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L'artiste qui a marqué cette année musicale est sans conteste M. La tournée qui a suivi son dernier album lui a d'une part valu de triompher sur les routes : des zéniths de provinces aux triplettes de Bercy, en passant par les festivals tels que Paléo, les Eurockéennes, Solidays, ou encore les Vieilles Charrues et jusqu'au Québec ! De même, il a reçu tout récemment la récompense du meilleur spectacle aux Victoires de la Musique. Inspection du phéno-M-ène scénique.

C'est à la scène que -M- a construit les bases de son succès. Il est désormais unanimement reconnu pour ses performances scéniques, qu'il considère comme l'essence de son art. Ne l'oublions pas il reste un guitariste de talent, un artisan perfectionniste.
Chaque tournée possède son décor : les meubles rapportées de sa chambre au décors hippie kitsch de la seconde tournée jusqu'à la guitare rose géante dessinée par Cyril Houplain. Ce dernier album a été réalisé de façon originale, avec l'aide du public, puisqu'il en a démarré la production par une tournée " test " et secrète : "l'Avantour " à guichets fermés sans aucune promotion. Sur scène, -M- est entouré de ses musiciens qui sont tous sauf de simples accompagnateurs mais des musiciens singuliers et talentueux : chacun d'eux possède son univers. Vincent Segal, élégant dans son costume noir, à la basse et au violoncelle orientalise la moindre ligne mélodique. Cyril Atef à la batterie et aux percussions fait découvrir un instrument : le hang tout en dynamisant la salle de ses brèves interventions à l'humour décalé. Ces deux là ont constitué de leur côté l'étincelant Bumcello. Non seulement DJ Shalom aux platines, plus sobre, crâne rasé et veste à brandebourgs, offre plus de dix minutes d'une session purement technoïde, il accompagne aussi à la basse. Quant au cow-boy Sébastien Martel, vieux compagnon, mais dernier arrivé dans le groupe, il colore certains morceaux d'une touche folk.
C'est cette équipe fidèle qui permet à -M- d'évoluer dans son univers onirique de manière cohérente. Plus de deux heures et demies d'un show harmonieux et intense au cours duquel il emmène un public un brin jeunot dans sa bulle musicale version barbe à papa-zen. Il s'amuse toujours autant même si quelques une de ses dernières chansons abordent des thèmes plus graves.
A 21h00, -M-, vêtu d'une redingote noire, rehaussée d'un liseré argent avec un col à strass et dont la coupe de cheveux, inimitable, forme trois pointes qui évoquent sa lettre fétiche, sort de la guitare rose géante qui orne la scène. Son entrée sur scène est fracassante lorsqu'il joue à la rock star égocentrique " Mon égo ". Complice, le public joue l'hystérie mais ni l'un ni l'autre ne sont dupes. Dès le second titre " Monde Virtuel " il décolle un long solo à la Hendrix, sautillant partout jusqu'à se rouler sur scène, sous les hurlements d'approbations générales. Ensuite la " Bonne étoile " démarre sur une lente intro orientale au violoncelle électrique, le rock implacable de " Quand je vais chez elle " dont le riff à la Rickenbacker noir ébène reste indescriptible. Il enchaîne le rock seventies, la ballade jusqu'à l'effleurement du reggae notamment avec " Mama Sam ". La plupart du temps, l'ambiance est endiablée, comme sur les chansons " Psycho bug", "Qui de nous deux" ou "Je dis aime". Parfois, -M- se fait plus tendre, comme sur le titre "A tes souhaits" avec sa fameuse guitare rose Billie, charmant toutes les jeunes filles en fleurs c'est-à-dire les trois quarts de la salle.

Chaque soir, -M- laisse la vedette quelques minutes à des musiciens qui se manifestent dans le public : c'est le gimmick, un moment de pause au cœur du concert. Bien souvent il les accompagne, son groupe en fait de même. Il ne siffle pas dans son kazoo et les laisse jouer jusqu'au bout de leur morceau. La grace de -M- est de faire de ces moments de simples prolongements de cette étonnante complicité avec le public. Il apostrophe les spectateurs, dialogue et plaisante avec eux, en fait monter certains sur scène pour danser pendant son tour de chant en toute décontraction.
A 200% dans sa musique, -M- innove toujours pour que ses concerts restent dans la même ambiance bon enfant. En rappel, il propose " En tête à tête " : un morceau inédit très rock, trop facile d'une certaine façon, mais tellement efficace par sa mélodie qu'il conquiert le public. Ce titre pourrait bien devenir l'emblème de la tournée tels que l'ont été " Je dis Aime " ou " Mama Sam " aux tournées précédentes. Malgré l'enchaînement de grandes salles, -M- clôt son spectacle, seul à la guitare sèche en toute intimité avec un doux medley du " Baptême ", son premier album. Il laisse son public sur un nuage tout en le remerciant chaleureusement. Les plus vieux admirateurs regrettent le titre " Pick pocket " trop rare en concert qui les auraient époustouflés. Ce spectacle a été en constante évolution. Si -M- n'existe que sur les planches : un double humoristique et décalé créé pour se lancer dans la musique en 1997, ce personnage exubérant lui permet de dépasser sa timidité naturelle, mais Matthieu s'est effacé devant -M-, et c'est lui qui tient les rênes. Peut-être -M- va-t-il prochainement disparaître pour que Matthieu reprenne son apparence naturelle.
Le 23 août 2005, un DVD et un disque enregistrés lors de son passage à Bercy fin novembre dernier sortiront dans les bacs, ainsi vous pourrez revivre ces grandes émotions scéniques dans votre salon !

Emmanuelle Libert

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