Jacques-André
: Te souviens-tu la première fois que tu as mis la main sur
une guitare ?
Jacques
: Oui, je devais avoir 13 ans. Mon frère sétait
fait payer une folk « Morris » par notre père
et très vite jai voulu mettre les doigts dessus. Jai
découvert la guitare en même temps que je tombais amoureux
de Neil Young et de CSNY. Jai donc rapidement essayé
de jouer « the needle and the damage done » et «
Cowgirl in the sand », ce qui nétait pas le plus
facile pour débuter.
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Jacques
: Et toi ? ta première guitare, était ce une
folk, une électrique ou une classique ?
Jacques-André
: Une
classique. La guitare de maman de marque Espana. D'ailleurs
j'ai récemment trouvé une photo de moi enfant
en train de jouer avec cette guitare devant mon grand-père...
Je me souviens même ce que je jouais. La Poupée
qui fait non (mi-la-ré)!!!
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Jacques-André : 13 ans c'est très jeune pour tomber
en amour avec le folk. Aurais tu une vielle âme de guitariste
américain ?
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Jacques
: Oui, tout à fait. Je nai jamais apprécié
la chanson et la musique française quand jétais
gamin. Jappréciais les textes de Brel, de Brassens
ou de Ferrat mais leur musique mennuyait à mourir.
J ai eu de suite le coup de foudre pour les mélodies
du folk et du rock anglo-saxon et surtout, je suis tombé
amoureux du son des guitares Martin de Stephen Stills
et de Neil Young. Je nai toujours pas de Martin,
mais jattends de trouver celle qui me fera vraiment
frissonner.
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Eh
oui, c'est moi à 16 ans. On m'a obligé par la
force à mettre cette photo. Enfin, c'est la preuve que
j'ai eu, un jour, des cheveux ! |
Jacques :
Tu es resté longtemps sur cordes nylon ou es-tu rapidement
venu à changer de guitare ?
Jacques-André
: Disons que la guitare nylon a été pour moi la
porte de sortie du violon :-) Je prenais des cours de violon, et
franchement je m'ennuyais. La guitare était définitivement
un instrument plus facile et surtout plus cool! Donc j'ai fait quelques
années de guitare classique jusqu'au jour où avec
mon ami Louis Clément je suis allé faire un tour dans
le sous-sol d'un gars qui jouait des chansons des Beatles sur une
mauvaise copie de Gibson SG rouge et rutilante! La plus belle chose
que j'avais vue de ma vie!
Jacques-André
: Et la guitare électrique dans tout ça ? Il n'y
a pas un peu de Hendrix qui sommeille en toi ?
Jacques :
Jai adoré et adore toujours écouter Hendrix
et la guitare électrique en général mais je
nai jamais vraiment voulu my mettre par flemme avant
tout. Maintenant, vu mon grand âge, je ne me sens plus capable
de matteler à cette tâche car je me suis trop
habitué au confort de jeu dune acoustique. Mais, je
ne désespère pas car Ibanez vient de sortir un nouveau
modèle acoustique avec lequel on peut jouer électrique.
Jai vu ça au NAMM show et à la MusikMesse. Je
vais lacheter, cest sûr !!!
Jacques
: Je connais ta passion pour les guitares et ta frénésie
qui fait de toi un collectionneur, quelle a été la
première guitare de ta collection ?
Jacques-André
: Ma première, que j'ai toujours, est une Gibson Les
Paul Custom 1978 payée 125$ à Miami lors d'un voyage!
C'est cette guitare qui a accompagné mon adolescence. Ma
meilleure amie en quelque sorte. Ce n'est pas une pièce super
rare, mais disons que sa valeur est d'environ 3 000$. Pas mal pour
un bout de bois avec 6 cordes!
Jacques-André
: Comment as-tu eu l'idée de lancer laguitare.com?
Jacques
: Avec mon ex-femme, Laurence Dupaquier qui se lançait
dans le web, nous avions déjà monté gratuitement
des sites internet pour quelques luthiers en 1998. Je suis informaticien
de formation. Un jour, en sortant de répétition avec
des amis, je me suis fait la réflexion à voix haute
: « il nexiste pas de portail sur la guitare, et si
on en créait un ? ». Jai alors soumis lidée
à Laurence et le lendemain matin, la maquette était
déjà réalisée ! Cétait
en novembre 1999.
Après, ma rencontre avec Michel Haumont a été
capitale car il ma fait rencontrer pas mal dartistes
et de guitaristes, ce qui a permis à laguitare.com de se
faire un nom dans le monde professionnel de la musique.
Jacques :
Si tu devais ne garder quune seule guitare, ce serait laquelle
?
