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Laguitare.com
: Pour en revenir à la fabrication, tu ne fabriques que des
basses ?
Didier Duboscq : Non, non, je fabrique basses et guitares
électriques hollow body et Thin line, j'aime beaucoup. Je
fabrique de plus en plus. Je fais aussi du kit, car tous les clients
n'ont pas les moyens de se payer un instrument fait de A à
Z. Le kit est une bonne alternative. Un kit, ce n'est pas seulement
mettre les vis, je mets beaucoup de moi-même dans un kit.
Il faut y mettre son savoir-faire et de la personnalisation.
laguitare.com : Qu'est-ce qu'une
bonne guitare pour toi ?
Didier Duboscq : Pour moi, la bonne guitare c'est la guitare
qui correspond à ce que mon client m'a demandé. Ca,
c'est une bonne guitare. Du point de vue du client. De mon point
de vue, une bonne guitare c'est pareil !! On ne fait pas de guitares
pour soi ! Surtout pour les guitares, pour les basses c'est différent,
ce n'est pas tout à fait la même philosophie. Pour
la basse, il y a des formules qui marchent et des formules qui ne
marchent pas. C'est-à-dire qu'on sait ce qu'il faut faire
pour une basse qui peut faire à peu près tout ou tout.
On les connaît les formules, ça a été
fait dans les années 60, on ne fera jamais mieux qu'une Jazz
bass de toutes façons. Après, on amène
autre chose mais je ne suis pas pour les trucs alambiqués.
Pour moi, un instrument c'est deux planches de bois avec que des
bons matériaux dessus. Après, les finitions, c'est
un plus.
laguitare.com : Tes essences préférées
?
Didier Duboscq : Les grands classiques, aulne, érable,
acajou, palissandre de rio, ébène, frêne léger
et le koa. Il y a beaucoup d'essences de bois qui sont émergentes
car les essences essentielles, les bois précieux sont rares
et coûtent chers, donc on part dans des bois de substitution
pour palier au manque. Moi, j'ai un réel problème
avec l'écologie. L'industrie contribue à ce que ces
essences disparaissent. Un aulne par exemple, c'est tout con un
aulne, ce n'est même pas un bois précieux mais on sait
que sur une guitare électrique ou une basse, ça marche
extrêmement bien mais l'aulne, il faut pouvoir le laisser
pousser et le laisser sécher. Si tu prends un aulne que tu
as laissé pousser à peine 20 ou 25 ans et que tu coupes,
tu vas avoir de toute petites sections. Tu vas le laisser sécher
5 ans, tu le montes… ça n'a aucun intérêt,
aucun ! Donc, moi je serais même pour des matériaux
de substitution, tout ce qui est composite, même à
base de plastique ! Il serait intéressant de proposer aux
musiciens débutants des instruments avec des matériaux
de substitution pour éviter à avoir à couper
les arbres qui vont être coupés trop jeunes, qui vont
être usinés trop vite pour faire des guitares pas bien.
Et aussi paradoxal que ça soit, aujourd'hui, quand tu prends
une guitare à 200 euros, quand tu prends une Squier par exemple, si on avait eu ça quand on était mômes,
on aurait été heureux. Le rapport qualité/prix
est hallucinant. Après, avec le vieillissement dans le temps,
le manche part en sucette, etc … mais pour un musicien débutant,
tout ce qui est entrée et moyen de gamme, ça a progressé
d'une manière délirante. Mais il faut penser à
tout ça, il faut préserver l'écologie. Attends
! Je ne mets pas des bonnets péruviens et je n'ai pas les
cheveux en bas des fesses mais tu vois, par rapport à mon
métier j'ai conscience de tout ça. Il y a un vrai
danger, il ne faut pas couper ces bois précieux n'importe
comment.
laguitare.com : Quelles sont tes
références en guitares marques et luthiers ?
Didier Duboscq : Fender, pour la référence
absolue c'est Léo Fender, pour moi il a tout inventé.
Evidemment, Gibson, il y a des noms incontournables mais
pour moi Fender, c'était un génie absolu. Faut voir
à quel point c'est toujours d'actualité. Faut voir
à quel point les artistes d'aujourd'hui produisent des musiques
avec des sonorités nouvelles avec des guitares qui ont cinquante
ans !
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