En moins
d'un an, Cali est devenu la nouvelle valeur montante de la chanson
française, unaniment. Cali et ses musiciens vivent une vraie tournée
marathon. Justement, il y a plus d'un an que Cali avait participé
chaleureusement à GuitarFolies
en août 2005. En résidence à la Maroquinerie, Cali nous a fait
partager avant sa prestation du 11 octobre des moments moins médiatisés...
Après
avoir parcouru les zéniths de France, tu joues à la Maroquinerie
depuis le 4 octobre dans une formation plus intimiste, pourrais
tu nous expliquer ce choix ?
Cali : Nous avons fait toutes ces grosses salles... Depuis
plus d'un an, nous sommes sur la route et les gros festivals. En
faisant le bilan de toute cette tournée, on s'est rendu compte qu'on
avait touché plus de quatre cent cinquante mille personnes, ce qui
est énorme. Nous avons connu de grands moments de folie comme Les
Vieilles Charrues avec plus de soixante mille spectacteurs et la
Fête de l'Huma avec cinquante mille spectateurs. Juste avant ces
concerts, on entend les clameurs du public. Le mélange du trac,
l'émotion et la chance d'être là m'amènent souvent à pleurer avant
les concerts. Pendant les concerts, j'ai souvent vomi aussi. Beaucoup
de choses remuent, même physiquement… Ensuite on pleure, on se serre
fort. Ce sont des grands moments de vie. J'ai eu très peur de m'arrêter
net. Après la première tournée « L'amour parfait », nous nous étions
déjà arrêté net. La redescente est difficile. Evidemment, nous sommes
chez nous mais tous ces gens qui nous envoient pleins de choses
s'arrêtent d'un coup. Cette fois, je ne voulais pas que tout s'arrête
d'un coup.
Est-ce ta façon de finir doucement ta tournée
?
Cali : Oui. Plutôt que de sauter d'une falaise, c'est s'allonger
sur la plage et prendre la mer doucement sur soi.
C'est aussi beaucoup plus proche des gens
comme démarche....
Cali : Oui. C'est aussi pour regarder les chansons différemment.
Une bonne chanson tient debout avec une guitare et une voix. Avec
mes amis, nous avons arrangé les morceaux : Julien Lebart
au piano, Nicolas Puisais à la trompette, Blaise Margail
au trombone et moi-même à la guitare. Tout est arrangé autour
de cela. Quand tu souris à autant de monde dans un festival c'est
quelque chose de très fort. Mais lorsque tu souris à des visages
qui sont à cinquante centimètres de toi, tout se mélange Ensuite,
il y a l'idée de faire tout ce qu'on veut. Nous sommes chez nous,
nous faisons ce que nous voulons. D'ailleurs, chaque soir c'est
ce que j'annonce au début du concert. Il y a toujours un peu de
bordel d'organisation, des invités à mettre en place... Les gens
sont heureux de voir ces invités et ce concept. Depuis le debut
de la sémaine j'ai eu comme invités : le premier jour Mickael
Keal ( Benoît Delépine), Thiéfaine, Polar, Mathias
des Dionysos, Dj Zebra. Hier, Raphaël et Bénabar
sont venus. Ce soir et demain il y en aura d'autres invités ...
Et ce soir alors ??
Cali : Ce soir, Michel Delpech sera mon invité. Nous
allons chanter « Pour un flirt avec toi ». Demain, Bernard Lavilliers
sera là.
Avec quelle guitare joueras tu ce soir?
Cali : Je joue avec mes deux guitares fétiches : ma Claude
Fouquet
et ma Jean-Yves
Alquier. Tous les soirs, des gens me demandent quelles sont
ces guitares qui sont géniales.
De toute façon ta guitare Claude Fouquet,
tu ne la laisseras jamais....
Cali : Non. Cette guitare finira comme elle finira.... Mais
on avance ensemble. La guitare Alquier reste troublante car Jean-Yves
m'expliquait qu'il y a du bois dedans qui vient d'une forêt située
à deux kilomètres de là où j'ai toujours vécu. Là, je promène cette
guitare partout !
Cela nous a réjouit que GuitarFolies (le
festival laguitare.com) ait servi à quelque chose. Par exemple à
la venue de Pierre Bensusan chez toi. Comment ça s'est passé ?
