On plante le décor
: mercredi soir, il fait chaud dans la Boule Noire, le public
est nombreux à attendre Sébastien Martel et
ses invités. Même cadre, même guirlande que pour
les précédents concerts de la série. Les hasards
du calendrier font que le concert a lieu le même soir qu'une
finale de la ligue des champions, ainsi pour faire patienter l'assistance
certainement composée d'amateurs de football mélomanes,
un petit poste de radio placé sous un micro permet d'entendre
quelques commentaires sportifs !
Pour la dernière
de ses représentations dans la salle avant la sortie du premier
volume de son album " Coitry " sur Internet
à la fin du mois, Seb affiche une grande décontraction
dès son entrée. Cette décontraction n'a pourtant
pas occulté sa concentration tout au long de la soirée
et a même peut-être permis plus de spontanéité.
On voit que le chanteur-guitariste a pris goût à ces
petits sets improvisés qui voient défiler un nombre
étonnant d'artistes sur une scène si petite. Armé
de sa Martin OM, Seb entame la soirée avec " Rumour
", entouré de ses amis Jan Ghazi, au lapsteel,
Cyril Avèque, à la batterie, et Christophe
" Disco " Minck, à la basse. Au cours de la
soirée, Fabrice Barré, au saxophone, et Gilles
Coronado, à la guitare se joignent au
groupe pour interpréter chansons et compositions instrumentales.
Ainsi, " Terry's sky " et " Cage ",
sur un texte de Cyril Atef, Monsieur Bum de Bumcello, précèdent
" Rollercoaster ", écrite par le chanteur
Piers Faccini. Afin de faire un enchaînement digne
de ce nom, ce dernier monte d'ailleurs sur scène avec son
harmonica, heureux du score de son équipe favorite Arsenal
à ce moment de la soirée -il convient de préciser
que Piers s'est éclipsé un moment pour prendre des
nouvelles de son équipe au bar du coin de la rue ! Seb et
Piers accompagnent alors Vic Moan dans sa lecture d'un texte
parlant de cheveux si j'ai bien tout compris - accent américain
oblige !
Seb a choisi de sonoriser
sa guitare avec un micro magnétique placé dans la
rosace, peut-être pas la meilleure configuration pour apprécier
les caractéristiques sonores d'un tel instrument, mais offrant
un son assez éléctrique et percutant. Mais le son
acoustique reste tout de même assez présent, avec un
jeu aux doigts et peu d'accords rythmiques. Au cours de la soirée,
Seb alterne entre sa Martin et une Gretsch, avec un passage à
la basse.
Sur " Together ", il présente La Tropa,
groupe constitué de Marie, Julie, Caroline, aux churs,
et Samy aux percussions. Au milieu de la chanson, un curieux personnage
investit la scène et agrémente la musique de bruitages
et de mimes. Ce jeune comédien, Julien Cottereau,
enchante ensuite la salle avec un moment d'improvisation au gré
des chansons diffusées par la fameuse radio de Cyril Avèque.
Ce poste de radio prend tout son sens lorsque Seb tente de trouver
les accords de morceaux diffusés au hasard et de partir dans
des improvisations, rarement finalisées d'ailleurs, mais
très appréciées. La Tropa retrouve son instrument
de prédilection, le violon, pour accompagner le groupe sur
" Attends là " dont j'apprécie particulièrement
l'intro à la guitare. Pour " Shoe Lace ",
Daniel Yvinec remplace Christophe Minck à la basse.
Le texte de Fred Poulet, habituellement dit de la voix grave de
Nicolas Martel, prend une autre dimension lorsqu'il est lu par les
voix féminines de La Tropa.
Un nouvel invité
des plus surprenants entre en scène, coiffé d'un chapeau
traditionnel africain, il s'agit de Bébé Vampire,
" l'homme aux dents d'acier ". Après quelques pas
de danse et quelques déhanchements sur la musique de Seb,
il entreprend de jouer avec des cigarettes et de
les avaler, avant de soulever Christophe Minck par son pantalon
avec ses dents ! Cette étonnante prestation semble ravir
la salle et est saluée par une impro endiablée de
Christophe et Cyril, mais " cela serait beaucoup trop long
à vous expliquer "... Retour au calme avec La Tropa
qui nous offre en bonus un extrait de son répertoire, "
Vieux Nabab ". Avant de repartir pour une dernière
fournée de ses chansons, Seb prend le temps de présenter
ses amis et de s'excuser auprès de l'assistance pour ce concert
un peu " bordélique " selon ses propres
termes. Il reprend donc avec " Motus " et "
To the moon ", toujours en partant lentement puis crescendo
pour finir sur des tempos rapides et enivrants. Et enfin, comme
à l'accoutumée, il achève sa prestation avec
" Ma veine ", interprétée ce soir-là
avec beaucoup de profondeur et d'émotion.
Durant toute la durée
du concert, Seb s'est imposé en véritable chef d'orchestre
et a su composer avec tous les musiciens, les faisant intervenir
ou taire d'un geste, d'un sourire ou d'un hochement de tête,
pour donner des improvisations maîtrisées et -presque-
sans fausses notes. Il affiche une complicité particulière
avec "Cheri Papa Disco" -Christophe Minck-, véritable
pilier de la soirée, agrémentant les moceaux de riffs
subtils et marquant le tempo d'un son lourd et léger à
la fois, un vrai régal...
Cette belle soirée a été immortalisée
une fois de plus par l'artiste Blanche Delamour et par les
caméras du collectif Kidam, on a hâte d'en voir
le résultat...
Les nouveaux morceaux de Seb seront donc disponibles à la
fin du mois sur Internet, on peut alors imaginer qu'il adoptera
d'autres formules pour ses prochains concerts, mais fidèle
à sa générosité et son goût du
risque, il ne décevra certainement pas les amateurs de ces
soirées improvisées !
Marie-Victoire
- le 20/05/06 - merci à Jacques pour les détails "guitaristiques"
!
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