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Mary Gauthier.
Si ce patronyme sonne familièrement à nos
oreilles francophones, l'identité de l'artiste ne
fait aucun doute à l'écoute de ce disque.
La country (non ne partez pas tout de suite), fondamentalement
culture US blanche, arrive à ce niveau à devenir
universelle. Bien sur, rien ne manque : arrangements parfaits,
accent du terroir, churs dans les refrains, de belles
guitares partout, du violon, de la mandoline. Imparable.
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Mais derrière
ce conformisme se cache une profondeur, une sincérité
qui fait déjà de ce disque un indispensable. Un
des rares avec qui on pourra vieillir sans honte.
Le renouveau de la country et son accueil chez nous,
sont, qu'on le veuille ou non, liés au succès mérité
du film O'Brother et de sa fabuleuse BO. Et ce renouveau
est porté fièrement par la gente féminine
Gillian Welsh, Lucinda Williams, Emmylou Harris, Alison Krauss,
Mary Gauthier. Mais dans ce lot, Mary Gauthier est la seule
aussi proche du coté obscur. Pas d'hymne à la joie,
au courage, à l'honneur ou à la fierté, voire
à la petite maison dans la prairie. Ici, on est dans les
bas fonds du vécu (pas loin de Michael de Jong autre hébergé
de munich records www.munichrecords.com
déja chroniqué ici).
La ou junkies, amis mort du sida, alcooliques (un
titre s'appelle tout simplement "i drink") et autre
laissés pour compte du pays du libéralisme arrogant
n'attendent et n'entendent plus rien. Et Mary sait de quoi elle
parle avec 39 ans de recul : adolescente rebelle, garçon
manqué, fugueuse, voleuse et finalement emprisonnée
à Kansas city l'année de ses 18 ans (tout ceci est
l'objet du texte du premier morceau "Drag Queens in Limousines"),
elle tiendra un restaurant Cajun à Boston durant 10 ans,
tout en composant des chansons country objet d'un 1er album :
Dixie Kitchen (du nom de son restaurant). Album fort bien
reçu qui lui fera tout plaquer pour basculer dans cette
nouvelle voie. Bien lui en a pris, car ce deuxième album
est un véritable bijou. Authentique.
Coté musique l'album est co-écrit avec
Crit Harmon. L'ambiance est tout de suite plaquée
avec le titre au texte auto-biographique, intransigeant, de "Drag
Queens in Limousines". "Parfois il faut suivre son
chemin coûte que coûte en espérant que ceux
qui t'aiment te rattraperont". Vaste programme perdu d'avance.
Ce morceau possède une forte parenté avec le fabuleux
"Me and my Bobby McGee", version hallucinée
de Janis Joplin. Peu surprenant lorsqu'on sait combien
Mary apprécie Kris Kristofferson. La voix et le
chant de Mary Gauthier vous envoûte immédiatement.
Une voix claire, traînante, au phrasé parfois usé,
fatigué mais tojours vraie et pleine de vie. "Evangeline",
chanson émouvante bâtie sur 3 accords, rappelle la
splendeur du "You can't alway get what you want",
diction de Jagger comprise, et churs vibrants au
refrain. On le voit, on est dans la country aux angles larges.
Panoramique.
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La production
de Crit Harmon est sobre, tout en finesse. Elle porte
discrétement et efficacement les morceaux.
C'est dans les passages les plus dépouillés
que la country de Mary Gauthier ne vous lâche plus.
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Dans
cette guitare lente à peine soutenue par quelques notes
de piano, ce chant prenant, comme dans le délicat et ténébreux
"Our Lady of the Shooting Stars" , "Lucky
Stars" ou "Karla Faye" condamnée
à mort pour l'assassinat de son amant souteneur qui la
rendra accro à l'héroïne. Elle sera exécutée
par injection en 1998 : "Seule dans sa cellule, sans drogue
dans ses veines, la meurtrière redevint la petite fille
perdue
Ses dernières paroles furent " je vous
aime tous ". Adieu Karla Faye". Rien de gratuit
dans chaque mot de Mary "Slip of the tongue"
: "Quand je dis que je t'aime, c'est un écart de
langage. Je ne te mens pas mais je ne te dis pas la vérité
non plus".
Une impression générale de voie sans
issue, de voyage sans retour comme la vie elle même, que
l'on brule au rythme de ses désirs. C'est bien la raison
pour laquelle ce disque nous touche autant et est aussi indispensable
"La vie ne signifierait rien si l'on ne mourrait pas,
les rires seraient vides si l'on ne pleurait pas" (Lifetime).
Dimanche 5 &
Lundi 6 Mai 20h Mary Gauthier with special guest Michael Weston
King
En concerts l'Hotel du Nord 102 quai de Jemmapes Paris
10
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:
www.munichrecords.com
contact : claude.fairplay@wanadoo.fr
site
: marygauthier.com
Drag Queens in Limousines : Mary
Gauthier
01- Drag Queens in Limousines
02- Our Lady of the Shooting Stars
03- Karla Faye
04- I Drink
05- Evangeline
06- Lucky Stars
07- Different kind of gone
08- Slip of the tongue
09- Lifetime
10- Jackie's train
Jph
Mars 2002
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