Ce dernier concert est "thématique" : Jazz
En première partie, Cyril Achard s'installe en silence puis joue... de la guitare, bien sûr.
Il a l'air bien seul au milieu de la scène et n'adresse pas la parole au public.
Ce qu'il fait n'a pas l'air évident à jouer mais, pour une partie du public, ce n'est surtout pas évident à suivre.
Les enchainements d'accords savants arpégés de façon sophistiquée alternent avec de longues séries de notes qui galopent sans but apparent sur les multiples "modes/gammes" chères aux musiciens de jazz. Beaucoup auraient aimé entendre ça ou là une mélodie identifiable, même rudimentaire, retrouver à l'occasion une cellule rythmique rassurante. Rien ne vint vraiment... Par définition, le public du festival est pluriel et les ouvertures sur des domaines variés sont très appréciées mais là c'était plutôt une "fermeture" réservée aux seuls "aficionados" ; les autres se sont sentis exclus. Il n’y a pas eu de rencontre... Dommage...
Une brève pause ... Bireli Lagrène et Sylvain Luc débarquent...
.. et nous embarquent immédiatement avec eux ...
On a complètement oublié que ce qu'ils font est terriblement difficile tant ils montrèrent d'aisance. A aucun moment ils n'ont "quitté la salle" pour partir seuls sur quelque lointain nuage. Rappel salutaire : la musique c'est aussi un partage.
Bireli Lagrène utilise, bien sûr, une guitare manouche ; Sylvain Luc joue sur une guitare électro-acoustique à cordes nylon. Les timbres des deux guitares très nettement différenciés élargissent la palette de façon étonnante. C'est d'autant plus époustouflant que certains passages plus "écrits" répartissent avec raffinement les notes sur ces deux instruments pour créer parfois l'impression d'un instrument unique... Nous sommes plusieurs, par exemple, à avoir entendu, par moment, "comme un piano" ...
Ce duo a fonctionné comme dans un rêve...
Pour présenter ou reprendre un thème, ils nous ont épargné la paire "pompe + mélodie" qui rend parfois le jazz français lassant voire exaspérant. Bien au contraire, ils nous ont mitonné des arrangements somptueux et pleins d'inventions... des tableaux colorés à couper le souffle...
Les longs passages improvisés sont autant de moments magiques ... On sent une grande complicité, un joie communicative. Ils savent tout faire.. avec humour et décontraction. Ils s'amusent entre eux et avec nous... surprises, clins d'œil, blagues, citations sérieuses ou décalées ... Ils nous promènent dans toutes les directions sans nous égarer ; le thème est toujours là, quelque part entre eux, entre nous.
Comme concert de clôture, on ne pouvait rêver mieux... et cela illustre si bien ce que représente pour beaucoup ce rendez-vous annuel désormais incontournable.
Hubert Bayet - le 22 novembre 2008 |