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Blankass
Elliott
Ricardo
Chronique Album Elliott

Elliott, c'est le titre du dernier disque des Blankass.

Ce disque m'a dès la première écoute fait une étrange et très agréable impression, celle que l'on peut avoir après les vacances lorsqu'au retour on tourne la clef, que la porte s'ouvre et, que l'atmosphère qui règne dans la maison nous envahit. Cet étrange moment où instantanément, nous comprenons que nous étions contents de partir mais aussi, que revenir à la maison est un truc géant.

A la maison, elle est là cette impression.

Blankass pour moi cela aura été La couleur des blés, ce single extrait de leur premier album au titre éponyme reste gravé dans ma tronche, la voix de Guillaume, sa diquetion, l'accordéon bref un truc à part. Le temps à passé depuis, le rock français ayant connu diverses trajectoires que je n'ai pas forcément toujours suivi, je suis moi aussi passé, à d'autres musiques.

Il a fallu que cet été je rencontre Nicolas " Nico " Bravin. Ce mec est humble comme le sont les vrais bons, il m'a dit qu'un nouveau disque des Blankass allait sortir et, je lui ai dit que je serais heureux d'en faire la chronique.
A la réception de cette galette, l'empressement avec lequel je l'ai faite tourner dans mon lecteur était immense alors, le disque démarre et là, dès les premiers mots de Mon drapeau j'ai su, tout était encore là. Ces mecs, comme nous tous, ont vieilli, cela transparaît dans le choix des mots habillant leurs textes. Pas de nostalgie ici, non, juste le plaisir d'avoir retrouvé le chemin de la maison après un long voyage.

Welcome home boys.

Est ce qu'écrire un truc du genre " Blankass, c'est du rock à la française " a encore un sens ? si oui est il commun ? moi, je ne crois pas.
Le rock en France comme partout ailleurs s'est depuis longtemps métamorphosé, enrichi de bien des genres. Mickey 3D, les No One, Aston Vila, pour moi tous ces mecs font du rock.

Blankass aussi.

Blankass à un univers bien à lui, les sentiments sont déclinés avec un certain spleen, un regard parfois empreint de pessimisme optimiste (ou l'inverse), des mots à part, bien à part. Ce disque contient 10 titres, tout cela y est, et bien plus encore.

Mon drapeau
ouvre le bal, d'emblée tout ce que j'ai aimé d'eux et que j'aime encore, est là avec un plus énorme, LE SON, il est géant, John Hanlon pour la prod et Ian Caple au mix ont fait un putain de truc mais pas tout non, il ne faudrait pas que ce soit l'arbre qui cache la forêt parce que les couches d'instruments grattes, harmonica, piano tous ça, c'est eux.

Et puis, il y a aussi les mots de ce titre, une ode, une métaphore sur les baladins, aux instables, aux non affiliés aux courants de pensées politiquement correctes ou non bref, aux gens libres et, à ceux qui rêvent de l'être.Guillaume dit qu'ils lui ont été inspirés par Herman Hesse après le lecture de son bouquin, Knulp.

Il y a un extrait de ce bouquin en "préface" du livret.

Fatigué est le single extrait de cette galette, il est dans la continuité du premier titre avec en plus un gimmick obsédant à la guitare, les coeurs sont parfaits, c'est presque pop d'où sans doute cette décision de le sortir en single et pourtant…

Pourtant le titre suivant Qui que tu sois est, de mon point de vue, le plus beau, le plus représentatif de la grâce qui peut émaner de ces mecs, la diquetion que j'aime tant, le refrain chanté avec Manu Monet chanteuse de Dolly, le piano qui rend le tout un poil…j'en sais rien, d'autant que les rythmiques à la gratte sont discrètes et présentes à la fois, écoutez les arpèges électriques noyés dans le delay et un poil de chorus, le synthé et ses accompagnements sonores l'autre gratte électrique et celles acoustiques et puis…

Ce titre est une merveille, connard de directeur artistique.

Au Costes à côté prend le relais, chanson d'amour teintée de jalousie, parallèle entre deux mondes avec d'un côté le mec que l'on imagine simple, " sandwich à 10 balles " et de l'autre, les paillettes et autres faux semblants. Simpliste ? non, je ne crois pas, idéaliste ? sûrement, il n'y a pas d'ombre sans lumière, 100% Blankass ? oui.

Le passage reprend cette thématique de deux mondes différents avec, un passage visible si, et seulement si, on veut bien le voir. L'amour et la confiance sont la clef d'accès à la vision de ce passage, regard doux amer sur notre monde et promesse de monde meilleur, là encore.

Je ne dirais pas assez à quel point les arrangements sont sublimes, putain c'est terrifiant, cela fait des semaines que j'écoute en boucle ce disque et je reste cloué à chaque fois.

Je n'avais pas vu électrifie un peu le truc, le tempo monte lors de l'intro, baisse au couplet et redémarre dès le refrain, les cœurs sont impeccables, le son… Chanson d'amour là encore, cet amour qui nous pousse a reconnaître que l'on a fait une connerie, pas une chanson d'excuse non, juste un mec qui dit " je n'avais pas vu ".

Le chorus de pont est à tomber avec entrelacs guitares / voix. Sublime.

Le prix avec son intro guitare acoustique et voix posée sur un tempo lent nous plonge dans une ambiance intimiste, les arrangements sont, une fois de plus, absolument merveilleux, le thème abordé est celui du prix à payer pour être ami, le poids de l'histoire, de la nostalgie d'un autre temps.
C'est un titre mélancolique, ces paroles m'ont fait penser à AL lorsqu'il chante qu'il est mal à l'aise quand on l'aime.

Soleil inconnu est pour moi, le coup de gueule de ce disque, se titre est partagé entre la noirceur du regard posé sur le monde et ses diverses sociétés, icônes et, le côté " éternel recommencement "quel que soit le non sens où, la dureté d'une existence.

Tout est en métaphores, chacun trouvera dans ce titre ce qu'il sera venu y chercher.

Ce qu'on se doit est une drôle de chanson de fin d'histoire d'amour, une sorte de résumé un peu décalé, il n'y a cependant pas d'amertume dans ces mots, plutôt une façon de dire que la vie continue, des regrets de n'avoir pas exprimé des choses ou, des sentiments, des regrets de n'avoir pas su ou pas pu le faire avec en fond l'espoir, le soulagement aussi sans doute de savoir que, la vie continue.
Ecoutez ces mots " tu penses quoi quand tu, penses à moi ? " tout est dit.

OK là, c'est le bouquet final, le dernier titre, cette dernière chanson est de mon point de vue la plus forte du disque elle s 'appelle La faille.
La dualité amour / haine est exprimée de façon sublime, le tempo est rapide, les grattes électrifiées le clavier sonne, l'accordéon se pointe et tout ça pourquoi ?
Pour une ode à la haine, un constat terrible qui nous signifie à quel point nous sommes tous vulnérables face à elle, si...égaux.

C'est fini.

J'ouvre les valises, j'aère la maison, je me dis que le frigo est vide et qu'il va falloir acheter de quoi bouffer mais avant d'y aller, j'appuie sur le Play de mon lecteur. Je suis content d'être de retour à la maison.


Ricardo

Chronique Album Elliott
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