THIERRY " TITI " ROBIN
Thierry
Robin, musicien autodidacte né à la fin des années
cinquante dans l'ouest de la France, a construit son univers musical
personnel en empruntant autour de lui, à l'instinct, des
éléments de langage musical répondant à
sa soif d'expression, les deux univers qu'il côtoyait quotidiennement
et l'ayant directement et profondément influencé
étant les cultures gitanes et orientales. Avant que le
courant des musiques du monde n'apparaisse, c'est au sein de ces
deux communautés qu'il trouvera un écho sensible
et encourageant, le milieu musical hexagonal dominant ne comprenant
alors pas vraiment sa démarche. Les fêtes communautaires
arabes et gitanes lui donnent l'occasion de tester la couleur
originale de son approche musicale face à ces traditions
riches dont il s'inspire mais qu'il n'imite pas, recherchant obstinément
une voie qu'il lui semble exprimer avec le plus de justesse sa
condition d'homme et d'artiste contemporain. Les musiciens qui
l'accompagnent alors sont presque exclusivement originaires de
ces minorités. Les deux artistes phares dans sa démarche
sont Camaron de la Isla, le cantaor flamenco et le maître
irakien du 'oud, Munir Bachir.
Au début des années
80, il commence à composer dans un style éminemment
personnel qu'il n'a pas quitté depuis. En 1984, il se produit
(à la guitare, au 'oud et au bouzouq) en duo avec Hameed
Khan, tabliste indien originaire de Jaipur, se produisant aussi
bien sur scène que dans les fêtes locales, les clubs
et les restaurants orientaux. Son répertoire (instrumental)
se constitue petit à petit, ainsi que les bases de son
style d'improvisation. Un disque :
" Duo Luth et Tablâ", maintenant épuisé
et devenu un collector* témoigne de cet univers profondément
original.
En 1987, la scène angevine
voit apparaître un groupe étrange :
" Johnny Michto ", qui mêle la rythmique berbère
marocaine, le bouzouq électrifié, la basse rock
et les clarinettes et cornemuses ; une tentative de proposer au
public une alternative aux combos de rock qui pullulent, en mariant
les cultures populaires des membres du groupe. Mais là
encore, c'est la communauté maghrébine qui accueille
le plus chaleureusement la formation, les " Français
de souche " ayant du mal à situer ce style aux références
inédites.
En parallèle du duo instrumental
avec Hameed Khan, qui mêle improvisations mélodiques
et duels rythmiques enjoués, Thierry Robin rencontre le
chanteur breton Erik Marchand qui représente pour lui la
culture populaire et traditionnelle la plus riche aux abords de
sa région d'origine. Ils vont développer ensemble
un répertoire de compositions utilisant les modes avec
quarts de tons et le mariage de l'improvisation modale orientale
de type taqsîm avec la Gwerz, complainte monodique très
ancienne dont le chanteur est alors l'un des rares dépositaires
avec Yann Fanch Kemener. Ocora Radio-France leur commande un enregistrement
:
" An Henchou Treuz " (1990)
qui recevra le Grand Prix de l'Académie Charles Cros et
c'est l'amorce de la réunion des deux duos qui formera
le " Trio Erik Marchand " pour lequel Thierry Robin
compose et arrange l'essentiel du répertoire. Cette formation,
d'une grande originalité puisqu'elle réunit un chanteur
breton, un joueur de luth arabe et un spécialiste du tablâ
indien (pour l'anecdote, c'est une photo de ce groupe qui illustre
le premier article consacré à la " world music
" dans l'Encyclopedia Universalis) tournera beaucoup, de
festivals Womad en scènes consacrées aux musiques
contemporaines, du Théâtre de la Ville à Paris
au Quartz de Brest, en passant par la scène jazz qui apprécie
leur démarche novatrice dans l'improvisation. Ils tourneront
aussi à l'étranger, de Québec à Houston,
de Marrakech à Jérusalem.
En 1991 sort le premier opus sous
le nom de " Trio Erik Marchand " :
" An Tri Breur " Evénement Télérama,
"Référence" de la revue Compact, au sein
du label Silex.
Cette
formation avait fait connaître Titi Robin essentiellement
comme 'oudiste, et un disque sorti en janvier 93 va permettre
de mieux situer l'univers du musicien et l'interprète du
bouzouq et de la guitare : " Gitans " Evénement
Télérama, Choc du Monde de la Musique, Diapason
5
est un hommage souhaité par l'artiste envers la communauté
gitane qui lui a tant appris. Mosaïque de rencontres entre
des artistes chers à Titi Robin et qui représentent
différentes branches de cette grande famille, de l'Inde
du Nord à l'Andalousie, via les Balkans, d'où il
puise sa vision musicale personnelle. Musiciens invités:
Gulabi Sapera(chant), Bruno el Gitano (chant, palmas, guitare),
Mambo Saadna (chant, palmas, guitare), Paco el Lobo (chant, palmas),
François Castiello (accordéon), Hameed Khan (tablâ),
Francis Moerman (guitare), Abdelkrim Sami (percussions), Bernard
Subert (clarinette, cornemuse).
Ce disque, et la formation qui va en découler, vont rencontrer
un large public, réunissant à la fois les aficionados
avertis et les amateurs de musique méditerranéenne.
