Jacques Carbonneaux - Quel a
été votre parcours avant de devenir chanteur-guitariste
?
Dick Annegarn - Mon parcours est celui de tout adolescent
qui cherchait des sortes de légendes, de mythes. C'est le
Blues qui vers mes 16, 17 ans m'a fait " boum " dans la
tête. Cette espèce de "blue note" qui était
une sorte d'incertitude, de vertige. Je me suis intéressé
après au Folk américain traditionnel quand j'allais
dans une paroisse européenne en Lozère où j'ai
découvert la musique du Pete Seger, qui proposait une ouverture
vers d'autres cultures qu'américaines. Et petit à
petit je me suis approché vers d'autres musiques que celle
de la musique blanche, comme celle de Blind Lemon Jefferson ou Leadbelly.
Tous ces guitaristes faussement primitifs m'ont fait découvrir
l'Amérique dans ses nombreux continents.
Le Blues est une musique particulière et émotionnellement
forte... une musique physique. Jouer une basse, une mélodie
et les accords en même temps sur un seul instrument, ils n'ont
pas besoin de trois mois de studio, d'arrangeurs ou de violons pour
s'exprimer !!
C'est vrai que le blues m'a paru être la musique la plus complète
et je trouve encore aujourd'hui que c'est la musique du siècle,
elle a donné le Jazz et le Rock.
En fait, mon parcours, ça a été un blues adolescent
qui ne m'a plus jamais quitté.
- Dans la guitare vous êtes autodidacte ?
DA - Oui complètement.
les partitions qu'on trouve sur annegarn.com, c'est une guitare
midi branchée sur l'ordinateur et nettoyée après,
mais les tablatures, j'y comprends rien, il me faut des heures pour
décrypter !!
JC - Quelles sont vos autres
influences que le blues ?
DA - Dylan mine de rien, j'aime
bien son jeu de guitare, il est assez brut... j'aime pas beaucoup
les guitares léchées. Me détournant de la guitare
Pop, je me suis surtout inspiré de Leadbelly, Richie Heavens,
Django Reinhardt aussi... Richie Heavens travaillait beaucoup en
open tuning, "Freedom" : ca m'a ramoné la tête!!!
J'aime bien les guitares qui parlent, qui accompagnent... la guitare
pour la guitare, j'ai jamais été trop candidat. A
l'origine il y a eu le Gospel et dans le blues, les churs
sont représentés par la guitare.
JC - Et les guitares de Stephen
Stills ou de Neil Young?
DA - Oui c'était Carry
on, de l'open tuning avec pas grand chose, je m'en suis inspiré
pour ma chanson "la guerre à l'armée" ou
je suis en open tunning. Donc pour moi, ça c'était
du folk pop- variété mais quand même de bonne
tenue parce que ça ramonait !... c'est quelque chose qui
cause...on va aux extrèmes... Je veux dire qu'une corde pour
moi devient intéressante quand elle est à la limite
de la frise, quand elle rutile, quand elle scintille. Je cherche
l'extrème vibration, je joue beaucoup avec les disonnances
et c'est pour ça aussi que je me suis adressé à
des bons luthiers pour pouvoir traduire le fond de caisse, le fond
de la casserole ! C'est là qu'on trouve DES sons...la somme
de deux notes c'est une autre note, c'est une troisième note.
C'est comme l'Amour, c'est plus qu'une personne et une autre, c'est
une autre personne en plus. J'ai toujours bien aimé ces guitaristes
qui arrivaient à me faire oublier l'accord : c'est pas de
la guitare de virtuose qui m'intéresse, c'est la guitare
qui parle.
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