BANC D'ESSAI - T3 - TAYLOR - http://www.taylorguitars.com/
REDACTEUR : JACQUES CARBONNEAUX |
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Quand on prononce le nom de "Taylor", on pense de suite aux guitares acoustiques 6 et 12 cordes que le fabricant américain a su placer au premier rang des guitares acoustiques de série haut de gamme et de qualité aux côtés de Martin et Gibson avec pour caractéristiques une lutherie soignée et une personnalité sonore indéniable.
Depuis 2005, Bob Taylor le big boss de la marque s'est attaqué au marché de la guitare électro-acoustique avec son modèle hybride T5 à corps creux qui a rencontré un vif succès. Sous la direction de David Hosler (spécialiste des capteurs électriques) et de Rupert Neve (célèbre concepteur des consoles du même nom), la génération des capteurs Expression System vit le jour. Le développement de ces capteurs magnétiques et à membranes donna l'idée à Bob Taylor de se lancer dans la guitare électrique solidbody. C'est donc en 2008, que furent présentées au winter Namm Show (voir vidéo) les nouvelles séries de Solidbody Standard, Classic SC et Custom. Depuis cette année, il est même possible de customiser sa guitare avec différents kit micros (voir vidéo).
Mais l'aventure ne s'arrête pas là !
En 2009, un modèle intermédiaire entre les solidbody et à la T5 voit le jour avec deux modèles : la T3 et la T3/B (B pour Bigsby). C'est le modèle T3 que nous vous présentons aujourd'hui sans le Bigbsy donc. Reprenant la même forme que la T5 et bien sûr avec un corps creux, la T3 est équipée de deux humbuckers splitables et est proposée dans différents coloris. |
Lutherie |
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Avec une guitare Taylor, vous êtes pratiquement assuré d'avoir entre les mains un instrument dont les essences et la finition ont été particulièrement soignées. Mais pour en être sûr, j'ai demandé à notre ami et luthier Julien Piriou (installé à l'atelier58 de Montreuil) de nous démonter la bête et de découvrir avec nous ses entrailles ! Intervention délicate dans le sens où ce qui se cache derrière un instrument n'est pas toujours ce que l'on souhaite vous faire croire dans les pubs et autres présentations du produit.
Ici avec la Taylor
T3, pas de surprise donc et la réputation de la marque se confirme avec cependant un point d'interrogation sur la mention donnée dans la description officielle concernant la table d'harmonie où il est indiqué "Quilted Maple" (érable pommelé). En cherchant un peu plus on peut lire : "La table en érable pommelé est posée directement sur le dessus du bloc intérieur comme sur les modèles Solidbody Taylor".
C'est bien de l'érable, nous confirmons mais est-ce un contreplaqué ou un massif ?
Ce flou mérite tout de même d'être éclairci. Ouvrons donc une parenthèse sur l'utilisation du contreplaqué et du massif.
Contreplaqué ou massif ?
Massif rime souvent avec qualité et contreplaqué avec bon marché. Il est faux de l'affirmer dans tous les cas et vrai dans certains cas !
Une table d'harmonie massive est un morceau de bois noble que l'on coupe et ouvre en deux comme un livre avec deux planches de 4 à 5 mm d'épaisseur à la découpe et que l'on rabote jusqu'aux environs de 2.8 mm (cela peut varier en fonction des marques et des luthiers). Ces deux planches ont l'avantage d'avoir les mêmes motifs, le même veinage et la même densité. Après jointure on obtient alors une table dite "massive".
Un "contreplaqué" ou "multiplis" est une table composée d'un nombre impair de feuilles superposées. La première feuille extérieure et donc visible est une essence noble (0.5 à 1 mm d'épaisseur). Viennent ensuite plusieurs couches d'autres bois moins nobles et moins sensibles aux résonances. Ces couches sont ensuite encollées dans un sens perpendiculaire entre elles... Le laminé diffère du contreplaqué par le fait que les couches sont encollées dans le même sens du fil du bois. Le résultat du contreplaqué par rapport au massif est plus dur et rigidifie l'ensemble de la table. Il favorise moins les résonances. Cette méthode a principalement l'avantage d'être moins coûteuse.
Il est nécessaire de préciser que l'utilisation de bois massif pour une guitare acoustique a un impact direct sur la sonorité de l'instrument car ce sont ses propres caractéristiques mécaniques qui vont intervenir sur la transmission de la fréquence de vibration de la corde dans l'air. Pour une guitare électrique l'impact du massif, même s'il est présent, est moins capital. On recherchera plus la stabilité et la solidité que procurera la table que ses caractéristiques mécaniques. Là encore, il peut y avoir débat car tout luthier vous dira qu'une guitare électrique doit avant tout bien sonner quand elle n'est pas amplifiée.
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Qu'en est-il de la table de la taylor T3 ?
Pour le savoir, Julien a enlevé le manche vissé et nous pouvons voir apparaître trois couches distinctes :
1 - une couche de 6/10 de mm d'érable pommelé sur le dessus.
2 - une couche (partie blanche) qui représente l'âme du contreplaqué (bois non identifié).
3 - une couche (partie sombre) de type isorel (panneau de matière isolante constituée de carton et de déchets de bois collés).
Ce contreplaqué est collé sur le corps en Sapelli.
La structure de cette table apporte à la caisse semi-hollowbody une très bonne rigidité, une forte stabilité mais on peut conclure que l'érable pommelé n'apportera ici qu'un aspect visuel et non mécanique.
(NDLR : dans la vidéo, je parle de laminé alors qu'il s'agit bien d'un contreplaqué, désolé pour cette erreur !!)
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Pour en finir avec la lutherie, le corps et le manche sont en Sapelli, une variété d'Acajou d'Afrique. La touche est en ébène. La finition est irréprochable, on a beau chercher le défaut, on ne le trouve pas, de la belle ouvrage donc.
REDACTEUR : JACQUES CARBONNEAUX - Mars 2010 |
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