GIBSON - Des guitares pas écolos |
REDACTEUR : JACQUES CARBONNEAUX |
|
|
Nouveau rebondissement dans l'affaire des bois précieux chez Gibson.
Depuis l'amendement en 2008 du Lacey Act, une loi centenaire qui impose aux entreprises américaines de respecter les législations de leurs pays fournisseurs, la légendaire marque de guitares a été confrontée à des attaques du gouvernement américain en 2009 et en 2011 sur les importations d'essences (palissandre et ébène) provenant de Madagascar.
"Dernier rebondissement en date, fin janvier à la National Association of Musical Merchants. Le Salon des facteurs d’instruments à Anaheim, en Californie, y a pris un air de polémique, sous l’impulsion de Razia Saïd, chanteuse malgache interpellant ainsi l’assistance : «Vous voulez du bois illégal dans vos guitares ?» Une charge visant Gibson. Razia Saïd mène son combat au côté de l’ONG Friends of the Earth. Elle explique au site Sauvonslaforet.org : «Chaque jour, des milliers d’arbres sont abattus. Les moyens de subsistance de la population et l’habitat d’espèces animales uniques sont détruits à jamais. En soutenant le Lacey Act, vous aidez les habitants de Madagascar et du monde à ne pas perdre cette biodiversité unique.»" Propos tirès de l'article de libération - Lire également article SlateAfrique
L'avenir de la guitare
Cette affaire ne peut que nous faire réfléchir sur notre responsabilité face à un environnement que nous contribuons en tant que consommateurs à détruire de jour en jour.
Concernant la facture instrumentale, il est nécessaire de scinder production industrielle et artisanale. En effet, ces deux entités n'ont pas les mêmes besoins en quantité de matières premières même si elles doivent respecter les mêmes contraintes écologiques.
Il est urgent de prendre conscience que le temps est bel et bien fini où l'homme pouvait se permettre de puiser dans les ressources si généreuses de mère nature.
Il convient donc de réfléchir à d'autres options mais lesquelles ?
|
|
Couper un arbre = planter un arbre. Un projet à long terme
Renouveler le parc forestier que l'homme utilise à ses fins productives est une priorité et le fruit du bon sens. Même si un arbre met des années à pousser et ne servira qu'aux futurs générations, il est impératif d'arriver à cette équation où un arbre doit être planté si on en supprime un.
La mise en place du maintien du parc forestier d'essences précieuses doit être réalisée en collaboration étroite entre les pays consommateurs et les pays fournisseurs.
Les premières générations ne bénéficieront pas de cette équation mais elle deviendra ensuite un éternel renouvellement à long terme.
Chercher d'autres essences non encore ou peu utilisées
A l'image de certains luthiers français comme Maurice Dupont ou Philippe Berne (entre autres) qui utilisent des bois locaux, il serait judicieux d'étudier l'utilisation d'essences jusqu'ici non privilégiées mais dont les caractéristiques mécaniques se rapprocheraient de celles qui sont dorénavant à protéger et dont il est nécessaire de réguler l'abattage.
Concernant les bois de résonance, l'épicéa, qui est le plus fréquemment utilisé ne semble pas souffrir de son utilisation intensive car il est présent un peu partout dans le monde à travers différentes variétés de sapins et d'épicéas.
|
Pour les bois de caisse (dos et éclisses), c'est ici que le bas blesse et l'utilisation intensive du palissandre de rio que ce soit en lutherie guitare ou en ébénisterie, est l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire et qui se reproduit à Madagascar pour le palissandre (photo ci-contre) et l'ébène.
Philippe Berne par exemple utilise des bois fruitiers pour ses guitares qui sont présents un peu partout en France. Ces bois étaient utilisés du temps où l'on fabriquait les guitares baroques.
Il convient donc de se pencher sérieusement sur ces essences de substitution tout en intégrant un programme de sauvegarde et de développement durable.
Les matériaux composites au secours du bois
La recherche et l'innovation sont déjà bien avancées dans le domaine du composite mais il reste encore très cher en tant que matériau pour une entreprise ou un luthier artisan.
Il serait plus judicieux d'utiliser des essences précieuses pour des guitares haut de gamme et de trouver un matériau composite bon marché pour les modèles bas de gamme et moyen de gamme.
A suivre
L'exemple de Gibson doit impérativement nous faire réfléchir et nous faire prendre conscience qu'on ne peut continuer de saccager nos forêts pour notre simple plaisir égoiste.
Etre écologiste n'est pas un choix politique mais un devoir responsable de citoyen. Il est temps que cette évidence soit partagée par le plus grand nombre.
Jacques Carbonneaux - le 08 février 2012
|
|
|
|