Découvrir un nouveau luthier est comme un voyage vers un pays inconnu avec sa propre culture, ses payasages et son histoire. On rencontre souvent un luthier à travers ses créations et pour le luthier Maxime Morand qui a ouvert son atelier en 2008 à Besançon, c'est avec son modèle SV que nous vous proposons de faire connaissance avec lui.
Il n'est pas rare de constater une réelle complicité entre le musicien et le luthier lors de la commande puis de la réalisation de l'instrument. Ceux qui ont eu le bonheur de se payer une guitare de luthier connaissent peut être cette conivence qui finit souvent par une relation forte qui peut même aboutir à une réelle amitié. Le délai de réalisation d'un instrument de luthier peut parfois prendre plusieurs mois et il n'est pas rare qu'il se passe plus d'un an entre le moment de la commande et le moment où la belle six cordes viendra vous tomber dans les bras.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette attente, qui pour certains n'est pas concevable, est un véritable moment d'excitation et d'exaltation juvénile. Bref, on ne pense qu'à ça et la relation qui se tisse alors entre le musicien et le luthier est quelque chose de magique qui va permettre à ce dernier d'affiner les demandes et les choix du guitariste.
Lorsque pour l'étape finale, la guitare se retrouve enfin habillée de cordes neuves, c'est une nouvelle naissance qui va laisser autant le luthier que le musicien dans un état de grâce unique en son genre.
Jacques Carbonneaux - Janvier 2010
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Le projet de cette guitare dont voici le prototype est né d’une forme que j’avais imaginée il y a de cela 10 ans, sans plus y penser. L’idée de cette forme quadrangulaire avec ses angles arrondis s’inspirait directement des énormes tubes cathodiques des télés des années 50. Et puis, au moment où j’ai enfin ouvert mon propre atelier, j’ai fait le tour des idées que je pourrais réaliser et retravailler ce design dans mon carnet à dessin. C’est là que j’ai envisagé ce que serait la structure de l’instrument : une solid-body légère et très profilée, entièrement creuse avec juste une table et un fond sculptés, sur le principe d’une arch-top sans les côtés. Je voulais un corps avec une caisse de résonance sans sacrifier à mes contraintes de poids et d’épaisseur pour l’ergonomie. L’idée n’est pas neuve, mais il fallait aller au-delà du concept type « thinline » pour aller creuser vers l’esprit des 335 ou de la Lucille. Le côté massif évidé était d’ailleurs la grande innovation des premiers instruments d’Orville Gibson.
Tout a pris une tournure déterminante lorsque j’ai contacté par mail Silvain Vanot via Myspace : échanges de courriels, coups de téléphone pour lui expliquer ma démarche et lui soumettre ce concept avec de simples croquis scannés! Sa motivation a participé à cette entreprise, a déclenché la fabrication et nous sommes tombés d’accord sur les modalités de fonctionnement de cette collaboration : Je commençais le travail, Silvain m’envoyait les pièces au fur et à mesure de l’avancée des travaux. Nous discutions de la forme, du choix des micros, du Bigsby ; c’est ainsi que Silvain m’a proposé un dessin pour la tête que j’ai adopté immédiatement car il contrastait avec ce « shape » tout rond du corps. Cette forme en créneaux m’a fait penser aux œuvres Art-Deco et on a joué cette carte à fond pour le choix des mécaniques et du filet de bord de tête. La plaque de protection du truss-rod est dans cet esprit, un hommage assumé à la New-Yorker de D’angelico. La configuration de l’électronique est venue naturellement de notre passion commune pour Neil Young, et de sa fameuse Les Paul « Old Black », une ancienne Gold Top de 1953 repeinte en noire, dont le micro bridge a été changé pour un mini humbucker. |