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laguitare.com
: Bon, pour en revenir à la guitare électrique et
l'importance des micros dans ce type de guitare, beaucoup de gens
me disent quand je parle de luthiers en guitares électriques
que ce sont les micros et les amplis qui procurent l'essentiel du
son et ne voient donc pas l'intérêt et l'impact du
bois sur le son d'une guitare électrique.
Didier Duboscq : Ah ben non, certainement pas, ça c'est
une bêtise monumentale. Jusqu'à preuve du contraire,
quand tu prends une strat ou une télécaster avec un
manche en érable et une caisse en frêne et que tu prends
la même guitare avec un manche en érable, une touche
en palissandre et une caisse en aulne, ça sonne quand même
pas pareil !
C'est la même guitare mais ça ne sonne
pas pareil. Alors après, que des nuances échappent
à certains, je n'en doute pas une seconde, mais c'est très
différent. La forme et la quantité de matière
que l'on met dans une caisse influent sur le son. Ca me fait rire
quand j'entends ça, une guitare électrique est avant
tout une guitare acoustique.
Donc celui qui dit ça n'y connaît
rien et il ne connaît pas la philosophie de la guitare électrique.
Sinon on mettrait trois micros simple bobinage sur une Les Paul
et ça sonnerait comme une Strat. Mais ce n'est pas vrai,
ça ne sonne pas comme une strat. Et d'ailleurs, pour en avoir
parlé avec des confrères comme Alain
Quéguiner ou Franck
Cheval qui sont des purs acousticiens - parce que je considère
qu'il est plus difficile de construire une guitare acoustique qu'une
guitare électrique - ils m'ont toujours dit : " non,
non, faire une électrique, on saurait pas la faire sonner
! " c'est assez étonnant quand tu entends des gens de
ce niveau-là te dire ça !
Donc la personne qui dit que les bois importent peu dans une guitare
électrique n'a jamais essayé une guitare électrique
non branchée. S'il ne comprend pas qu'une guitare électrique
c'est une guitare acoustique, il ne comprendra rien.
laguitare.com : Tu continues toujours
de jouer de la basse ?
Didier Duboscq : Oui toujours, je ne peux pas arrêter,
ce n'est pas possible. C'est sur mon temps de sommeil. J'essaye
de découper ma vie entre le temps à l'atelier, ma
femme et mes enfants et la musique. Si j'avais trois vies ce serait
génial !!
laguitare.com : Tu te produis toujours
?
Didier Duboscq : J'ai un groupe de flamenco "Fuente"
qu'on a monté au mois de septembre et l'année dernière
j'ai remplacé Laurent Vernerey avec un chanteur, un
copain qui s'appelle Pascal Danaé qui fait de la chanson
rock-pop chantée en français et en créole qui
a de belles compos. Et j'ai fait aussi avec Thierry fanfant.
Thierry m'a fait l'immense honneur, il m'a fait un cadeau terrible
de me laisser jouer avec lui sur son album où j'ai co-signé
avec lui un morceau. Je l'ai déjà remplacé
chez Michel Fugain et j'ai même fait un beuf avec les Wailers. Des fois je me pince. Quand je repense à
quand j'étais môme dans ma cité où la
plupart de mes potes de maternelle ont fini dans des caves pour
des histoires de dopes ou en prison, je me dis que je suis un miraculé.
Parce qu'il y a eu la musique qui m'a donné ce moteur pour
me sortir de là.
Jacques Carbonneaux le 01 Mars 2006
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