Greendale
est (ou sera, ou sera jamais, on sait pas !) un concept album, ce
qui veut dire toute une histoire racontée en 10 chansons, genre
Tommy ou The Wall, pour faire simple.
Neil nous dit au milieu du concert
qu'il est entré en studio (après enquête avec
Talbo et Molina du Horse, et pas forcément Sampedro mais
çà reste à confirmer) sans les chansons, et
qu'il les écrivait au fur et à mesure, avec cette
technique d'écriture automatique qu'on l'a déjà
vu utiliser.
Et de se revoir à 3 ans, montant
au grenier interdit où son père écrivait.
- Tiens Neil, t'es là, qu'est-ce que tu fais ?
- Ben rien, et toi ?
- J'écris.
- T'écris quoi ?
- Je sais pas, je saurai quand j'aurai fini.
Et de se retrouver à 58 ans
à faire la même chose, et de se remémorer l'anecdote
enfouie dans la mémoire.
Durant ces sessions, Neil nous dit
s'être rendu compte qu'il avait fait deux chansons avec les
mêmes personnages, et qu'il voyait une histoire se tisser
sous ses yeux, dont il maîtrisait pas grand-chose.
Clou du show : quand le Grand Père meurt à la fin
de Grand Pa's interview, et tout le monde dans le studio est bien
triste ! je vois bien le Talbot laisser couler une larme !
Donc, Greendale ; comment çà
marche ?
Greendale est une ville de 20000 âmes,
sur les bords du Pacifique, genre située dans l'Etat d'Oregon
ou de Washington. Tout y est calme. On s'intéresse à
une famille, les Green, où tout baigne, De loin. On crèche
à Double E, une ferme sans histoire qui s'appelait Double
L, renommée par les Green au grand dam du voisinage. Me demandez
pas pourquoi. J'ai une idée mais je la dirai pas.
Faut pas grand-chose pour être heureux. Grand Mère
se plaît simplement à dire :
" a little love and affection
In everything you do
Will make the world a better place
With or without you "
De près, çà coince
un peu. Earl est vétéran du Viet Nam, peintre psychédélique,
l'art des sixties, du Flower Power. Il ne vend rien. Il essaie pourtant
mais bon, ça ne marche pas.
Neil doit avoir des potes comme ça, à mon avis.
Il est marié à Edith, qui adore danser. Last Dance,
When You dance I can
La petite fille " Sun " a 18 ans, elle est belle comme
le jour, dès qu'elle est née elle a aussi adoré
danser. Le matin elle part on ne sait pas où avec un camion
chargé de balles de chaume (les hay bales de Thrasher, pour
ceux qui suivent. Les nouveaux, on en a parlé en septembre,
dans song of the week - http://intotheblack.ploer.net/).
On ne sait pas où elle va.
Sun fait aussi une recherche personnelle
sur " comment utiliser les médias ", et "
sauver la Nature de l'Alaska " pour son diplôme de fin
d'année, deux études qu'elle mettra à profit
à la fin de l'histoire.
Et y'a une prison, construite en 1911,
et habitée depuis par le même personnage, qui visite
un peu tout le monde. Il passe à travers les murs.. C'est
Satan, le Diable. Le Diable, nous dit Neil fait de très bonne
blagues, et a l'art et la manière de rendre les moins bonnes
meilleures avec le bon timing. Du moins, c'est lui qui le dit, le
Diable !
Au début de l'histoire la prison est quasi vide vu que Greendale,
c'est calme.
Greendale, " piège à
touristes " a un problème. C'est une ville très
fréquentée pour ses boutiques d'antiquités
et de brocante. Mais le diable a l'habitude de se pointer dans le
dos des gens qui lèchent les vitrines ! les gens se retournent
et y'a personne. C'est un gros souci pour la Chambre de Commerce
de Greendale. Rires du public anglophone !
Et puis y'a le Captain, John Green,
frère du Grand' pa, qui a un raffiot qui croise au large
de Greendale. Avec deux marins à bord. De temps en temps
faut bien ravitailler, alors il dit aux kids de passer le minimum
de temps à terre. Forcément, la ville, c'est mal.
Depuis Babylone. C'est pas d'hier.
Lui sait, pour le Diable. C'est pour çà qu'il dit
aux kids de pas descendre en ville.
Le Captain me rappelle furieusement le Captain Kennedy, du subliminal
Hawks&Doves, démasqué sous les traits du Papa
de Neil, d'après nos enquêtes
.
Donc tout baigne.
Un jour, c'était la nuit, le cousin Jed sort en bagnole.
Le lieutenant de police Carmichael fait un contrôle at the
edge of town, et gaule Jed. Fouille du véhicule, embrouille,
Jed qu'avait jamais fait de mal à une mouche à bufs
dégaine et bute le flic Carmichael.
Il avait juste de la coke dans la boîte à gants et
le coffre bourré d'herbe.
Les familiers de Ben Harper auront
reconnu le thématique de Like a King, ceux du Boss (en concert
le 24 mai à Paris, mais pas chauffé), celle de 41
shots. Les accros du vinteure auront déjà entendu
parler de faits similaires. Là c'st le flic qui meure mais
on peut pas gagner à tous les coups.
Le kid se retrouve en cabane. Celle
qu'est visitée par le Diable.
Après ça s'enchaîne.
On enterre le flic Carmichael, carrière exemplaire, éloges
funèbres "nickels". (On décide de laisser
sa place de parking libre pendant un an !!!)
