BANC D'ESSAI - HYBRIDE D'ETUDE ACIER/NYLON - GERARD AUDIRAC |
REDACTEUR : JACQUES CARBONNEAUX |
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Comme je l'ai déjà dit dans un précédent article, j'ai souvent entendu dire que dans le domaine de la guitare, il n'y avait plus rien à inventer. Tout a déjà été fait...
Depuis plusieurs années et au gré de mes rencontres, je me suis rendu compte que c'était faux...
Quand je prends chaque soir ma Martin D28 de 1966 ou ma Quéguiner Jumbo de 1998, je me dis que j'ai trouvé LES sons qui me conviennent et qu'il n'est plus nécessaire de chercher ailleurs.
Alors pourquoi s'obstiner à vouloir découvrir d'autres horizons ?
La réponse est simple et basique : c'est humain.
Chaque corps de métier a ses traditions, ses références et celles-ci sont elles mêmes issues d'autres références avec toujours une constante
inaliénable : le progrès.
Pour illustrer mes propos, je vais reprendre ceux d'un guitariste qui vient d'acquérir une pure merveille du genre, la "Semeur" de Ken Parker que je vous ai présentée dernièrement.
Il me disait que "des luthiers comme Benedetto, Ribbecke et Monteleone critiquent un peu le travail de Ken qu'ils estiment choquant par rapport à la lutherie classique de D'Angelico et D'Aquisto. Ce qui est drôle, c'est que Ken et D'Aquisto étaient très amis et finalement Ken est beaucoup plus proche de D'Aquisto puisqu'à l'époque celui-ci choquait aussi par ses avancées...".
Je ne rentrerai pas dans une polémique car la seule chose qui compte c'est le résultat : la guitare et c'est elle que nous allons juger avant tout.
Je n'ai ni Dieu, ni maître, je n'ai que mon libre arbitre et cela s'applique aussi à la lutherie.
La guitare de Gérard Audirac que je vous propose de découvrir n'a pas encore de nom, car même si l'instrument est abouti dans son concept général, cela reste un prototype. Il est sorti de l'atelier avec les cordes acier montées, le samedi matin. Le soir à 23h30 je commencais les captations vidéos.
Prenez en compte ce paramètre, car Il est évident que l'instrument que vous aller entendre est encore fermé, notamment au niveau des basses.
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DAVID MICHELET |
BENOIT GIL |
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De quoi s'agit-il ?
Pour vous présenter la belle, parlons tout d'abord de son corps. Cette guitare est basée sur le modèle à deux bouches de Gérard Audirac. La caisse est taillée dans une forme de guitare classique avec un dessin original réalisé par Gérard.
La table est un épicéa, le dos et les éclisses sont en contreplaqué de palissandre indien et le manche en acajou. Le diapason est de 65 cm, la largeur de la touche à la tête est de 48mm et à la 12ème frette, de 58mm.
Le modèle est équipé du préampli RMC Poly-Drive IV avec un capteur pour chaque corde.
Le prix est de 2 500 euros net avec étui.
Il peut être équipé de cordes acier ou de cordes nylon.
Le barrage est un éventail que Gérard a mis des années à mettre au point. Ceux qui auront la curiosité de regarder à l'intérieur verront deux sortes d'essences utilisées : un épicéa et un balsa. J'entends déjà certains luthiers hurler ou faire maintes commentaires quant à l'utilisation du balsa. On sait que ce bois est le plus léger et le plus tendre qui existe. Le choix de cette essence n'est pas sans raisons mais nous verrons plus tard, dans un autre article le pourquoi du comment de son utilisation...
Deux bouches sont présentes sur cette guitare. Une placée sur le haut de l'éclisse, l'autre sur la partie basse de la table et de l'éclisse du bas. Cette deuxième bouche réalise de fait un pan coupé.
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Mes impressions...
La première prise en main fut très déstabilisante car de forme classique, j'ai été surpris d'avoir sous les doigts des cordes acier. De plus, même si le manche est moins large que celui d'un modèle classique, il reste, pour un folkeux comme moi, très large et de profil trop fin.
Je savais que les cordes avaient été montées le matin même, je n'ai donc pas été surpris qu'elle soit fermée avec une sonorité un peu sèche, notamment dans les basses.
