Un cd d'une
très grande Dame, tout bonnement une des plus grandes artistes
de laguitare, c'est toujours angoissant à chroniquer (surtout
avec mes modestes connaissances). Heureusement, avec Valérie
Duchateau, l'angoisse est vite balayée par la gentillesse,
la franchise (voir l'interview) et l'amour du partage de la passion
hors de toutes frontières musicales.
Dans ce disque, on se sent très vite admis, puis invité
et finalement ami avec cette artiste aux multiples facettes.
Sans dépasser un cadre "guitare classique" dans
l'interprétation, ce disque possède une multitude
de modulations qui en font un objet à part. Le toucher
doux et délicat, la technique, l'expressivité, l'énergie
maitrisée, retenue, permet à Valérie de changer
de registres comme de cordes. Et des registres ! du flamenco,
au picking en passant par le jazz .. L'ouverture d'esprit, la
curiosité de cette artiste ne sont plus à vanter.
Tout cela éclate ici comme un véritable feu d'artifice.
Les intérprétations de ces grands classiques que
sont "Asturias", "Recurdos de l'Alhambra",
"Missionera" sont au moins 12 frettes au dessus
des autres. Son "Carnaval de Venise", éblouissant
et inoubliable sur scène (demandez aux spectateurs d'Issoudun
2001) est le parfait exemple d'une technique affolante d'abord
au service de l'auditeur. Une friandise à se damner.
"West Side Story" de Bernstein est ici d'une
sensibilté à fleur de peau. .
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Et le "Gottingen"
de Barbara frise l'osmose avec sa créatrice.
Le jeu de guitare épouse le phrasé si particulier
de la chanteuse que c'en est fascinant. La guitare chante
! Oui c'est cela en fait Valérie Duchateau : "La
guitare qui chante". Je ne saurais mieux la définir,
tant cela me semble correspondre à sa sensibilité.
(illustration gracieuse de
Thierry Lamouche)
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L'ensemble du disque
est éclatant, jamais lassant, toujours surprenant, plein
de détours ou se perdre : "Prélude en RéM"
de JS Bach, "La Peregrination", "Tango
en Skaï" de Roland Dyens.
Et le tout, pour boucler la boucle picking-classique et abolir
les frontières musicales et géographiques, enregistré
à Nashville sous la direction de Thom Bresh (le
fils de Merle Travis). Juste retour des choses.
Jph
le Février 2002
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