Pour Michel Haumont "les chansons sont le prolongement du livret... le disque est le miroir du livret qui est lui-même le miroir du disque". Et il est vrai que les deux éléments, disques et livre, semblent indissociables. Pourtant, chacun pourrait sans problème mener une vie artistique indépendante. Leur réunion transcende l'ensemble.
Les illustrations de Thierry Lamouche sont aussi variées que les possibilités de l'instrument. On n'imagine pas, avant ces dessins, tout ce que peut inspirer une guitare...

Charlélie Couture

Quelle poésie dans ces regards !...

On comprend que chaque artiste se soit autant impliqué, musicalement bien sûr, mais aussi amoureusement, artistiquement au sens large, en insérant un dessin, un commentaire, un poème, une anecdote. Ce qui fait que l'écoute de ces morceaux, principalement des standards, n'est pas réservée aux guitaristes, bien au contraire.

Romane

Que ce soit en classique, blues, musique gitane, rock, folk, variété, flamenco, jazz, la technique, bien présente, n'est pas la vedette. "Je n'ai pas été surpris qu'un tel projet puisse voir le jour. Par contre je le trouve bien différent des autres projets sur la guitare qui ont vu le jour les dernières décennies. Beaucoup d'entre eux étaient ennuyeux et réservé à un public de spécialistes fan de la guitare gymnastique. " (Dan Ar Braz).

Antoine

Cette technique est simplement et modestement mise au service de la sensibilité de chaque interprétation.

On sent que ce projet fut un instant de bonheur pour les participants, certainement, aussi un regard sur soi-même, sur son parcours artistique, un retour aux sources.
" J'aurai une petite préférence pour tous ceux qui ont accepté d'aller au bout du renoncement de la connaissance au profit de leur regard d'enfant " dit JF Lalanne à propos de Roland Dyens et de sa délicate interprétation de " Jeux interdits ".

Lui-même nous gratifiant d'un superbe " Recuerdos de Alhambra " car " c'est le morceau préféré de mon père ".
Alors si certains choix sont assez conventionnels d'autres déconcertent :
" Cette idée d'interpréter "Lili" était dans mes tiroirs depuis au moins dix ans. Même sans les paroles c'est une mélodie "habitée". Elle me permet, entre autres mélodies, de me positionner en tant qu'interprète où les doigts mais aussi la guitare sont au service de la mélodie, sans bavardage et démonstration " (Dan Ar Braz) et prouvent la sincérité du projet.

On retrouve, bien résumé dans ces quelques extraits d'interviews recueillis à l'occasion de la sortie de ce coffret, l'envie de chacun de s'effacer derrière son instrument. De lui laisser "la vedette", de signifier que cette guitare est un échange permanent de bonheur avec celui qui la possède (dans tous les sens du terme). Qu'elle a une très grande part dans ce que chacun est devenu. Pas forcément guitariste d'ailleurs. N'est-ce pas Thierry Lamouche ?

A vous d'aller découvrir les confidences de ces artistes et de comprendre leur démarche. "Je crois que les artistes ne sont pas seulement destinés à se rencontrer quand ils font œuvre utile par rapport à des causes aussi nobles soient-elles. Je pense qu'on défend tous beaucoup de causes et qu'on a aussi parfois envie de partager de la musique".(Y.Duteil).

Si ce coffret pouvait redonner vie à une guitare abandonnée, ce serait sa plus belle récompense. Mais au fait ! N'y aurait-il que les hommes pour vouer un tel amour à cet instrument ? En tous cas, ma compagne lui en veut, parfois, d'être une aussi belle rivale. Et vous ?