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Elliott, c'est le titre du dernier
disque des Blankass.
Ce disque m'a dès la première écoute fait une étrange et très agréable
impression, celle que l'on peut avoir après les vacances lorsqu'au
retour on tourne la clef, que la porte s'ouvre et, que l'atmosphère
qui règne dans la maison nous envahit. Cet étrange moment où instantanément,
nous comprenons que nous étions contents de partir mais aussi, que
revenir à la maison est un truc géant.
A la maison, elle est là cette impression.
Blankass pour moi cela aura été La couleur des blés,
ce single extrait de leur premier album au titre éponyme reste gravé
dans ma tronche, la voix de Guillaume, sa diquetion,
l'accordéon bref un truc à part. Le temps à passé depuis, le rock
français ayant connu diverses trajectoires que je n'ai pas forcément
toujours suivi, je suis moi aussi passé, à d'autres musiques.
Il a fallu que cet été je rencontre Nicolas " Nico " Bravin.
Ce mec est humble comme le sont les vrais bons, il m'a dit qu'un
nouveau disque des Blankass allait sortir et, je lui
ai dit que je serais heureux d'en faire la chronique.
A la réception de cette galette, l'empressement avec lequel je l'ai
faite tourner dans mon lecteur était immense alors, le disque démarre
et là, dès les premiers mots de Mon drapeau j'ai su,
tout était encore là. Ces mecs, comme nous tous, ont vieilli, cela
transparaît dans le choix des mots habillant leurs textes. Pas de
nostalgie ici, non, juste le plaisir d'avoir retrouvé le chemin
de la maison après un long voyage.
Welcome home boys.
Est ce qu'écrire un truc du genre " Blankass, c'est du rock à
la française " a encore un sens ? si oui est il commun ? moi,
je ne crois pas.
Le rock en France comme partout ailleurs s'est depuis longtemps
métamorphosé, enrichi de bien des genres. Mickey 3D, les
No One, Aston Vila, pour moi tous ces mecs font du
rock.
Blankass aussi.
Blankass à un univers bien à lui, les sentiments sont
déclinés avec un certain spleen, un regard parfois empreint de pessimisme
optimiste (ou l'inverse), des mots à part, bien à part. Ce disque
contient 10 titres, tout cela y est, et bien plus encore.
Mon drapeau ouvre le bal, d'emblée tout ce que j'ai aimé
d'eux et que j'aime encore, est là avec un plus énorme, LE SON,
il est géant, John Hanlon pour la prod et Ian Caple
au mix ont fait un putain de truc mais pas tout non, il ne faudrait
pas que ce soit l'arbre qui cache la forêt parce que les couches
d'instruments grattes, harmonica, piano tous ça, c'est eux.
Et puis, il y a aussi les mots de ce titre, une ode, une métaphore
sur les baladins, aux instables, aux non affiliés aux courants de
pensées politiquement correctes ou non bref, aux gens libres et,
à ceux qui rêvent de l'être.Guillaume
dit qu'ils lui ont été inspirés par Herman
Hesse après le lecture de son bouquin, Knulp.
Il y a un extrait de ce bouquin en "préface" du
livret.
Fatigué est le single extrait de cette galette, il est dans
la continuité du premier titre avec en plus un gimmick obsédant
à la guitare, les coeurs sont parfaits, c'est presque pop d'où sans
doute cette décision de le sortir en single et pourtant…
Pourtant le titre suivant Qui que tu sois est, de mon point
de vue, le plus beau, le plus représentatif de la grâce qui peut
émaner de ces mecs, la diquetion que j'aime tant, le refrain
chanté avec Manu Monet chanteuse de Dolly, le piano
qui rend le tout un poil…j'en sais rien, d'autant que les rythmiques
à la gratte sont discrètes et présentes à la fois, écoutez les arpèges
électriques noyés dans le delay et un poil de chorus, le synthé
et ses accompagnements sonores l'autre gratte électrique et celles
acoustiques et puis…
Ce titre est une merveille, connard de directeur artistique.
Au Costes à côté prend le relais, chanson d'amour teintée
de jalousie, parallèle entre deux mondes avec d'un côté le mec que
l'on imagine simple, " sandwich à 10 balles " et de l'autre,
les paillettes et autres faux semblants. Simpliste ? non, je ne
crois pas, idéaliste ? sûrement, il n'y a pas d'ombre sans lumière,
100% Blankass ? oui.
Le passage reprend cette thématique de deux mondes différents
avec, un passage visible si, et seulement si, on veut bien le voir.
L'amour et la confiance sont la clef d'accès à la vision de ce passage,
regard doux amer sur notre monde et promesse de monde meilleur,
là encore.
Je ne dirais pas assez à quel point les arrangements sont sublimes,
putain c'est terrifiant, cela fait des semaines que j'écoute en
boucle ce disque et je reste cloué à chaque fois.
Je n'avais pas vu électrifie un peu le truc, le tempo monte
lors de l'intro, baisse au couplet et redémarre dès le refrain,
les curs sont impeccables, le son… Chanson d'amour là encore,
cet amour qui nous pousse a reconnaître que l'on a fait une connerie,
pas une chanson d'excuse non, juste un mec qui dit " je n'avais
pas vu ".
Le chorus de pont est à tomber avec entrelacs guitares / voix. Sublime.
Le prix avec son intro guitare acoustique et voix posée sur
un tempo lent nous plonge dans une ambiance intimiste, les arrangements
sont, une fois de plus, absolument merveilleux, le thème abordé
est celui du prix à payer pour être ami, le poids de l'histoire,
de la nostalgie d'un autre temps.
C'est un titre mélancolique, ces paroles m'ont fait penser à AL
lorsqu'il chante qu'il est mal à l'aise quand on l'aime.
Soleil inconnu est pour moi, le coup de gueule de ce disque,
se titre est partagé entre la noirceur du regard posé sur le monde
et ses diverses sociétés, icônes et, le côté " éternel recommencement
"quel que soit le non sens où, la dureté d'une existence.
Tout est en métaphores, chacun trouvera dans ce titre ce qu'il sera
venu y chercher.
Ce qu'on se doit est une drôle de chanson de fin d'histoire
d'amour, une sorte de résumé un peu décalé, il n'y a cependant pas
d'amertume dans ces mots, plutôt une façon de dire que la vie continue,
des regrets de n'avoir pas exprimé des choses ou, des sentiments,
des regrets de n'avoir pas su ou pas pu le faire avec en fond l'espoir,
le soulagement aussi sans doute de savoir que, la vie continue.
Ecoutez ces mots " tu penses quoi quand tu, penses à moi
? " tout est dit.
OK là, c'est le bouquet final, le dernier titre, cette dernière
chanson est de mon point de vue la plus forte du disque elle s 'appelle
La faille.
La dualité amour / haine est exprimée de façon sublime, le tempo
est rapide, les grattes électrifiées le clavier sonne, l'accordéon
se pointe et tout ça pourquoi ?
Pour une ode à la haine, un constat terrible qui nous signifie à
quel point nous sommes tous vulnérables face à elle,
si...égaux.
C'est fini.
J'ouvre les valises, j'aère la maison, je me dis que le frigo est
vide et qu'il va falloir acheter de quoi bouffer mais avant d'y
aller, j'appuie sur le Play de mon lecteur. Je suis content
d'être de retour à la maison.
Ricardo
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