LG : C'était
ma question suivante
te demander si tu as une guitare
de luthier.
PP:
Je m'étais fait faire il y a longtemps une guitare
par Jacobacci. C'était une demie caisse. A
l'époque je jouais pas mal sur la 335 et sur une
Gretsch 6120. Un jour j'avais vu les frères Jaco
qui faisaient une gratte qui était un peu plus petite
mais qui était demie-caisse. C'était presque
comme une guitare George Benson. De là j'ai essayé
de mettre plein de micros dessus et j'ai fini avec des P
90. La guitare est très bien. C'est une guitare que
j'ai donnée à un pote qui n'en avait pas.
Il en est hyper content. Les frères Jaco faisaient
de très belles guitares.
J'ai joué tout à l'heure sur une guitare DNG
que j'ai pris comme ça au hasard et la guitare était
vraiment très agréable à jouer
donc
il n'y a pas de problème.
LG : Laguitare.com est
un site web, je sais qu'en 1994 tu disais ne rien connaître
aux ordinateurs, tu avais travaillé sur un CD interactif,
ancêtre du CD rom. Aujourd'hui y-a-t-il plus de multimédia
qu'en 1994 dans ta vie ?
PP: Pas vraiment (rires)
en fin de compte il y a des trucs dont je me fous
un peu, c'est à dire, je n'ai jamais été
très "gadget" ou ce genre de choses. J'ai
des potes qui ont Internet et qui m'ont montré comment
ça marchait. C'est un outil qui peut être vraiment
très pratique. En 1994, les ordinateurs ne m'intéressaient
pas.
C'est comme les amplis. J'aime
utiliser des amplis hyper simples. Des Vox, des Fender,
des Marshall basiques où tu mets ta gratte dedans,
tu tournes un volume. Tu as un grave, un aigu, éventuellement
un middle, un petit bouton de reverb'. Dès qu'il
faut avoir canal clean, canal saturé.. c'est un truc
qui ne m'intéresse pas.
C'est pour ça que chez moi je n'ai pas d'ordinateur
pour faire de la musique. J'ai un petit 4 pistes numérique
et ça me va très bien comme ça pour
mettre à plat des idées. Je suis peut-être
un peu préhistorique mais ma vie va bien comme ça.
Je vais peut-être tirer plus de plaisir à aller
me balader dans les bois, ou parler avec un pote, ou aller
boire un coup dans un bar avec un copain ou faire le lézard
au soleil plutôt que de lire un mode d'emploi
C'est mon truc et je ne me sens pas du tout en dessous de
quoi que ce soit. On est dans l'an 2000, "2001 Odyssée
de l'Espace"... mais je vis au milieu de tout ça.
Peut être qu'un jour je prendrai Internet mais je
pense que si je le fais c'est que j'y trouve vraiment mon
compte.
Ca ne m'intéresse pas de l'avoir chez moi juste pour
avoir un gadget ou m'amuser de temps en temps.
En plus je ne suis pas trop "télé",
écrans, ça me fatigue vite
LG : Si on parle de
tes projets.. Tu disais, "je prends mon temps"
et tu as fait beaucoup d'albums avec promo, tournée,
enchaînées.. finalement tu n'as pas vraiment
pris ton temps, tu as pas mal travaillé ces dernières
années
PP : En fait je laisse
venir. Je ne me sens pas obligé de sortir un album.
Je n'ai aucune pression ni de la part de la maison de disques
ni de moi, personnellement. Je laisse le temps faire. Je
ne me lève pas le matin en disant "il faut que
je trouve une chanson", "il faut que je fasse
un album", "que je rentre en studio"
Si je n'ai rien à dire,
je la ferme et je ne dis rien. J'attends d'avoir un son
dans la tête qui commence à germer tout doucement.
Un ensemble de musiques qui me motivent.
Que la passion, la flamme soient là. Entre temps
je m'amuse
je vais écouter des mecs jouer,
je vais voir des concerts, je joue de la guitare chez moi,
je vais taper le buf avec des copains. Et je laisse
le temps faire le reste. Je pense que c'est un privilège,
un luxe que je peux peut-être avoir mais c'est vrai
qu'il y a des époques dans ta vie où tu fais
album-promo-tournée- album-promo-tournée..
et c'est bien. Quand tu le sens comme ça il faut
le faire, il faut vraiment battre le fer pendant qu'il est
chaud. Si à un moment donné tu es un peu crevé,
un peu épuisé, il ne faut pas te sentir obligé
de repartir sur la route, quand tu peux te le permettre.
Quand tu ne peux pas, faut y aller, pour ramener des sous
à la maison, pour payer le loyer et à bouffer.
Mais comme je peux
J'ai le privilège de prendre
un peu de temps donc je ne me tracasse pas avec ça.
Ca vient quand ça vient. J'ai des tas d'idées.
Par moments j'ai envie de monter un groupe de blues pour
tourner dans les clubs, parfois de faire un disque de reprises
En fin de compte il y a des moment je le fais, je ne le
fais pas, je le commence, je ne le finis pas. C'est que
le projet n'est pas complètement mur ou que l'envie
est vite passée. Quand l'envie ne passe pas, que
j'ai vraiment le besoin de rentrer en studio parce que je
le sens, parce que j'ai une bonne vingtaine de chansons
que j'aimerais enregistrer et jouer sur scène pour
des gens, à ce moment là cela va très
vite et je me presse. Il faut vite que je trouve un studio,
une équipe
LG : Avant le dernier
album (patchwork électrique) tu t'es retrouvé
avec de quoi faire un double album
PP : Avant patchwork
électrique j'avais plus d'une cinquantaine de chansons,
donc je pouvais faire un disque "country-coucher de
soleil", pas "country cow boy" mais le côté
que j'aime bien, James Taylor, Neil Young
Je pouvais
aussi faire un disque très hard-blues et un disque
un peu expérimental
J'en ai parlé à la maison de disques, ils
ont rigolé mais je m'y attendais
parce que c'est
déjà assez dur de promotionner un album
Ils m'ont fait comprendre que si je sortais trois albums
en même temps, je me coupais l'herbe sous les pieds
moi même
Ou alors il faut faire un système où tu sors
un triple album avec trois albums différents mais
je crois que la maison de disques ne voulait pas prendre
cette responsabilité
surtout que ce n'est déjà
pas facile en France de vendre des disques
Donc, j'ai mélangé quelques petites chansons
"cool" avec quelques chansons "rentre-dedans"
j'ai
fait comme d'habitude.
LG : alors, on attend
la suite.. Paul, merci à toi .
Julien Chosalland