Avec
la pop, c'est toujours pareil. On se dit " Ouah !
Ils sont forts ces Anglais, il n'y a qu'eux pour faire
cela, c'est leur culture .. ". En jargon technique,
on appelle cela, le syndrome Biteulses. Devant
ce complexe, en France, soit on se résigne par
peur de tomber dans la variété-guimauve
ambiante, même si elle se nomme variété
internationale, soit on tente l'aventure avec toutes les
difficultés inhérentes à cet exercice
périlleux de la chanson courte, mélodique
et bien ficelée. Ceux qui s'y donnent corps et
âme sont bien souvent laissés pour compte
(Superflu, les Innocents, les regrettés
Da Capo ou l'Affaire Louis Trio etc), (mal)traités
en quantité négligeable par les médias
et les majors. Incompris parce qu'on leur reproche d'être
entre deux eaux : pas assez rock pour certains, pas assez
variété pour d'autres. Pourtant, c'est bien
souvent dans cette catégorie qu'on découvre
les plus beaux exemples de trousseurs de mélodies
(songwriter en Anglais).
L'album 'Ca m'tente' de Guillaume Payen
est de cette veine. Quand on songe que ce disque est une
petite auto-production ! Chapeau à ces Normands
! Ils viennent de redéclarer la guerre aux Saxons
ma parole. La preuve en est de l'un, instrumental 'Eden'
au style Irlandais. Clin d'il ?
A l'image des différentes photos de l'interprète,
tantôt grave, romantique, rigolard ou chaussures
délassées, ce disque navigue entre musiques
enjouées, le tubesque 'Ca m'tente', accrocheuses
'Timides people', dansantes 'Nouvel universel
langage' 'Sur la mer calmée' deux exemples
de merveilleux mariage percussions/guitares acoustiques,
la ballade décomplexée vis à vis
de Mac Cartney (toutes proportions gardées) 'Un
peu d'eau salée' et le fabuleux 'Amours
inégales', avec violons et violoncelles garantis
sans OGM. L'ensemble emballé dans des textes intelligents,
dédiées à toutes celles pour qui
on écrit les plus belles choses.
Mais
là où on décolle vraiment, c'est
tout d'abord avec les guitares. Elles sont chéries
dans ce disque, jouées avec délicatesse
par d'excellents musiciens, respectées dans la
prise de son et dans le mixage. Certains se seraient largement
contentés de tout cela, Guillaume, lui, nous met
définitivement KO avec les vocaux. Malgré
un début hésitant coté voix, où
l'on sent beaucoup d'influences, Jonasz parfois,
De Palmas, Jipé des Innocents, ou
Cabrel (un peu trop) dommage pour 'Laurie-Anne',
Guillaume va petit à petit amener sa personnalité
vocale, et son sens des harmonies. Et il vise haut ! Manifestement
outre-atlantique chez ce que l'on fait de mieux : Crosby,
Stills & Nash, America. Timidement tout
d'abord dans une composition aux senteurs Crosby 'Elle
s'est lassée' et son refrain entêtant
et surtout dans l'extraordinaire 'Sans vous rien ne
vaut'. Une petite perle.
On ne peut conseiller à Guillaume de persévérer
dans cette voix (voie). Il y excelle tant cotés
compositions que traitement des guitares et des harmonies
vocales. A laguitare.com, pour l'accompagner sur scène,
on lui dit "Ca nous tente".
JPH
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