Cap
sur Klokochazia
Le 27 févier dernier, Nosfell
a délivré un dvd live de son premier album.
Retour sur un phénomène scénique implacable
Créateur d'un pays
imaginaire le Klokochazia et de la langue de ses habitants le klokobetz,
Nosfell est novateur en tous points. Sur son premier album
" Pomaïe klokochazia balek "on a déjà
découvert un artiste singulier qui nous entraîne dans
un univers inclassable et passionnant. Nosfell a bâti surtout
sa réputation sur l'originalité de ses performances
scéniques pendant ses longues tournées. Cet aède
excelle sur scène en interprétant des mélodies
" traditionnelles " de cette contrée imaginaire.
Le dvd live témoigne de la puissance scénique et de
l'intensité profonde de son univers pour celles et ceux qui
l'ont manqué.
Enregistré à Bruxelles,
son concert débute sur une intro douce entraînant le
public du monde réel à Klokochazia. " The wise
left hand " est une subtile entrée en matière.
On apprécie la ligne mélodique distinguée aux
accents mélancoliques. Nosfell s'accompagne à la guitare
acoustique avec le soutien fidèle de son violoncelliste et
bassiste Pierre Le Bourgeois. Cette complicité lui permet
d'évoluer de manière cohérence dans son univers
décalé. Chaque chanson est introduite d'un commentaire
typique et légendaire. A la fois amusant et original qu'on
prend goût à ses petites histoires très vivantes
un brin compliquées et aux caractères très
humains des personnages comme Darazdeblek.
L'album
retranscrit bien l'univers très personnel et multi-instrumentistes
mais sur scène la danse se mêle au chant. Cet élément
scénographique enrichit ce spectacle. La force animale teinte
la prestation de Nosfell, il n'hésite pas à bouger
doucement son corps au rythmique de ses mélodies et à
prendre certaines poses et mimiques dans l'obscurité de la
salle.
Tantôt il superpose ses samples de voix à la perfection,
un exercice rude rythmiquement sur " mindala jinka ",
tantôt il nous gratifie d'un riff efficace "Sladinji
the grinning tree ". On retiendra aussi l'explosif aux frontière
de la transe "Gouz mandamaz" titre symbolisant la symbiose
entre Nosfell et Pierre Le Bourgeois.
Souvent, la folk "Taylor" intimiste s'immisce sur scène
où il joue de sa Nos-Modèle
(guitare des luthiers Damico), qui participe à l'exceptionnalité
de cet artiste au riche univers. En guise de douce transition de
Klokochazia à la vie normale il propose un morceau instrumental
"Slakaz blehezim".
En bonus, un disque inédit accompagne ce dvd et des extraits
d'un concert inédit acoustique et un extrait du concert des
Vieilles Charrues en juillet 2005.
Ainsi on voit le duo se produire aussi bien dans l'église
de Lignan que sur une grande scène au Festival des Vieilles
Charrues. Si l'esprit n'est pas le même, le public se laisse
séduire sans peine. Quand à la prestation elle reste
toujours aussi éblouissante.
Pour certains il est fou et pour d'autres surdoué, il est
vrai que ce personnage ne fait pas l'unanimité. Peu importe
le talent éblouissant ne touche pas tout le monde. Moins
médiatisé que Camille mais tout aussi surdoué,
il a su créer tout un monde à lui fusionnant la rage
et la douceur. Malheureusement il n'a pas été récompensé
au Prix Constantin et aux Victoires de la Musique.
Emmanuelle
le 10/04/2006
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