Alors
sinon, à part les Sada Yairi, qu'est-ce que tu as comme guitares
?
Alors, Gibson LG2. LG2 c'était des modèles de petits
jumbos, sunburst, Gibson. Je l'avais amené au Cirque d'Hiver,
je le sors d'ailleurs chaque fois que je passe à Paris, parce
que je l'aime bien. C'est un peu la belle guitare en son, sauf qu'elle
est, comme j'ai dit, pas facile à sonoriser.
Donc quand les conditions sont bonnes, je la sors en scène,
et j'ai enregistré pas mal de titres avec ça sur le
disque aussi. C'est une LG2 que je monte plutôt dur, enfin,
ça va du 12 à 52, 12 à 53, et ce sont des guitares
qui aiment bien qu'on les rende rutilantes de cuivres et de tension.
Sinon, sur le précédent disque, "Que toi",
j'ai utilisé une petite " Art et lutherie ". J'aime
bien favoriser cette guitare, parce que c'est une guitare pas chère,
dont j'adore le son et que j'emmène en voyage. Je l'ai emmenée
à New York pour enregistrer "Que toi". Elle est
rouge avec une laque assez épaisse mais mate, cerise un peu,
assez jolie ; mais quand on la voit, on ne soupçonne pas
que c'est une guitare avec un tel son !
as
tu une guitare électrique ?
Oui, j'ai une épiphone Zéphyr de 61, mais version
Gibson en fait. Quand je fais des solos je les fais avec ça
mais j'en fais peu, sur le dernier j'ai voulu être plus basique.
Et donc je l'avais sortie pour faire l' "Arborescence",
et j'ai préféré le faire d'une part avec la
Gibson en guitare rock quoi, plus ou moins. Et puis par ailleurs...
Non, la sada, tiens,c'était la Sada, oui, il me fallait un
peu de brillance quand même, hein, la gibson est plus medium.
Et voilà, honteusement j'ai utilisé la douze cordes
comme basse... celle d'Alain Quéguiner, sur laquelle j'ai
écrit des chansons, mais j'ai du mal avec... C'est un peu
le même problème qu' avec les Martin :
c'est que c'était trop connoté, très vite ;
donc moi je m'en suis servi comme guitare basse.
Honteusement. Et donc j'ai fais quelques... Ben, je voulais un son
un peu phasé... Phasé mais... acoustique quand même.
C'est vrai que les cuivres me donnent déjà ça
: ma voix et les cuivres, on se ballade, un peu, dans l'accord,
mettons, mais il me fallait aussi un peu d'épaisseur, en
bas, et de la résonance, du sustain. Donc je me suis servi,
sur "l'eau est là" et sur "l'Arborescence",
de la 12 cordes, j'allais dire en cordes sympathiques... C'est à
dire des cordes résonnant avec d'autres dans un registre
grave, que je voulais quand même assez précis, et en
même temps phasant. Donc sur "L'eau est là"
et "l'Arborescence" je m'en suis servi comme guitare sustain,
quoi... dans les basses.
Alors justement, dans ton dernier
album la guitare est quand même moins présente qu'on
pourrait se l'imaginer, au bénéfice, effectivement,
des cuivres.
Oh ben y'a aussi fromage et dessert, quand même ! Y'a un peu
de glace sous le fromage !
Mais c'est vrai que c'est pas la même écriture. Le
disque devait s'appeler : "Arbre", et bon, en effet, c'est
pour faire une figure de style, c'est pour dire que peut-être
que le picking fleuri, les ornements, la guitare détaillée,
ça va bien avec la jeunesse. C'est physique et psychologique
: c'est à dire que je m'épaissis, mes doigts s'épaississent,
mon envie de faire des jolies parties flûtiesques s'estompe
(rires) enfin, est remplacée. En effet, "Potron Minet"
est une chanson quasiment d'adolescent, donc le picking va bien
avec, mais pour "La montagne", j'ai eu besoin de cuivres,
je tendais plus vers l'accord, j'allais dire battu, enfin, frappé,
sans dureté pour autant, en cherchant des accords, des résonances
plutôt que des fioritures. Je sais à qui je cause,
LaGuitare.com, mais la guitare n'est pas une religion pour moi,
hein.
Mais n'empêche que tu es une
sacrée référence, malgré tout, en tant
que chanteur guitariste.
Ben heu oui, enfin, qu'est-ce que tu veux que je réponde
à ça ? Je ne le sens pas chez les autres.
Hein ? Pardon ?
Je sens des jeux savants de guitare, mais j'ai pas l'impression,
je veux dire, d'avoir marqué des guitaristes, du moins, je
ne l'entends pas dans les chansons.
Peut-être Mathieu Boogaerts qui a un jeu très pop,
avec du picking quand même aussi, mais il est beaucoup plus
avancé dans ses riffs.
Et la guitare électrique,
donc, comme tu disais tout à l'heure, c'est comme quelque
chose qui est en attente.
Qui est en attente ? Donc
c'est... J'ai peur d'être violent.
Ouais ben justement, c'est fait
pour !
Oui, mais je ferai... je veux dire si je fais... C'est pour revenir...et
éventuellement, je n'ai pas de projet précis dans
ce sens, mais je vise, quand même, un jour, en effet, une
rythmique Blues.
On a vraiment l'impression, dans
ton dernier album, que tu reviens, un peu, aux sources.
C'était ma commande. Je voulais écrire un disque
pentatonique, un disque folklorique...
On a l'impression que tu aurais
pu l'écrire il y a 20 ans, cet album...
Oui, mais déjà il y a 20 ans c'était un exercice
de style. (rires)
C'est un peu snob de dire ça, mais quand même, je veux
dire, c'est un emprunt. " Plouc " n'est pas une vue à
long terme. C'est juste histoire de se faire plaisir un peu, d'abaisser
un peu le niveau d'exigence, pour arriver à des chansons
à chanter. Parce que bon, d'habitude, contrairement aux enfants,
les adultes, il faut toujours qu'ils écoutent 4 ou 5 fois
pour comprendre ce qu'a voulu dire le poète. Alors que les
mômes, c'est tout de suite. Donc en effet c'est plus un disque...
franchement, j'ai honte de le dire, mais je le dis quand même,
un peu dans l'esprit des Choristes, et de la France profonde réactionnaire.
(rires) qu'on a aujourd'hui, hein, c'est presque un disque scout,
quoi !
Donc, j'assume ça, périodiquement, comme j'ai été
scout et j'ai assumé, parce que même en tant que scout
j'ai assumé, bon... on fait pas que des choses sages...
(rires) heu, c'est un phantasme, (rires), homosexuel, (rires)
Et donc voilà, enfin, un peu de politique, un peu de harderie,
parce que ça c'était mon époque d'émancipation,
ce côté attardé un peu aussi, et le droit de
dire des gros mots, et de traiter les hommes politiques de cochons.
Mais bon, ça reste quand même, de façon harmonique,
un disque relativement "chinois"... ou... berbère.
Ces musiques-là ont en commun d'avoir des mélodies
et des structures assez tonales, pentatoniques. Je voulais écrire
des chansons chantables.
Merci Dick, et on ne désespère
pas de t'entendre sur scène, ou sur un album avec une guitare
électrique, alors ?
Oh ben ça, c'est une évolution longue... (rires) 52
ans, j'ai toujours pas trouvé la prise ! (rires), salut Jacques.
Interview réalisée
en mars 2005 par Jacques
Carbonneaux - Transcription : Lau
Leroy-Labois
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