- Laguitare.com : Comment t'es venue
l'idée de participer aux Rencontres d'Astaffort ? Est-ce
ton premier "stage de chanson" organisé dans cet
esprit ?
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Anne Legras :
C'était mon premier stage dans le domaine de la chanson.
J'avais vaguement entendu parler de ces rencontres, j'ai moi
même recherché les coordonnées. Ce qui
m'a décidé à participé :
- Le besoin de "confrontation" avec d'autres auteurs/compositeurs/interprètes,
et celui aussi d'avoir le regard de professionnels sur mon
travail .
- Ma reconnaissance envers F.Cabrel
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- Une fois sur place, peux-tu nous
décrire l'ambiance, le mode de fonctionnement et nous raconter
une journée "type" ?
Ce qui m'a le plus frappée est certainement l'ambiance humaine
extrêmement joyeuse et chaleureuse.
Nous sommes au départ 18 stagiaires qui ne se connaissent
pas du tout et qui doivent pondre ensemble une bonne vingtaine de
chansons en 6 jours, c'est à dire qu'on a à la base
de quoi se sentir très stressés. La plupart d'entre
nous pensent d'ailleurs au tout début ne jamais y arriver,
et dans mon cas personnel ma première nuit a été
blanche, à me demander ce que je faisais là.
Mais l'équipe d'encadrement ne nous laisse pas le temps de
réfléchir : on est accueillis dès le premier
soir par un apéro convivial, Francis Cabrel viens nous souhaiter
la bienvenue, on rigole beaucoup, on mange (très bien), et
chacun se présente avec une chanson ou un texte. Notre première
soirée s'est prolongée très tard, à
jouer de la guitare, chanter, rire....
Dès le lendemain matin, on se réunit autour d'une
table et on choisit des thèmes de chanson, puis on forme
autour de chaque thème les premières équipe
de travail : un auteur, un compositeur et un interprète par
équipe.
Puis chaque équipe part dans une salle travailler.
J.F Delfour passe de temps en temps dans les salles pour donner
son avis.
Dans mon cas, une fois mise au travail, tout a coulé miraculeusement
bien. Nous n'avons à penser à rien d'autre qu'à
faire des chansons, tout est mis à notre disposition pour
qu'on n'ait rien à faire d'autre.
Les jours suivants, les équipes se reforment d'elles mêmes
car nous avons appris à nous connaître, et nous nous
réunissons par affinités artistiques.
Les seuls horaires obligatoires sont ceux des repas, mais les heures
de créations sont libres, et peuvent se prolonger tard dans
la nuit.
- Les compositions créées à Astaffort sont-elles
le fruit d'une émulation de groupe ou plutôt la possibilité
pour plusieurs compositeurs et écrivains de juxtaposer leurs
talents individuels ? Le processus de composition est-il vraiment
collectif ?
Je pense qu'il y a les deux aspects ; certaines chansons sont le
fruit d'une émulation de groupe (par exemple "Te dire"
qui a été écrite un soir alors qu'un petit
groupe qui n'était pas une équipe "officielle"
était réuni par hasard autour d'un verre). D'autres
chansons se font alors que l'auteur et le compositeur planchent
seuls sur le thème chacun dans leur coin. Comme les stagiaires
vivent ensemble du matin au soir, cela offre la possibilité
de multiples contextes dans lesquels chacun peut se retrouver et
s'exprimer.
- Au niveau instrumental, peut-on dire qu'à Astaffort
il y ait un instrument plus utilisé que les autres pour interpréter
les chansons (piano, guitare...) ?
Sans hésiter : la guitare !! Mais ce n'est pas forcément
un choix : la majorité des compositeurs sélectionnés
sont guitaristes.
Cela pose d'ailleurs un petit problème de limitation quand
on arrive aux arrangements... Un tuyaux : amis saxophonistes, violonistes,
flûtistes... si vous voulez postuler aux rencontres, votre
pratique instrumentale est déjà un argument en votre
faveur !
- Quel est le rôle de Francis Cabrel au cours des 10 jours
de stages ? Participe-t-il aux choix artistiques lors de la mise
en place du concert de fin de stage ?
Francis nous a dès le départ annoncé qu'il
n'était pas là pour nous apprendre et nous donner
des recettes, et effectivement, il ne l'a pas fait. Pour lui, la
meilleure façon d'apprendre à faire des chansons,
c'est d'en faire.
Par contre il est passé pratiquement tous les jours pour
suivre le cours de notre travail et donner son avis .
C'est lui qui sélectionne les chansons qui seront présentées
sur scène, lors d'une audition que nous lui présentons
au bout de 6 jours.
- Peux-tu nous dire ce que t'ont apporté ces rencontres,
du point de vue musical, émotionnel, et enfin pour ton avenir
de musicienne ?
Dans mon cas, je suis une musicienne du métro Parisien, et
je ne fais pour l'instant pratiquement jamais de scène.
Là j'ai vécu une expérience qui m'a enrichie
à tous les niveaux, qui m'a renforcée et qui m'a obligée
à aller chercher des zones de ma personnalité encore
inexplorées ; dépasser ses peurs de ne pas y arriver,
de monter sur scène, être à l'écoute
de la sensibilité et du talent des autres afin de travailler
au mieux ensemble. Les chansons que j'ai composées là-
bas, je ne les aurais jamais composées toute seule chez moi
; elles sont riches de la présence des personnes que j'ai
côtoyées.
- C'est la première fois que les Rencontres D'Astaffort
"montent à Paris" pour leur concert de fin de stage
; peux-tu nous donner tes impressions sur le concert du 24 juin
dernier au Casino de Paris.
A franchement parler, je me sentais tellement stressée que
j'ai eu du mal à savourer le plaisir... On voulait faire
du mieux possible, du coup on avait du mal à se détendre
et à être naturels !
Certains des stagiaires font beaucoup de scènes, c'est peut-être
plus facile pour eux ; dans mon cas, c'était vraiment une
épreuve : attendre son tour, monter sur scène quelques
minutes pour un public qui ne nous connaît pas, à peine
on se sent un peu détendus qu'on a déjà fini
! Je pense sérieusement que nous avons eu beaucoup de mérite
ce soir là.
Visiblement, le public a apprécié, et l'équipe
d'encadrement aussi ; c'est l'essentiel !
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