Comment
arrivez- vous à rendre cette fraîcheur de son sur le disque ?
R.H. : C'est très difficile. On ne sait pas si on y est bien arrivé.
Cela dans la prise de son et dans l'application Dès qu'on rentre en
studio, on essaye d'avoir une écoute qui garde une part de réalité.
Même s'il y a du trafic en studio grâce notamment à l'overdub qui
permet de ne pas jouer en même temps. Pour ce disque, nous avons procédé
en mettant des limites dans la prise de son, le mix, le jeu, les parties
et même dans la manière de chanter. Le but n'est pas de mettre tout
ce qu'on sait faire mais de servir la chanson. On a tout le temps
essayé de simplifier. On voulait que le son reste brut sans trop mettre
de réverbs. Il faut laisser les micros d'ambiance. On a tout fait
sur les mêmes guitares et les mêmes amplis. Il n'y a ni pédales, ni
saturations. Il doit y avoir quatre titres où à un moment donné un
gros effet arrive, parce que cela nous paraissait justifié.
Hugo Cechosz : On a fait les choses lorsqu'elles étaient indispensables.
On a eu recours aux bidouilles, aux effets si vraiment c'était nécessaire.
C'est vraiment assez subjectif. Si cela sonne assez frais au final
c'est que c'est réussi.
Sur scène,
est-il plus facile d'avoir une fraîcheur sonore ?
R.H. : Sur scène c'est plus facile et c'est plus difficile dans
le sens où c'est donné à voir. Comme le son est quarante fois plus
fort que sur le disque chez soi, il y a déjà la moitié des détails
sonores qui passent à la trappe. Tout bêtement, la scène c'est du
volume.
E.H. : Sur le disque, tu peux passer du temps sur un tout
petit détail. Alors que sur scène, tu es obligé de raboter de tous
les cotés. On est quatre. Sur le disque, même si c'est assez simple,
il y a quelques éléments rajoutés qui nécessiteraient une cinquième
personne.
R.H. : On a fait beaucoup de prises, ce qui permet de choisir
quand tout le monde est vraiment bien. On s'est surtout appliqué
sur certaines choses et sur d'autres on a laissé tel quel. On a
laissé pas mal de choses fausses à la voix. En faisant plusieurs
prises de voix tu peux t'appliquer pour avoir le truc impeccable
ou bien tu choisis le truc dans sa continuité parce que cela raconte
quelque chose. C'est un mélange de choses instinctives et de choses
pensées.
Les choix sont difficiles alors ...
R.H. : C'est un enfer (rires) Nous avons enregistré plus de
deux cent heures pour un album qui fait au final quarante cinq minutes.
On écoute au moins quinze fois chaque version ce qui fait pas loin
de six mois de travail. Alors que le disque dure juste quarante
cinq minutes avec des pistes de deux minutes. Notre manière de travailler
a été quelque peu différente de celle de nos deux albums précendents.
C'est vrai que l'ingénieur son Michel Dierickx est très important
dans l'histoire. Je pense que le prochain album sera complètement
différent. Ce qui est génial dans un disque c'est de pouvoir avoir
un gros parti pris. C'est en cela que je suis très excité à l'idée
de faire un quatrième disque complètement différent. Tu peux jouer
live et complètement en overdub dans le même album. Cela a déjà
était fait mais certains partis pris n'ont pas été retenu
Comme ?
R.H. : Comme mêler dans la même chanson du live le plus total,
sans overdub ou refait avec des choses studio.
Est-ce pour retrouver l'énergie du jeu live ?
R.H. : Live ne signifie pas toujours ramoner. La base raconte
quelquechose de fabuleux. A l'intérieur de cette base, on peut construire
quelque chose de complètement serré et cérébral, où on rajoute des
éléments à des endroits différents. Ce serait à la limte itinérant.
Ce serait fabulueux de mélanger la technique d'un gros studio comme
l'ICP à celle d'un petit studio à Dunkerque. Ce procédé n'est pas
tellement courant : un mélange de gros album et presque de journalisme
sonore. Il faut chercher, se creuser, se mettre en danger. Ce sera
peut être le parti pris du prochain album.
Etes-vous toujours en recherche musicale ?
R.H. : Nous sommes des musiciens. Il est vrai que d'autres
musiciens demandent en premier si demain ils auront du succès et
savoir quelle marque de fringues les sponsorisera. Ce n'est pas
une critique, chacun est libre. Mais nous avons gardé notre
côté gamin. Faire un disque, c'est garder l'excitation de démarrer
sur une page blanche. Puis cette page blanche devient un texte qui
parfois émeut les gens. Après on se fiche de l'aspect médiatique,
si le single cartonne ou le style vestimentaire du groupe. On en
a rien à faire, c'est ce qu'on chante dans nos chansons : du coup
la boucle est bouclée !