La projection est tout simplement hallucinante et pas que pour moi qui recevait de l'ouie supérieure une bonne dose de décibels. Les personnes se trouvant face à moi m'ont fait la même réflexion : une très forte projection.
Elle est aussi dotée d'une très forte dynamique et d'une précision sur tout le manche. Ce qui m'a le plus sidéré, c'est qu'elle assume les strumming les plus forts qui habituellement font saturer l'instrument et tourner les basses. Là, la belle ne bronche pas, elle restitue tout le spectre avec précision et équilibre avec tout de même une petite faiblesse dans les basses.
La puissance est son atout premier. En flat-picking, on est séduit par la précision de chaque note.
Montée en cordes nylon, cette guitare impressionne encore par sa projection. Les basses ici aussi sont un peu faibles. L'action est plus adaptée à un jeu de cordes acier qui n'est pas désagréable quand ça frise. En corde nylon, c'est un peu plus gênant, l'action mériterait d'être remontée.
La précision sur tout le manche est exemplaire.
Que ce soit en nylon ou en acier, le sustain est particulièrement long. Elle a une personnalité sonore qui séduit et qui déroute un peu de part cette projection hyper généreuse. Le fait qu'elle soit fermée à cause de son très jeune âge est très frustrant et j'ai hâte de l'entendre et la jouer dans quelques mois.
Toujours est-il que ce modèle mérite les plus grands encouragements, tant pour la qualité sonore exceptionnelle que pour son prix.
Le fait qu'elle soit hybride ne sera sans doute un plus que pour peu de guitaristes mais cela peut aussi ouvrir de nouveaux horizons à d'autres.
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IMPORTANT : conditions d'enregistrement des vidéos...
Pour l'occasion, Gérard avait invité deux guitaristes professionnels. Benoît Gil que l'on peut qualifier de guitariste de Jazz et qui s'est attelé à la partie cordes acier. David Michelet quant à lui est guitariste de Flamenco, il s'est donc occupé de faire sonner la belle en cordes nylon.
L'objectif ici est de ne pas mettre en valeur de façon généreuse l'instrument mais d'essayer de restituer le plus fidèlement
possible ses caractéristiques sonores. J'ai donc évité de prendre des micros tel que Neumann ou DPA.
J'ai utilisé
deux micros Se4 (micros de bonne qualité assez neutre). L'un était placé vers le chevalet, l'autre vers la douzième case. Le tout à 60 centimètres du guitariste. L'enregistrement s'est fait à l'extérieur en plein air sauf pour deux vidéos. La prise électro-acoustique a été réalisée en sortie directe d'un ampli AER avec un câble XLR.
Je précise qu'aucun traitement n'a été effectué sur les pistes audio lors du montage, juste une normalisation à 0db.
J'insiste encore sur le fait que cette guitare venait de naitre. Il faut donc prendre en compte cette indication.
Ce modèle reste un prototype et même s'il est abouti, il sera sans doute amené à évoluer avant sa commercialisation.
Les vidéos...
- PART I : |
Benoît Gil commence en cordes acier sur un thème de jazz. La captation est acoustique |
- PART II : |
En cordes acier avec Benoît sur un thème Blues.
La captation est acoustique |
- PART III : |
En cordes nylon avec Benoît en acoustique et electro-acoustique d'ambiance.
Les deux micros Se4 captent le son de la guitare et de l'ampli |
- PART IV : |
En cordes acier avec Benoît mais en électro-acoustique cette fois avec prise sur la sortie
XLR d'un ampli AER |
- PART V : |
En cordes nylon avec David pour un extrait d'une pièce de Bach en acoustique. |
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Je sais d'avance que ce modèle va générer des polémiques et c'est pour cette raison que j'ai improvisé une interview de Gérard Audirac que vous pouvez visionner ici.
Je vous invite également à découvrir l'unviers musical de David Michelet (sur une guitare Audirac de concert à deux bouches) et
Tsutomu Kawasaki ici.
POUR ACCEDER A TOUTES LES VIDEOS, ALLEZ SUR LES PAGES SUIVANTES...
Jacques Carbonneaux - Avril 2011
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GERARD AUDIRAC - HYBRIDE D'ETUDE ACIER ou NYLON |
CORDES ACIER - PRISE ACOUSTIQUE |
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