Cali : Le concert que Pierre Bensusan avait donné
à GuitarFolies m'avait bouleversé. Après on s'est revu et
appelé. On s'est raté quelques fois à cause de nos plannings très
chargés. J'en ai parlé à des amis à Perpignan qui organisent un
festival. Evidemment, ils étaient intéressés et ont réussi à le
faire venir à Perpignan. J'ai juste été le contact.
Je voulais te parler de la tournée voix
du Sud – on s’est d’ailleurs
rencontrés lors des Rencontres d’Astaffort en mars 2005 – au delà
du fait que tu étais parrain de cette session , ton implication
est désormais plus forte avec eux.
Cali : Leur projet est complètement génial. J'ai vu la construction
de chansons en direct avec des gens qui ne se connaissaient pas.
Des jeunes artistes chanteurs, auteurs, compositeurs, interprètes.
Il y a un vrai mélange .J'ai pu croiser Daguerre,
dont j'adore l'album qui est passé par là aussi. J'ai pu approfondir
ma relation avec lui. Il était avec nous hier et il fait des premières
parties sur la route aussi . Voix du Sud est une aventure
incroyable. Jean François et Serge sont des gens exceptionnels qui
donnent envie de s'investir. Cela donne un sens à tout ce qu'on
fait. Evidemment, il y a les chansons. Mais construire une chanson,
c'est rencontrer des gens et aller sur les routes promener ses chansons...
Jean François et Serge ont tout compris parce que tout part du petit
village d'Astaffort. Ce petit village est le détonateur d'un feu
d'artifice qui part dans tous les sens ensuite. Cela devient une
vraie référence. L'idée de partir en tournée pour Voix du sud m'a
séduit. On partait avec notre petit cirque en voiture avec mes trois
amis et Jean-François. Les gens étaient touchés. Comme nous avons
fait les zéniths de France, on ne pouvait pas faire les petits lieux.
Là c'était l'occasion...
Tu as du faire Saint André de Cubzac...
Cali : Oui Saint André de Cubzac, Nérac... Il y avait beaucoup
de petits villages dans lesquels on croisait pleins de gens. On
discutait l'après midi et, le soir, on buvait des coups ensemble
: c'était très familial. C'est quelque chose de difficile à faire
dans une tournée normale puisque de toute façon tout est loin. Les
gens sont loin, toute la journée tu es éloigné. Là, nous étions
entre nous, les gens assistaient aux balances. C'était amusant.
Avec Jean François, on a pas mal de projets encore...
A Nerac, Francis Cabrel a chanté avec toi.
C'était un grand moment. Quand tu étais à Astaffort tu n'avais pas
encore rencontré Francis Cabrel. Comment s'est faite cette rencontre
?
Cali : C'est rencontre s'est faite tout simplement en allant
déjeuner avec les élèves à Astaffort où se déroule le stage.
Enzo Enzo était là aussi. On discutait tranquillement. A la
fin du repas, je lui ai dit qu'on jouait à Nerac. Il a proposé d'aller
nous voir. Je lui ai dit « si tu viens nous voir, viens plutôt chanter
avec nous. Cela ferait plaisir à tout le monde.». Il a accepté.
Ensuite, on a convenu par téléphone de la tonalité mais nous n'avons
fait aucune répétition. Là où je trouve grand le monsieur, c'est
en nous laissant carte blanche. On a fait une version piano cuivre
d'« Encore et encore ». Cette chanson était énergique à la guitare.
Sans répéter, nous avons chanté tous les deux en se partageant la
chanson. Tout était sur le fil. Nous avons trouvé les deux voix.
C'était tellement sur le fil que c'était très touchant et très frais.
J'ai ressenti cette chanson différemment parce que les mots sont
beaux. Le fait de la chanter avec un autre tempo beaucoup plus doux
permet de faire peser chaque mot. Francis lui aussi n'a pas vu cette
chanson de la même manière. Je ne sais pas s'il existe des traces
de cette version.
Tu as quelqu'un ce soir pour faire les
choeurs de « Pensons à l'avenir» ? *
Cali : Je ne fais pas « Pensons à l'avenir». On a dû faire
des choix par rapports au temps. Tu serais venue sinon Laurence
? (Rires) Mais on le refera, il y aura d’autres occasions !
La
vidéo de Cali et Laurence au festival de Castelmaurou
Interview réalisée par Laurence
Dupaquier et Emmanuelle
Libert le
11/10/2006
|