" Gitans " tournera du Japon à l'Hollywood Ball
(USA), de l'Afrique du Sud aux grands festivals européens
de musiques du monde.
Début 96, rompant avec cette aventure collective éclatante,
sort un disque instrumental, entièrement improvisé,
" Le Regard Nu ", aboutissement d'une année de
recherche expérimentale. Thierry Robin s'est inspiré
des poses de modèles féminins, à l'instar
d'un peintre ou d'un sculpteur, pour nourrir ses improvisations
musicales, au 'oud et au bouzouq, en solo.
Ce disque unique reste une de ses grandes fiertés et a
conquis un cercle d'admirateurs sur toute la planète.
Les tournées de Gitans se
poursuivent, ce dont témoigne " Payo Michto "
en 97, disque live avec Francis Varis à l'accordéon.
Titi Robin souhaitait trouver une
voie tissant des liens avec les musiques populaires occidentales
modernes, ce qui conduisit à une nouvelle formation, incluant
dans l'orchestration le saxophone, la batterie et la basse.
Ce sera :" Kali Gadji " (98) Les influences gitanes
et orientales, toujours très présentes, se mêlent
à la tchatche en français ainsi qu'aux polyrythmies
d'Afrique de l'Ouest.
Les musiciens invités sont Renaud Pion (saxophones), Abdelkrim
Sami (chant, percussions), Farid "Roberto" Saadna (chant,
guitare, palmas), Jorge "Negrito" Trasante (batterie),
Gabi Levasseur (accordéon), Alain Genty (basse) et Bernard
Subert (hautbois, cornemuse). Cet orchestre tournera plusieurs
années en parallèle de " Gitans ".
C'est en 2000 que sortira :
" Un ciel de Cuivre ", Choc 2000 du Monde de la Musique,
10 de Répertoire, Sélection FIP
album qui de l'avis de Titi Robin, est le disque représentant
le mieux son univers musical dans sa diversité. Quinze
musiciens sont invités dont Farid "Roberto" Saadna,
Gulabi Sapera, Keyvan Chemirani, François Laizeau, Renaud
Pion, Negrito Trasante, Francis-Alfred Moerman, ...
Une formation en sextet tournera désormais en permanence,
présentant des thèmes issus de ce disque mêlés
à des compositions plus anciennes. Est présenté
également un trio instrumental
('Oud, guitare, bouzouq/accordéon/percussions) puisant
dans l'ensemble du répertoire de Titi, qui se produira
beaucoup à l'étranger, en particulier au Moyen-Orient.
Depuis
l'année 1992 , Thierry Robin n'avait cessé de collaborer
avec Gulabi Sapera, à laquelle il avait d'ailleurs
consacré un livre " Gulabi Sapera, Danseuse Gitane
du Rajasthan " (2000, Naïve/Actes-Sud). Elle était
fréquemment l'invitée des spectacles de Titi et
la chanson " Pundela " issue du disque " Gitans
", comme " La rose de Jaipur ", dans " Un
ciel de cuivre ", montraient à quel point la rencontre
entre ces deux artistes suscitait l'émotion.
En 2002 sort un opus qu'ils co-signent
:
" Rakhî "
Choc du Monde de la Musique, " Top of the World " Songline
consacré au mariage de leurs univers respectifs, sur la
base de chansons de la caste des Kalbeliyas, les charmeurs de
serpent dont Gulabi est la danseuse emblématique et internationalement
reconnue. Un spectacle où sa chorégraphie et les
compositions de Titi Robin s'assemblent a vu le jour en septembre
2002 et est annoncé sur de nombreuses scènes françaises
et internationales. Bénéficiant d'une création
lumière de Pascale Paillard, cette nouvelle aventure scénique
reçoit un accueil extrêmement chaleureux.
La même année, il réalise
l'intégralité de la bande-originale du film de Manuel
Boursinhac " La Mentale ".
Thierry
" Titi " Robin est un artiste en marge. On le situe
dans une mouvance " musiques du monde " qu'il ne reconnaît
pas, car elle lui semble témoigner d'un profond ethnocentrisme,
en créant une barrière entre les musiques "
ethniques " occidentales (rock, jazz,
) et les autres
! Pour lui, le métissage des musiques n'est en aucun cas
une valeur en soi, mais simplement une réalité,
sa réalité. L'essentiel étant de trouver
la voie la plus juste entre le sentiment à la source de
la création et la forme artistique chargée de l'exprimer,
qu'elle se matérialise dans un style purement traditionnel
ou qu'elle bouleverse les codes établis.
Traçant sa propre route, il a su écouter les encouragements
d'artistes éminents comme les chanteurs flamencos Fosforito
ou Chano Lobato, ainsi que le virtuose du 'oud Munir Bachir, qui
ont reconnu dans ce parcours atypique une sincérité
et une authenticité, par delà les différences.
Silvio Soave est l'ingénieur du son attitré des
disques de Titi Robin depuis " Gitans ", en 92.
Guillaume Dubois assure la production exécutive des enregistrements,
des tournées (dont il est le régisseur général)
et des créations depuis 1995.
Valérie Mauge assume à partir de 2003 la charge
du management de l'artiste.
Le son en salle est assuré par Jérôme Musiani,
Silvio Soave et Guillaume Dubois.