Jacques Carbonneaux
: Peux tu nous présenter ton parcours et tes origines
musicales ?
Solorazaf:
Mes origines musicales, c'est d'abord la musique folk, surtout le
côté technique du folk c'est-à-dire le picking.
Mais j'aime beaucoup les chansons, j'aime beaucoup James Taylor
par exemple. J'ai aussi touché un petit peu à toutes
formes de musiques, j'ai été musicien de studio dans
la variété africaine. J'ai accompagné pas mal
d'artistes dans la sphère africaine. La dernière artiste
que j'ai accompagné est Myriam Makeba. Ca m'a aussi permis
de jouer dans son spectacle, j'avais dix minutes pour faire mon
petit picking personnel.
Je suis autodidacte. J'ai pu ne pas rester dans un carcan établi,
on l'entend avec ma musique, je suis influencé par des musiques
comme le folk mais aussi des musiques traditionnelles malgaches
puisque j'ai vécu à Madagascar. Ensuite j'ai joué
dans les bals en faisant de la variété française,
du blues, du rock n roll, un petit peu toutes les musiques.
Puis j'ai fait mes propres musiques.
JCA : Comment sont nés
tes albums ?
Solorazaf : Ca se passe naturellement.
J'utilise la guitare comme un instrument qui rappelle certains instruments
utilisés à Madagascar. Par exemple une harpe tubulaire
qui s'appelle la Viala. Je suis très imprégné
par le jeu de cet instrument donc je l'applique à la guitare.
C'est une traduction du jeu. Je suis très influencé
également par la composition brésilienne. J'aime beaucoup
garder les rythmes de la tradition mais ouvrir sur les accords et
les harmonies de la musique brésilienne tout en gardant une
ligne que l'on puisse chanter. Si tu écoutes le disque, tu
verras que tout peut se chanter.
JCA : Comment t'es-tu retrouvé
dans le projet initié par Jean-Félix Lalanne ?
Solorazaf: On s'est rencontré
il y a quelques années, on a été présentés
par des amis communs. Il m'a invité plusieurs fois, nous
avons des amis communs, je connais bien maxime Le Forestier, j'ai
joué avec lui
Avec Jean-Félix cela s'est fait
avec une simplicité redoutable.
JCA : Qu'attends-tu de ce concert
et du concept ?
Solorazaf: Le concept est très
bien puisque l'on fait se rencontrer les musiciens et le grand public.
Intéressant aussi parce qu'on ne parlait plus de cet instrument,
et pourtant on en vend plein
(rires). Cette soirée va
permettre de montrer que les styles sont bien vivants, qu'il y a
toujours des amateurs de tous styles et que l'instrument se développe
à grande vitesse. J'espère que ce sera une réussite
et qu'il y en aura d'autres.
Cela donne à tout le monde l'occasion d'écouter tous
les styles. En sortant du concert, j'espère que les gens
auront envie de reprendre la guitare et de fouiller dans les méthodes
et découvrir le musiques du monde entier. En se disant par
exemple "je vais aller écouter Abaji, il a sorti un
truc oriental fabuleux", "Jean-Félix a fait une
pièce celtique géniale" etc..
JCA : Peux-tu nous parler de
tes guitares ?
Solorazaf: J'ai des guitares
fabriquées au Québec par un couple de luthiers, Monsieur
et Madame Hamel. Je les ai rencontrés à Montréal
car j'y allais souvent. Un jour je suis tombé sur une semi-acoustique.
Ils font des guitares de voyage améliorées, un petit
peu sur le modèle des "Martin". Elles sont adaptées
à mon jeu. Grâce à ces guitares j'ai pu retrouver
le son d'instruments de Madagascar comme un luth court. Lorsque
je suis rentré à Paris je suis allé chez mon
ami Christophe, le Guitaragiste (XIIème arr. Paris) et j'ai
fait électrifier les guitares parce qu'au départ elles
étaient uniquement acoustiques et elles avaient une très
belle projection, j'en ai perdu un petit peu à force de faire
des trous dedans. Ces instruments expriment vraiment mon âme.
JCA: N'as tu que des guitares
de luthier ?
Solorazaf : Non, j'ai eu des
guitares traditionnelles comme des stratocasters ou des Gibson.
JCA: Quels sont tes projets
?
Solorazaf: Je prépare
un album qui sera chanté, avec des chansons en français
et en malgache, avec neuf ou dix titres. Le chant sera très
important. Je ferai aussi des percussions avec la voix. Ce sera
guitare- voix mais il faut que ça sonne comme un orchestre.
Je vais continuer ce style pendant deux ou trois albums. Je considère
que la guitare nous permet d'être libres. On peut se balader
avec sa guitare, composer une chanson
Ca peut sembler banal
mais c'est très important de pouvoir partager cette liberté.
Les troubadours du monde ont besoin de ce type d'instrument. Mais
il faut beaucoup travailler pour ne pas lasser le public sous prétexte
d'être libre et seul. Il faut inventer des choses et apporter
quelque chose à la guitare. Il faut continuer à créer
tant qu'on a les moyens de le faire.
JCA : Le fait de te retrouver
seul après avoir joué avec de nombreux guitaristes
n'a-t-il pas été difficile pour toi ?
Solorazaf: Non parce que je
fais aussi partie d'un groupe qui s'appelle "words of guitar"
qui est basé aux Etats-Unis et avec qui je vais tourner aux
Etats-Unis cette année. Nous sommes quatre guitaristes. Je
travaille aussi avec d'autres musiciens, j'ai l'habitude de travailler
avec des cordes également. J'espère que toutes ces
collaborations aux Etats-Unis comme ici à Paris avec Jean-Félix
vont continuer.
Jacques Carbonneaux
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