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(CD 50 mn/ Cooking Vinyl)
Il faudra qu'un jour
on m'explique pourquoi Stephen Duffy, en solo, ou avec le Lilac
Time n'a jamais rencontré son public ? Ce type a tout ce
qui permet de réussir, disons au moins, décemment.
Un sens inné de la mélodie, jamais mièvre,
un jeu de guitare acoustique (arpège et picking léger)
digne du MacCartney période Blackbird, une voix chaleureuse,
et en plus il est plutôt beau gosse. Bref, quelqu'un touché
par la grâce. Mais la grâce n'est pas cotée au
rayon show-business.
Après avoir sorti des petits chefs d'oeuvre avec le Lilac
Time durant la fin des année 80, début 90, dans l'indifférence
générale (voir l'album Astronauts de 1991), Stephen
Duffy nous gratifiait l'an dernier d'un album solo "I love
my friends" époustouflant. Rien à jeter. De la
pop qualité supérieure. Pas de la brit-pop, malgré
la présence d'Alex James à la basse (Blur). Visiblement
le paquet avait été mis pour qu'enfin les qualités
de Duffy apparaissent au grand jour : Stephen Street à la
production (Blur, Smith etc.), Bob Clearmountain au mixage, coup
de main d'un autre paria Andy Partridge (Xtc). . Le résultat
était à la hauteur. Chansons délicates et accrocheuses,
collection de perles. Seule ombre au tableau, les textes de l'auteur,
toujours inspirés et autobiographiques, prenaient un air
de testament ("Twenty-three", "autopsy" et le
terrible "The Postcard"). On pouvait s'inquiéter
de l'état de déprime du personnage. Le reverrait-on
vivant ? Bien évidemment, le disque ne se vendra pas , le
public répondra joyeusement absent pendant les concerts et
Stephen Duffy ne se pendra pas encore cette fois-ci, mais en tirera
la matière à ce nouvel album du Lilac Time.
Reformé, le groupe est devenu une affaire de famille. On
trouve trois Duffy dans cette formation. Mais tout est toujours
l'oeuvre de Stephen, composition, chant et surtout les guitares,
essentiellement acoustiques. Son jeu de picking et d'arpège
délicats est intarissable, comme ses déboires existentiels.
Tout semble facile et évident. L'ajout de la pedal-steel
sur certains morceaux ("The nursery walls", "Back
in the car park", "a dream that we all share") accentue
encore l'idée de déprime qu'on peut se faire de Stephen
Duffy. Les textes nous racontent toujours ses précédents
malheurs (BMG qui l'a viré, ceux qui le lâchent, sa
copine qui en a marre de galérer avec un raté, les
concerts sans personne) bref tout va bien ! Le ton est assez country
sur certains morceaux : le superbe "The family Coach"
, "a dream that we all share", "all over again"
picking, guitare en tremolo, banjo, pedal-steel, batterie très
discrète, voire absente. Mais toujours avec cette petite
touche récupératrice toute britannique. Que de jolies
choses au fur et à mesure des écoutes , contre-chant
de guitare électrique, choeurs, enchevêtrement de guitares
acoustiques.
Evidemment, ça n'est pas un disque de fête. On écoute
en solitaire. On s'y sent tellement bien, on s'y reconnaît
aussi. C'est peut-être pour cela qu'on n'en parle pas aux
autres et que Duffy reste notre jardin secret et ne vend aucun disque.
Par curiosité, les filles, écoutez et lisez (ou faites
vous traduire) le texte de Sleepy, l'avant dernier morceau. Ce garçon
vous plaira. Et vous achèterez peut-être le disque
(pour votre compagnon).
JPH
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