Il y a vraiment un impact des textes dans votre univers ...
R.H. : On s'efforce que nos textes nous plaisent plus d'une
année d'affilée. On se lasse vite de ce qu'on est et de ce qu'on
fait. On est plutôt à chercher à s'améliorer qu'à se regarder le
nombril. On raconte jamais les mêmes choses. Ce matériau est fabuleux
car il est tout le temps en mouvement. C'est le but de l'artiste
de faire différemment.
N'est-il pas difficile de porter cette étiquette de rock
en français ?
R.H. : On ne se place ni dans l'accession à un éventuel trône
rock, ni dans un milieu concurrentiel. On ne se compare pas aux
autres. Il est déjà difficile pour nous d'assurer musicalement et
humainement. Sans dire qu'il y ait de message dans le disque, on
raconte deux ou trois choses. Mais est ce que nous n'en faisons
pas nous même partis ? On s'inclue dans la chanson « Bigger than
the biggest ». Tu peux cracher à la gueule du monde, tu fais quand
même partie du monde.
Comment évoluent vos morceaux à la scène ?
H.C. : Les morceaux sont plus ou moins différents. Il y a des
compos apportés par Romain, des passages obligés ou plus organisés.
Parfois, c'est plaisant aussi de les exploser et jouer complètement
différemment. Certaines chansons ne changent pas beaucoup à la scène.
En revanche d'autres sont volontairement explosées ou on rajoute
un passage.
E.H. : Lorsque le morceau se finit par des cordes sur le
disque, on essaye différents éléments comme les choeurs.
R.H. : Faire de la musique, c'est jouer le son dans le temps.
Sur notre premier album, nos chansons de cinq à six minutes prenaient
le temps de varier harmoniquement. Sur ce disque on joue avec le
temps d'une autre manière. Les chansons sont courtes exceptées «
Bigger than the biggest » car il y a une tonne d'infos dans le texte.
Sur scène, il y a un autre facteur : c'est donné à voir. Même si
on n'a pas de show programmé, on joue avec le temps différemment.
Qu'est-ce qui change entre la prétournée et la tournée ?
R.H. : Cette prétournée était assez punk. On envoyait des morceaux
courts. Mais il y aura encore des changements d'ici un mois et demi.
Nous avons un répertoire fournit avec nos trois albums. Il se peut
qu'on ait trente chansons dans la besace et qu'on en joue qu'une
vingtaine par soir; Ce qui permet d'avoir des morceaux qui vont
durer douze à treize minutes, comme c'est arrivé avec Eiffel ou
avec ma tournée solo. Là il faut trouver des axes différents sur
scène. Il faut jouer avec le temps, le son et le public. Cela nous
fatigue qu'être scénique signifie la même choses pour tous les artistes.
Il y a une sorte d'uniformité dans la manière d'être scénique.
Qu'est ce que vous entendez par « être scénique » ?
R.H. : Il faut être généreux. Parfois, il faut engueuler le
public et l'aimer aussi. En France, le rock c'est un peu la rentrée
des classes en rang par deux. Il faut faire la queue leuleu pour
faire le slam. Nous ne prétendons pas faire des shows mirobolants.
On aimerait créer des sensations qui soient loin du rock en allant
chercher les grands espaces voluptueux et parfois très sérrés. Mélanger
pourqu'il n'y ait pas de problème de genre. Cela peut être très
punk. On pourrait passer d'un morceau écrasant à la Rammstein
comme « Bigger than the biggest » à « Je ne voudrais pas crever
» qui s'attache plus du cabaret avec une forme de tendresse et de
fête forraine très douce...
E.H. : C'est assez humain de passer de la douceur à la colère.
C'est audacieux de mêler ce morceau épurée instrumentalement
au rock très dur...
R.H. : C'est difficile de baisser le son et d'essayer de toucher
les gens. C'est ce qu'on essaye de faire avec « Je ne voudrais pas
crever ». On n'y parvient pas à chaque fois. Nous jouons sur les
deux extrêmes plus toute la palette d'émotions entre les deux. On
chante la part d'humanité, ce qui donne un peu d'espoir.
E.H. : C'est vrai que cela dérange. Le public veut des choses
très homogènes : uniquement de la guitare ou quasiment des chansons
douces.
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Emmanuelle
Libert
le 25/01/2007
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