Jacques-André
: C'est la pire question qu'on puisse poser à un collectionneur
! Comme collectionneur, on carbure à la variété...
Une guitare pour chaque état d'âme (l'équivalent
politiquement correct de «une femme dans chaque port!»).
Disons que je garderais la plus coûteuse... Comme ça
je pourrais la revendre et en acheter deux :-). Plus sérieusement,
j'hésiterais entre quelques instruments: la Les Paul 1978
(car j'ai promis à ma fille de 9 ans de la lui léguer),
la Godin Montréal (car c'est cette guitare qui m'a permis
de rencontrer Robert Godin, qui est l'inspiration de la création
et qui est l'une de mes guitares favorites), ma Strat 68 (Hendrix!!!)
et ma Telecaster Custom 1973 qui a une mojo formidable! Tu vois
je suis incapable de répondre à ta question!!!
Jacques-André
: Quand je t'ai rencontré la première fois je
me suis dit, ce gars là est vraiment le meilleur ami des
luthiers. Qu'est-ce qui te plaît tant chez eux?
Jacques :
En fait, entre les luthiers et moi cest une véritable
passion qui nous lie. Depuis que jai mis les pieds dans latelier
dun luthier en 1998 : Alain Quéguiner, jai
eu un coup de foudre pour tout ce que représente un atelier
dartisan avec ses odeurs de colle, ses planches de bois précieux,
ses guitares en cours de réalisation
Très vite,
je me suis lié damitié avec certains dentre
eux et lidée de les aider mest venue tout naturellement
avec lexplosion que représentait internet à
cette époque. Je me suis vite rendu compte que le salaire
du luthier était bien loin de suivre les tarifs de ses instruments.
Beaucoup croient le contraire, à tort. Le métier de
luthier est difficile, ingrat, peu rémunéré
et la beauté esthétique et sonore de leurs instruments
mérite quun guitariste qui souhaite sacheter
une guitare de valeur cesse de regarder systématiquement
chez les grandes marques qui inondent le marché et fasse
la démarche de rencontrer les guitares de luthiers, bien
souvent supérieures en tout point. Mon objectif, qui est
devenu un véritable sacerdoce, est de faire connaître
au plus grand nombre de guitaristes la présence des luthiers
et la qualité de leur travail. Ce qui me plaît chez
un luthier, cest quune guitare nest pas quun
simple instrument, cest presque un art avec un rapport humain
que lon ne retrouve pas avec les manufactures imposantes.
Pour aller un peu loin, je dirais que la guitare de luthier a une
âme, celle de celui qui la fabrique. Quand je prends ma guitare
dans les bras, je nirai pas jusquà dire que cest
le luthier que je prends dans mes bras mais sa présence est
bien là, impalpable mais bien là.
Jacques :
Je peux te retourner la même question car je tai rencontré
lors de la première édition du Salon de la guitare
de Montréal en 2007, exclusivement réservé
aux luthiers artisans. Cest un sacré pari puisque de
60 luthiers en 2007, le SGM invitera près de 100 luthiers
cet été. Quel est ton rapport avec les luthiers et
quels sont tes objectifs avec ce magnifique salon ?
Jacques-André
: Je comprends totalement ce que tu dis. Dans mon cas j'ai découvert
la lutherie sur le tard, il y a moins de cinq ans. En fait, je suis
tombé en amour avec les gens de guitare. D'abord avec Robert
Godin, son énergie et sa passion pour la guitare et l'innovation.
Robert est selon moi un des rares hommes de guitare qui continuent
d' apporter des visions nouvelles à l'instrument. Puis j'ai
rencontré des gens comme Mario Beauregard, Bruno
Boutin, Michael Greenfield, Marc Lupien, tous
luthiers québécois, qui m'ont donné le goût
de la guitare fait main, en atelier, en petite quantité.
Le succès du Salon de Montréal, je le dois à
ces gens et d'autres (plusieurs des grands luthiers comme Tom
Ribbecke, John Monteleone, Linda Manzer, Ervin
Somogyi, etc.) qui ont tous à coeur de promouvoir la
lutherie. Mon objectif pour le Salon de Guitare de Montréal
est de créer LA destination pour la guitare haut de gamme:
un lieu de rencontre entre les luthiers, les fous de la guitare,
les musiciens amateurs et professionels, les collectionneurs et
les médias. Je souhaite que l'événement reste
un lieu facile d' approche, où on ne se prend pas trop au
sérieux et où les rencontres sont riches et nombreuses.
Jacques-André
Dupont et Jacques Carbonneaux le 26/03/2008 - http://www.guitarjunky.ca/
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