Comment
avez-vous rencontré -M- ?
C'est une vieille histoire
. Matthieu on l'a rencontré professionnellement, pour
la première fois, à l'époque où
il était guitariste pour son père : Il a eu
un problème sur une de ses guitares assez spéciale,
une SG Custom Blanche. C'etait il y a dix ans. A l'époque
on était déjà souvent dans les studios
de répétitions, voire, parfois, en studio d'enregistrement.
Matthieu, quand je l'ai vu jouer en studio de répétitions
à Campus, je ne le connaissais pas, je ne savais pas
qui c'était . Et là j'ai pris une première
grosse claque, je m'en souviens encore ! Il a une vitalité
incroyable, il met beaucoup d'énergie dans le jeu.
L'énergie, ça lui permet de compenser la technique
C'est cela la guitare(rires).
Quels sont les modèles
que vous avez fabriqué pour -M- et pour ses musiciens
?
Il y a le violoncelle
de Vincent Segal, superbe instrument qui correspond complètement
à Vincent , qui est en train de faire des séances
studios aux Etats Unis et qui a fait les concerts de Bercy.
On est très fiers de ce travail-là. Par contre
pour -M-, on va l'appeler Matthieu quand même , on a
pas fabriqué de modèles . La Strat qui est là,
c'est un modèle qui existe depuis des années
: on a fait du custom , de l'entretien. Quant à Sébastien
Martel, on s'occupe des ses guitares depuis quelques années
. On a changé beaucoup de micros, faits des réglages
et des adaptations, mais on n'a pas fabriqué de modèles
spécialement pour eux pour le moment .
Bientôt d'autres modèles
?
Le problème
c'est que la tournée de -M- s'arrête : il va
reprendre sa vie de Matthieu et il n'aura pas besoin d'une
nouvelle guitare immédiatement. C'est à voir
avec le temps, on a le temps et lui aussi... cela peut prendre
un certain temps
(rires)
Quels
sont les spécificités des guitares ?
Chez -M-. ç'est
le show qui détermine tout : Chaque morceau représente
pour lui un environnement acoustique, ç'est lié
je pense à son rapport avec la musique. S'il a envie
d'être teigneux, haineux il va utiliser la Firebird,
s'il a envie de donner plus d'expressivité et de légèreté
, il va utiliser sa Strat, s'il veut y mettre beaucoup d'effets
scéniques, il utilise cette guitare très pointue
Felline . C'est sa magie justement, c'est lui qui choisi de
former un couple avec tel ou tel instrument selon ce qu'il
veut en faire. Il ne choisit pas a priori d'après les
spécificités de la guitare : au contraire ç'est
lui qui lui impose une spécificité selon les
cas.
Est-ce pareil pour ses
musiciens ?
Dans ce fonctionnement
les musiciens ont un travail qui est différent du sien.
Ils ont une mise en place, puis un certain recul. Ils ne se
mettent jamais complètement en avant. Sauf pour le
morceau de Vincent Segal, un solo de violoncelle : un truc
énorme ... Sébastien Martel a une Gretsch et
une Télécaster, des guitares aux sons très
particuliers, qui sont assez agressives, quand on les joue
tout seul dans un ampli. Au travers du mix c'est plus probant.
Si tout le monde joue à fond effectivement la guitare
Télécaster n'est pas si prêtée,
la Gretsch aurait plus de corps. Tu vois, Sébastien
Martel, il a un chapeau sur scène, il doit passer la
sangle sous le chapeau chaque fois qu'il la met ou qu'il l'enlève
Essaye de le faire devant ta glace et tu verras que c'est
pas facile . Utiliser cette Gretsch c'est un atout pour lui,
tout comme son chapeau. Ca pose sa propre personnalité,
ça fo!rme un tout dans lequel le musicien se retrouve.
Sans ça il est perdu. L'instrument fait partie de l'ensemble,
mais ce n'est jamais lui qui définit les choses.
Depuis combien de temps
exercez vous ?
J'exerce depuis vingt-deux
ans. J'ai commencé à quatorze ans. Faute de
moyens : j'avais pas d'argent pour m'acheter ma première
guitare : je me la suis fabriquée. Je ne dirais pas
que j'étais devenu luthier pour autant... J'ai surtout
rencontré un milieu de gens qui jouaient de la guitare,
mais à l'époque j'étais tellement mauvais
(rires)
Je me suis dit il y a sûrement une façon
d'atteindre ce milieu. C'était facile alors. Aujourd'hui
c'est beaucoup plus dur car il y a énormément
d'appelés et peu d'élus. Quand on est jeune
on n'est pas bon. On ne peut pas s'installer luthier du jour
au lendemain. Il faut du temps pour acquérir de l'expérience,
plus que trois ans d'école - quand on trouve une école,
car il n'y en a pas en France à l'heure actuelle ;
on te propose seulement des stages. En fait,! il y a une école
qui s'appelle l'ITEMM, au Mans, mais ce n'est pas une école
de lutherie.
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