Interview de Fred Vidalenc, réalisée
le 10 février à Lorient au restaurant " Le Celtic
" à Armor Plage, près de Lorient. Je salue ici
l'accueil reçu dans ce restaurant et remercie Fed pour le
temps passé ensemble.
Nous sommes au bord de la mer
pour retrouver Fred Vidalenc après quelques années
de silence après son premier album solo, " la latitude
des chevaux " . L'ancien bassiste de Noir Désir a enregistré
" quelque chose dans l'ordre ", son nouvel album à
Lorient et c'est là que nous le retrouvons pour en parler.
LaGuitare.com
: la genèse de ce second album a été compliquée
?
Fred Vidalenc : Oui ça a été très
compliqué. Ca a pris énormément de temps. J'avais
la volonté que ce soit un album à la différence
du premier qui soit assez large. Avec des musiciens, des arrangements
et donc des moyens pour le faire, mettre tout ça au point
ça a été compliqué. Et il me fallait
aussi m'y lancer, ça me foutait un peu la trouille. Le premier
était fait en 16 pistes dans une maison avec 4 copains. Là
ça a été un peu pharaonique.
Laguitare.com : En concert as-tu
plus d'énergie que sur le disque ? Sur les deux disques il
y a pas mal de morceaux doux. Sur la tournée du 1er disque
les morceaux étaient-ils transformés ?
FV : Sur la première tournée il y a eu une volonté
presque imbécile de ma part de vouloir en faire des morceaux
plus cartons. Des fois c'était réussi d'autres fois
J'ai réécouté récemment et je me suis
demandé " pourquoi tu as fait ça, il était
beau ce morceau, augmenter le tempo et mettre les grosses guitares
c'est complètement crétin ". Mais j'avais peur.
Un morceau tranquille c'est extrêmement difficile à
jouer. Parce qu'il faut rester tranquille et se dire qu'il faut
que ça prenne les gens tranquillement. Que ça ne se
fait pas du premier coup, c'est long à mettre en place. Il
faut vraiment être courageux pour jouer des morceaux doux.
Un morceau avec une grosse intro et " ba ba ba, ba ba ba "
(prononcez très vite ndr) , finalement quand il s'arrête
les gens font " Oh
" et on ne sait pas si ils sont
soulagés ou s'ils ont vraiment aimé.
Laguitare.com : Lors
de notre premier entretien tu nous disais que ce premier disque
allait gagner en maturité sur le long terme. Exactement ce
que tu redis là.
FV : Je n'ai pas écouté " la latitude des
chevaux " pendant très longtemps et comme on est en
train de préparer la tournée on l'a écouté.
J'étais très agréablement surpris. Alors que
je ne pouvais plus le voir en peinture. Et à la réécoute
j'aime bien.
Laguitare.com : Dans les textes
on a l'impression de bien voir ta vie actuelle, ou en tout cas ce
que tu veux en donner
FV : De ce côté là il y a une différence
entre le premier et le second. Il y a beaucoup plus de fables dans
le second. Et beaucoup plus de personnages aussi. Les textes je
les écris pendant qu'on enregistre. J'ai écrit "
les chevaux de Mangin " parce que le morceau demandait ça.
Une histoire un peu épique, historique. Ca ça n'existait
pas dans le premier.
Lisa c'est quelqu'un qui " aglomère " plein de
gens.
Le simple fait de dire un nom change complètement la donne.
Agnès Desmaret qui a écrit des textes du premier album
m'a toujours dit il faut dire " je " mais je n'y crois
pas. Dire " je ", absolument c'est s'enlever beaucoup
de latitude.
Laguitare.com
: En 2002 tu nous disais que pour le 1er disque tu avais un peu
lâché la basse pour te concentrer sur les guitares
avec une configuration très " noir desir ", à
peine une pédale de disto' en plus
As tu aujourd'hui
trouvé un équilibre entre les deux instruments ?
FV : Le meilleur équilibre que je pourrais trouver
c'est de ne plus en jouer. Je ne voudrais plus jouer de guitare
sur scène. En studio j'aime ça parce que j'ai un jeu
un peu particulier, assez rigolo et qui se reconnaît, qui
donne des solutions. Pour ça je le fais. Mais sur scène
je m'aperçois que je chante beaucoup mieux si je n'ai pas
à jouer de guitare. Mais on n'a pas de gros moyens alors
on me colle une guitare (rires).
Laguitare.com : On dit souvent que
le bassiste se cache derrière sa basse. Te sentais-tu frustré
dans Noir Désir d'être derrière la basse ?
FV : Absolument pas. C'est tout sauf un instrument frustrant.
C'est un instrument de puissance et un instrument de pouvoir. C'est
toi qui est placé à côté du batteur,
qui maintient le lien entre les guitares, c'est toi qui fabrique
la pompe, la puissance. C'est tout sauf frustrant. Il suffit de
s'arrêter pendant 30 secondes pour s'apercevoir que ça
pose un énorme problème et que tout le monde s'en
rend compte. Même si personne n'est capable de chanter une
basse c'est un instrument qui est élégant. J'adore
cet instrument.
Laguitare.com : Y-a-il un lien entre
le septembre de " Lisa des ombres " (un titre du 2e album)
et " septembre en attendant " (titre écrit par
Fred Vidalenc pour l'album 666 667 club de Noir désir) ?
FV : Oui oui
le mot septembre
Non sérieusement
oui car je pense que c'est exactement le " septembre "
que Bertrand évoque dans " septembre en attendant ".
Celui où l'on attend. Je pense qu'on parle un peu du même
septembre
du même concept
C'est la culture Noir
désir ça..Septembre c'est ça
C'est la
forme ou la musicalité du mot qui évoque l'attente
du " désert des tartares "...C'est la fin d'une
période, septembre. C'est la fin des beaux jours et pourtant
il fait très beau. Les ombres sont très allongées.
C'est une période de fin, de nostalgie, d'attente
Laguitare.com : Que penses-tu de
" des visages des figures " ?
FV : J'adore la moitié. Il y a une partie qui est
complètement nouvelle, " l'appartement ". Tous
ces morceaux un petit peu étranges
et puis après
il y a un peu le rappel à la maison, on rallume les grosses
guitares, Nini fait tchim poum poum et ça monte. Mais j'adore
cette première partie, " le vent l'emportera "
C'est
un album que j'aime beaucoup. J'avais appelé Bertrand qui
m'avait dit " on ne pourra jamais le jouer sur scène
". J'aime bien les usines à gaz. Quand cet album est
sorti j'avais vraiment les boules de pas y être.
Laguitare.com : Avec ces deux albums,
savais tu que tu déconcerterais les fans de Noir Désir
?
FV : Non je crois pas que ce soit si déconcertant
que ça
Et d'ailleurs plein de gens ne sont pas du tout
déconcertés. Je crois que j'avais un apport à
l'intérieur de Noir Désir dont ce que je fais est
très très représentatif. Donc je ne pense pas
que l'album soit si déconcertant que ça
Propos recueillis par Julien
Chosalland
Site web : http://www.fred-vidalenc.com
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