Jean-Yves Alquier nous avait déjà ébloui l'an passé avec son modèle Air mail, Charlie Christian Titanium Tribute concept mais là, il s'est une fois de plus surpassé pour le salon de Montréal.
A la limite entre l'instrument et l'oeuvre d'art, Jean-Yves navigue entre lutherie et poésie. Il n'existe pas de superlatif pour exprimer ce que peut représenter un tel objet quand on le regarde, le touche ou l'entend. Il est déjà imprégné d'une histoire, du travail, de la complicité et de la collaboration de plusieurs des meilleurs doigts de la profession, bref, cette guitare est une vraie claque, sans aucun doute le plus beau bijou de la 4ème édition de ce salon.
Comme vous l'entendrez dans les mains de Zeb Heintz, la "papaléocada" est avant tout un lap steel qui envoie du gros son. Je vous propose dans cette vidéo une version acoustique et électrique de la belle rouge !!
Si le prix de 30 000 euros peut en choquer certains, il suffit de lire ci-dessous l'histoire de cette guitare que nous raconte Jean-Yves pour en comprendre la valeur :
La papaléocada est la suite du 'alquier-concept' de 2009, à savoir la 'air mail special'. Le but initial était de poursuivre l'idée de cette guitare en conservant les ingrédients de base, la forme, le rouge, l'érable ondé, l'acajou, les motifs en turquoise, le design de la tête, les fournisseurs (avec des nouveaux) et de concevoir une guitare totalement différente, incapacable de subir la comparaison avec la première.....en quelques mots , de faire deux recettes aux antipodes avec les mêmes ingrédients, reconnaissables dans un même concept.
La guitare de 2010 est née à Montréal en 2009 après le succès de la air mail.
Il n'y avait aucun tricône sur plus de mille guitares et ma fille de un an, quand on lui demandait où était papa, répondait 'papa lé au cada' (NLDR : Papa, il est au Canada). Un nom prédestiné pour une guitare dont l'origine sonore se situe du coté de hawaï (je trouve que ça sonne hawaïen !) Restait plus qu'à faire un tricône.
Mike Lewis m'avait vendu 5 ans auparavant trois cônes et un T (chevalet) (après de longues négociations) parce que je lui avais promis de faire quelque chose d'honorable et d'unique avec....donc j'avais ça en stock.
L'idée première donc, fût de rendre hommage à cet artisan "franglais" et à son travail en essayant de réaliser la fusion entre un tricône métallique et un tricône en bois, une sorte d'hybride.....afin de ne pas subir la comparaison avec ses originaux que je trouve magnifique.
J'ai donc cogité pendant huit mois afin de mettre en place le procédé de fabrication et le design d'un instrument un peu atypique dont le but était de décoiffer les esgourdes à travers un instrument dont l'origine est de 1927.
Pour arriver à mes fins, après avoir réalisé les plans et le mode de fabrication, je suis allé apprendre les soudures à l'argon avec Jean-Michel Adol des ateliers Dupont dans la mesure ou 'l'exo-squelette' de l'instrument est en inox. Puis j'ai réalisé avec lui cet exo-squelette, j'ai ensuite rendu visite à Nicolas Mercadal pour réaliser avec le micro que j'avais dessiné afin de l'optimiser pour le style de l'instrument, ce qu'il à fait à merveille, sans étonnement vu qu'il excelle dans ce genre d'exercice et je tiens à le faire savoir. Puis je suis allé trouver Christophe Jégou pour qu'il me réalise une petite tête d'ampli avec comme impératif qu'elle possède une lampe KT66, qu'elle soit inférieure à 25cm de long et soit dédiée à l'instrument....nous l'avons testée à son atelier avec un lap-steel....une merveille....il n'y avait plus qu'à l'habiller, donc je lui ai fait un costard sur-mesure.
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En rentrant, j'ai préparé l'érable ondé massif, j'ai fabriqué une cintreuse spéciale, j'ai défoncé le bois pour le préparer au vernis, je l'ai vernis en rouge vif, je l'ai découpé pièce par pièce (115 pièces au total) en ayant pris soin avant le vernis de cintrer les éclisses avec les défonces qui correspondent au passage du métal et j'ai placé, en les collant une par une, les 115 pièces d'érable déjà vernis dans l'exosquelette (comme du vitrail ) en prenant soin qu'elles se positionnent le mieux possible (ce qui m'a valu une tendinite à la main).
En parallèle, j'ai fait le manche en acajou renforcé carbone et la touche en blackwood avec incrustation turquoise avec le motif récurant de la air mail spécial. Les mécaniques sont des Rodgers uniques sur plan et le placage est en inox avec renforts carbone.
J'ai réalisé pour le fun un capo amovible en carbone et sillet à rouleau qui peut glisser jusqu'à la 12eme case avec deux roulements à billes dans une rainure prévu.....afin de changer la tonalité quand on veut sans problème....un petit détail dont je suis particulièrement fier !
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J'ai fait anodiser les cônes pour leur donner un look et chromer le chevalet (merci Hervé Tonnard !) parce que contrairement aux tricônes standards, je voulais qu'on lui voit le moteur et qu'il soit rutilant......j'ai donc fait une pièce inox cintrée que j'appelle le papillon afin de reposer la main pour jouer, enchâssée dans la structure et fixée à l'aide de micro aimants surpuissants, donc amovible.
Le tout dans un bel étui sur mesure de chez Calton-case.
J'ai installé en plus du micro magnétique 'Benedetti' un piezo spécial tricône pour les aficionados, avec deux sorties XLR totalement indépendantes à gérer en extérieur....Il n'y à pas de potentiomètre sur l'instrument.....les potards sont sur l'ampli...et de préférence à 10.
La guitare est livrée avec un tone-bare custom unique, un chiffon au nom de l'instrument et une couverture d'étui interne brodée par des doigts de fée .....comme chez Gibson mais en plus beau....un pack complet pour la modique somme de 30 000 euros.
Pour la petite histoire, Mike Lewis sans connaitre le projet à fait Nickeler le micro benedetti pour moi.
J'en ai vraiment chié pendant un an, donc j'ai l'impression d'oublier des étapes, mais après avoir entendu l'engin sous les doigts magiques de ZEB HEINTZ (je découvrais les premiers cris électriques de la guitare, vu que, comme d'hab je l'ai finie à l'hôtel) je peux dire que je suis entièrement satisfait du résultat sonore....parce qu'après tout c'est quand même une guitare !
Encore merci à Nico mercadal de 'Benedetti' et Christophe Jégou pour ses super amplis.....deux monstres sans qui ce genre d'instrument n'auraient aucun intérêt."
Jean-Yves Alquier - Juillet 2010
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