Plutôt
distrait et rêveur durant ma plus tendre enfance - et ce perdurant
lors de mon parcours scolaire - j'ai trouvé assez tôt
une planche de salut dans la musique ! Guitariste autodidacte, je
suis très vite tombé "accro" de la guitare.
Avec quelques potes, on faisait nos premières armes dans
un local prêté par la mairie : guitare, violon, batterie,
rock n' roll... Les expériences musicales se sont enchaînées
et j'ai décidé un jour d'aller faire amplifier ma
folk chez Franck
Cheval. Il m'a, à l'époque, monté un fishman
Matrix, a refait mon sillet de chevalet en os et effectué
un excellent réglage : ma guitare dès lors était
une autre, elle avait gagné en son et en confort ! Je pense
que c'est depuis ce jour là qu'inconsciemment j'ai eu le
désir de faire ce métier.
C'est en 1994 que j'ai réellement
commencé mon apprentissage en obtenant en 1996 un
CAP de lutherie à l'ITEMM du Mans, où j'ai construit
ma première guitare acoustique : une nylon, avec l'aide d'Antoine
Arroyo (que je salue !). Puis j'ai poursuivi mon apprentissage
en stage chez Franck Cheval qui m'a toujours soutenu et motivé.
Je n'ai depuis lors plus jamais cessé de "rêver"
à la guitare suivante...
Installé à Saint
Peray, à côté de Valence, depuis 2000, je fabrique
et vends en moyenne 8 à 12 guitares par an.
Rapidement, je me suis spécialisé,
par goût, dans la guitare à cordes acier. Comme beaucoup
d'autres, mon imaginaire est habité pour l'esthétique
par Gibson (surtout les vieilles acoustiques) et par Martin pour
la sonorité. Je suis admiratif du travail de nombreux luthiers
: Lowden qui a su créer un barrage très personnel
; D'Acquisto et d'Angelico pour l'esthétique sobre et magnifique
de leurs guitares ; Larrivé ; Cheval et Quéguiner
pour leurs travaux d'incrustation superbes...
J'ai, en musique comme en lutherie,
des goûts très variés et j'aime travailler sur
des modèles aux finitions et aux propriétés
sonores différentes. Dès que j'en ai l'occasion, je
fabrique un modèle "spécial" pour expo,
et je me fais vraiment plaisir à lui donner un caractère
unique.
Je propose donc un large choix
de modèles : Jumbo 17 et 18 pouces, Dreadnought, 000, 6 et
12 cordes, ainsi que quelques guitares aux formes personnelles et
souvent généreuses. Avec celle qui me caractérise
le plus : Alizée, j'obtiens un son puissant, des basses nerveuses,
des médiums bien présents et des aigus cristallins
: une sonorité profonde et bien équilibrée.
C'est une guitare très polyvalente et agréable à
jouer grâce à son petit gabarit. Par ailleurs, il m'arrive
également de travailler sur des barrages plus particuliers,
dans un esprit "harpe", idéal pour un jeu en open
tuning. Je peux imaginer des modèles de styles bien différents,
du sobre au plus évolué. Je réalise ainsi des
finitions satinées ou brillantes, nacre et personnalisation
à la demande. Depuis peu, je m'oriente vers la guitare jazz,
toujours dans la même volonté d'élargir ma gamme.
Le choix des bois est primordial,
et j'utilise pour l'essentiel des essences de lutherie, telles que
l'ébène, le palissandre indien, l'acajou, l'érable,
le cèdre, l'épicéa... Pour certains modèles,
comme la Martin 0042, je choisis les matériaux d'origine
: palissandre de Rio, nacre et ivoroïd... mais j'affectionne
particulièrement l'érable et l'épicéa,
bois grâce auxquels la guitare peut sonner très clair
et brillant, avec des basses rondes, pour un timbre riche et souvent
peu connu des guitaristes.
Le luthier, tel que je l'entends,
doit donner à chaque guitare un caractère unique,
le plus proche possible de la volonté du musicien. De multiples
facteurs entrent en jeu et le luthier, comme tout homme qui se respecte,
passe le plus clair de son temps à tenter de les maîtriser.
Le résultat final, lui, conservera toujours sa petite part
de mystère, qui fait aussi le charme de ce métier.
Mais je n'oublie pas que la guitare est avant tout un "outil",
qu'elle demande justesse, précision, cohérence dans
la conception de sa structure. J'apporte - du choix des bois au
barrage en passant par l'hygrométrie de l'atelier - le même
soin et la même attention à chaque instrument. J'aime
qu'il y ait une harmonie et un sens du détail spécifiques
pour chaque modèle.
La guitare, elle, est un médium
fantastique qui, entre les mains du musicien, fait vibrer et voyager,
et le rêve et la passion me semblent primordiaux aujoud'hui
dans une société sans cesse déshumanisante
et banalisante. La lutherie, tout comme la musique, ne doit pas,
à mon sens, être mécanisée pour être
bonne. C'est pourquoi, si j'apprécie les astuces permettant
de se simplifier la vie dans le travail, je considère que
les machines ne sont là que pour dégrossir certaines
étapes et je souhaite garder un maximum de contrôle
manuel.
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