Sauf que la veuve veut virer rapidos toute trace d'uniforme dans
la baraque. Des copines viennent l'y aider et trouvent dans un tiroir
des fringues de gonzesses et 200 US$ en espèces.
Y'a plein d'histoires dans l'histoire.
Les médias assaillent Grand-Pa et Grand-Ma pour avoir des
détails sur Jed, sa vie, et pourquoi il a tué un flic.
Ça les gonfle. Ils se cassent dare-dare à donf' dans
la Lincoln, c'est Grand-Ma qui conduit. A very fast driver, nous
dit Neil. Lincoln ? The best car ever made by Ford selon Neil en
76 dans le trop décrié Long May You run , sur Let
It Shine
.
Des hélicos survolent leur baraque, y'a des cars avec des
paraboles devant, ils tiennent plus et retournent à Double
E qu'est plus pénarde.
Grand-Ma retourne en ville, chez l'arrière grand'mère
qui vit seule à 104, grande fumeuse et buveuse de whisky.
Qui lui dit t'en fais pas, tiens v'là un bol de soupe pour
Grandpère, son fils donc, si je ne me goure pas.
(là ça sent le Garcia Marquez, autre grand inspiré
du surréalisme indien, ou je ne m'y connais pas..)
Dans l'intermède, le peintre
Earl qui s'était pris la tête avec la galerie d'art
du coin remonte à Double E, dans la grange qui lui sert d'atelier.
Le Diable était passé avant, lui avait nettoyé
ses lunettes. Il lui apparaît partout où il regarde.
Du coup, il le barbouille. Change de style, et fait un tableau que
la galerie lui prend illico et le rendra célèbre.
Ce juste au lendemain du jour où il était tombé
le plus bas, au point de ne pas rentrer à la maison, de prendre
un piaule dans un motel et où il surfe sur le net et essaie
de vendre ses uvres sur e-bay
sans arriver à
trouver où cliquer !
Sun, la belle, on finit par savoir
ce qu'elle tramait. Elle amenait ses ballots de paille pour écrire
sur un champ en zone d'approche de l'aéroport : NO WAR. Elle
a même vu les passagers d'un 757 lire sa prose. Ce qui nous
éloigne pas trop des " 747's over geometric farms "
de la douce Joni Mitchell dans l'Hejira auquel Neil collabora en
son temps.
Une journaleuse retrouve GrandèPa
et Grand-Ma, Grand-Pa s'énerve, fait une attaque, qui l'emportera.
Là-dessus tout se gâte.
On enterre le Grand'pa ; les funérailes n'ont lieu qu'avec
des vieilles bagnoles, comme il l'avait spécifié dans
son testament. Sun pète un plomb. Elle va chez Power&co
et s'enchaîne à un aigle de bronze symbole de la puissance
US et de tout ce qui va pas quand ça va pas. C'est là
qu'elle hurle des trucs dans un hurloir, en substance, qu'elle ne
cherche que la vérité, et que la Société
Power&co est de mèche avec la Maison Blanche sur la question
de l'énergie et des coupures de courant.
Episode suivant. Elle se retrouve dans un bar (l'histoire dit pas
s'il est crowded and hazy mais ça se pourrait). Elle rencontre
un des deux matelots du Captain, Earth Brown qui tombe éperdument
amoureux d'elle.
Mais, car il y a un mais, le Diable
s'en mêle !!!! Il fout un philtre dans la flotte du matafe
qui ne buvait que de l'eau de glacier. (mon il !) Manuvre
qui a pour effet de lui filer à tout jamais une soif inextinguible.
Qu'à cela ne tienne, il embarque
sa douce dans un camping-car, direction l'Alaska. Earth lui dit,
au printemps, Sun dit non, tout de suite. Ils embarquent douze packs
de flotte. Là dessus, il est pris d'hallucination, (au Crossroads,
il se demande quel chemin prendre, thématique Johnsonnienne
s'il en est, et continue sur Highway One, Heading North) pendant
que Sun s'endort sur son épaule et part dans un rêve
dont la teneur principale est qu'il faut sauver la terre, ce dont
nous convenons tous. All in a dream, all in a dream
C'est
très beau, c'est " Be the Rain ".
A son réveil, Earth n'est plus là. Ils se marient
pas, ils ont pas beaucoup d'enfants. Reviendra-t-il ? Neil a 58
ans, la retraite c'est à 65 minimum, il faut encore qu'il
fasse des disques.
Voilà.
Comme ça, avec quelques heures de sommeil pour réfléchir,
-la plus grosse partie de ce texte a été écrite
le 25 mai - ça me fait l'effet que le Neil a repris plein,
plein de ses thèmes de prédilection : la Nature, la
quête de l'amour, de la paix et de la liberté, la route
vers l'Ouest
Manque de bol, On the beach où il walk
along sometimes, encore plus loin que la Californie, ben c'est pas
encore ça. On vient y faire chier même des pauvres
gens heureux. Alors on repart ! foin de route sixty 66, on va essayer
la highway One heading North en Alaska. Vers le Yukon. Searching
for a heart of Gold.
Côté zique, on tombe comme
jamais chez Neil dans le blues le plus profond. Le blues, la zique
du Diable
tiens tiens !
Sinon, à la lumière de
ces quelques cierges, relisez les set lists, vous verrez que si
Neil est allé pisser entre les deux parties (on pas aller
contre ça), y'avait bien qu'un seul et même concert.
Maintenant vous êtes pas forcés
d'être d'accord.
"A little love and affection
In every thing you do
"
Franck Playe le
03/06/2003
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