Ce qui fait des Master
Classes des moments privilégiés d’une
convention comme Issoudun, c’est qu’elles
sont, au-delà de la guitare, des rencontres avec
des musiciens et des personnalités. De ce point
de vue, le cru 2003 aura été extrêmement
riche comme souvent d’ailleurs.
«Notre»
François a entamé la série. Les
conventionnistes d’Issoudun en sont fiers car François
Sciortino est l’un des nôtres, d’abord
stagiaire comme nous tous puis artiste invité
au fil des années tout en gardant ce coté
rigolard et proche de nous qui fait que cette Master
Classe aurait tout aussi bien pu avoir lieu à
la cafétéria ou dans les dortoirs ! La
différence étant, comme il l’a expliqué,
une aptitude à la «digestion» de
multiples influences, à la création d’ambiances
qui lui sont propres. Une autre différence, que
François n'avouera jamais et qu'il évacuera
par une pirouette dont il a le secret et qui fera marrer
tout le monde, c'est qu'il met au service de cette inspiration
une technique et un toucher qui deviennent impressionnants
et que nous voyons se bonifier avec le temps.

Une personnalité radicalement différente
lui a succédé en la personne de Philippe
Jouanneau, guitariste classique. Voilà un
homme qui aurait du mal à dissimuler sa passion
de partager. Avec une délectation très
communicative, il nous a conduit sur des chemins quasi
«psychanalytiques» avec, notamment, une
approche intéressante sur les divers états
de conscience traversés en pratiquant l’instrument
: du «bon géant» passif au guitariste
plus conscient et constructif, avec des leçons
fort utiles à retenir sur la façon d’appréhender
un nouveau morceau afin de pouvoir pallier d’éventuelles
atteintes de notre ennemi commun, le trac.
Le
lendemain, rencontre avec un garçon aussi discret
et modeste que son style est flamboyant et techniquement
impressionnant : Sylvestre Planchais. Avec calme,
précision et patience, il a entrepris de nous
expliquer le secret de sa fameuse «guitare dactyle»
qui, vu sous cet
angle pédagogique, n’a pas l’air si
intouchable, même si on devine assez rapidement
que pour s’approcher, ne serait-ce qu’un peu,
de ses prestations à lui, il faut au minimum
y consacrer sa vie entière …

Changement d’univers avec Stéphane Forté,
lui aussi très pondéré dans ses
explications et ses échanges avec la salle …
pour mieux déclencher une véritable fureur
de notes et de gammes supersoniques dès qu’il
empoigne sa guitare. Une Master Classe qui a eu le mérite
de souligner
la rigueur extrême dont doivent faire preuve ces
guitaristes «Métal» rarement connus
des conventionnistes d’Issoudun, ainsi que les
connaissances harmoniques qui sous-tendent ces rafales
de notes.
Stéphane Forté fut de ce point de vue
un ambassadeur forçant le respect.
Couronnement
de l’après-midi avec Jimi Drouillard.
Un signe ne trompe pas : quand à la fin de sa
Master Classe, l’invité se retrouve entouré
de conventionnistes qui veulent discuter avec lui et
lui poser les
questions qu’ils n’ont peut-être pas
osées en public, c’est qu’il a séduit
son auditoire. Avec une bonhomie rondouillarde et méridionale,
il a avec des mots simples et sans se prendre la tête,
démontré comment on pouvait assimiler
diverses influences majeures dans des styles très
différents, pour réaliser sa propre fusion,
créer sa griffe, avec un sens musical formidable,
une gestion du phrasé et de la découpe
rythmique sans faire de cascades de notes ni d’esbrouffe.
Un véritable régal qui aura marqué
les conventionnistes présents en toute simplicité,
en vivant et en faisant vivre sa musique. Bref, tout
ce qu’on aime !
Yves
Meignant (Acoustic Bazar)
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