car, en fait la scène est
depuis le début du concert occupée très ostensiblement
par l'instrument de Mieko. La technologie galopante de ce siècle
fou me permet heureusement d'entrelacer ce texte de quelques pixels
issus des photographies réalisées durant le concert.
Technologie galopante qui m'est ici d'un grand secours car c'est
au vu de la photographie que vous pourrez vous faire une idée
de la bête. Un instrument inconnu de nos manuels de musicologie
occidentale, sorte d'os de seiche fossilisé ayant appartenu
à quelques improbables poulposaurus tous droit sortis du
calorifère, le tout rehaussé d'une bonne dizaine de
cordes tendues sur toute la longueur de la bête.
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Dominique
Cravic et Mieko Miyazaki
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Mieko Miyazaki
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Posé
sur ses deux pieds, ce Koto car c'est bien d'un Koto dont nous causons
maintenant, ce Koto n'est autre qu'une cithare d'origine sino-coréenne,
introduite au Japon au 6e siècle. Comme nous tous, le Koto
a évolué au fil des âges pour recevoir jusqu'à
treize cordes en soie tendues, le tout sur une longueur pouvant
aller jusqu'à 2 mètres (je vous avais bien dit que
cela prenait une place certaine aux cotés des guitares).
Et voici lancé le mariage hasardeux de cet étrange
instrument avec la guitare de Dominique Cravic.
Dès les premières notes mêlées, c'est
la stupeur dans la salle, une évidence musicale ! Dominique
et Mieko joueront deux valses musette des années trente,
c'est l'harmonie totale, les sonorités du Koto au travers
de l'interprétation de Mieko nous emmènent dans des
sphères oscillant entre un temple zen et une harpe de concert,
une ambiance d'autant plus profonde que Mieko ose allègrement
plonger dans des riffs totalement blues.
Puis Chris
Lancry attrape sa Collins et son harmonica, puis en toute décontraction
entame un traditionnel américain. Ses mains dansent littéralement
sur sa guitare. En effet dans la tournerie de ses accords, après
avoir systématiquement frappé la table de sa guitare
telle une percussion, il va ensuite chercher les harmoniques douzième
case en passant sa main par-dessus son manche. Une gymnastique des
métacarpes qui, vue depuis le public, est d'un grand plaisir
visuel.
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Chris
Lancry
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Yves Leguevelou
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C'est Eric
Guilleton qui maintenant vient chanter. Il interprétera
une chanson qu'il a co-écrit avec Dominique Cravic.
Yves Leguevelou avec sa stratocaster viendra rejoindre les
guitares de Dominique et Chris. Chris n'hésite pas à
utiliser sa Collins comme percussion, quant à Dominique il
utilise la Takamine signature " Michel Haumont ".
Dominique en profitera d'ailleurs pour remercier le mécénat
actif que La Boite Noire et Takamine offre aux soirées Guitare
de l'Archipel.
Tous les trois
accompagneront Dominique Wenta pour la chanson " l'enfer
est bleu", elle chante de sa voix rocailleusement blues qui
résonne dans tout l'Archipel, un régal.
Rachel Ratsisafy
vient retrouver Dominique Wenta pour une chanson en Ré bémol.
C'est Chris Lancry qui nous fait remarquer que Monsieur Cravic a
la fâcheuse habitude de composer des chansons en Ré
Bémol, une tonalité visiblement pas toujours des plus
évidentes à appréhender quand on a une guitare
en main.
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Dominique
Wenta
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Dominique Wenta et Rachel Ratsisafy
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Rachel Ratsisafy
donc, et sa voix gospellienne. Elle est radieuse, et semble toujours
à la limite du fou rire, l'alliance de ces deux voix féminines
est une réussite totale.
Pour quelques
mesures, le piano demi-queue résonne tout entier sous les
doigts de Grégory Veux.
Claire Elzière, une habituée des soirées
Guitare de l'Archipel, rejoignit les musiciens de ce grand orchestre
à cordes. Du puissant velours de sa voix, Claire Elzière
interpréta plusieurs chansons, pour le plus grand bonheur
de la salle comble.
Un autre instrument
quelque peu atypique se joignit à la fête sous les
doigts experts de Philippe de Sousa : une guitare portugaise
qui donna avec brio la réplique à la guitare de Dominique.
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Philippe
de Sousa
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Dominique Cravic, Philippe de Sousa et Eric Guilleton
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Rachel
Ratsisafy
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Claire Elzière
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On pourra également
signaler l'apparition de Jan Ghazi qui avec sa lap steel,
fit lanciner ses chorus tout en glissandos ouatés.
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