L'affiche de ce samedi 18 novembre 2000 me laissait quelque peu perplexe.
J'allais aborder des styles que je connaissais mal, loin de mes références
guitaristiques personnelles : un concert de guitares classiques, suivi
de jazz, puis de blues. Le blues restant le seul dans mes (6) cordes
(facile le jeu de mot).
Le classique (malgré quelques
disques , d'Albenitz, Villla-lobos ou Fernando
Tarrega) m'est totalement étranger, et le jazz tout autant.
Pas que je n'aime pas ! Mais, comme tout un chacun, j'ai mes friandises.
Et comme je n'ai qu'une vie, j'essaye plutôt de me goinfrer
en premier de ces friandises.
Mais, à laguitare.com,
on n'est pas à laguitare-rock.com, laguiatre-folk.com
ou autre laguitare-machin.com. Pas question ! On n'est pas sectaire.
Au contraire même. C'est donc, sans à priori, et toute
sensibilité à fleur de peau que je suis allé
à cette dernière soirée.
Alexio Mouzurakis et Susana Prieto
ouvrent le bal. Ce jeune couple de guitaristes sera un grand choc.
Leurs interprétations (Rameau, Albenitz, en passant
par un compositeur Yougoslave contemporain) sont surprenantes, enfiévrées.
La fougue, la sensualité qui émane du jeu de la jolie
Susana vous envoûtent. Sa position peu académique,
la tête penchée sur la guitare, ses expressions de
visages, son touché, tantôt caresse, tantôt violence,
font chavirer les morceaux, et en disent long sur la passion musicale
de cette personne. Alexio, plus classique, est d'une virtuosité
fascinante.
On n'ose imaginer les heures de travail
(de souffrances), de mémorisation (pas de partition, ici)
pour s'abstraire de la technique, de la complexité de ces
compositions, afin de se les approprier et y insuffler sa propre
âme. C'est tout le mystère de ces musiciens dits "classiques".
C'était une première
pour moi, mais je suis prêt à réitérer
l'expérience.
Coté musique, sentimentalement (car intellectuellement je
n'y connais rien), j'ai beaucoup appris et pris énormément
de plaisir
Et puis ce petit détail qui
recentre la complexité de cette musique au niveau humain,
(mais suis-je seul à être touché ?) Les cordes
de la guitare de Susana ! Aucune de ces cordes n'étaient
coupées à leur extrémité. A une époque
ou tout se doit d'être lisse et rien ne doit dépasser
(même dans le rock), j'ai trouvé cela symbolique et
représentatif de la nature de cette merveilleuse guitariste
et de son compagnon.
JPH
Le
18/11/00 : soirée concert avec Christian Escoudé
|