Première mission : Salon de guitare de Montréal du 27 au 29 juin 2008
Après cette rencontre avec UBIFRANCE en novembre 2007, l’objectif de faire venir 15 luthiers était fixé. Pour une première, c’était assez ambitieux surtout connaissant les difficultés financières des artisans luthiers et l’incertitude du montant de la subvention qui leur serait accordée. A cela, se sont ajoutés les critères qualitatifs de sélection de Jacques-André car le salon qu’il organise est une réunion des meilleurs luthiers au monde. Un sacré challenge donc mais que je ne pouvais refuser.
Sélectionner 15 luthiers parmi les meilleurs fut particulièrement difficile mais compte tenu du fait que le salon ne concernait en 2008 que la guitare folk, arch-top et classique, cela allait déjà m’aider dans mes premiers choix. De plus, cette mission étant une première du genre, je savais que bon nombre d’entre eux ne voudraient pas prendre le risque d’aller exposer dans l’antre des luthiers américains et canadiens.
En effet, si la guitare classique européenne est reconnue, il n’en est rien pour la guitare acoustique à corde acier ou encore arch-top. La guitare folk fait partie intégrante de la culture américaine et je redoutais une réaction « chauviniste » des visiteurs anglophones sur les stands des luthiers français.
Le premier critère de décision pour les luthiers sélectionnés fut le budget pour exposer trois jours à cinq milles cinq cent kilomètres de chez eux. Après avoir constitué le dossier de labellisation* de la mission, j’ai estimé le coût total pour trois jours à un maximum de deux mille euros comprenant l’hébergement, le stand, l’aller/retour, le transport et l’assurance des guitares. Le coût réel s’est en fait élevé à 1 500 euros en moyenne.
…Il est ici intéressant de comparer ce que coûte à un luthier français d’exposer au salon de la musique de Paris ou bien encore Musicora : en moyenne entre 2 000 et 3 000 euros…
La bonne nouvelle fut d’apprendre que le dossier de labellisation était accepté par UBIFRANCE, François-Xavier Brunet m’épaulant avec efficacité, pour une prise en charge de 50% des frais engagés dans les postes cités ci-dessus.
Bilan de cette première mission
L’image qui me reste de cette expérience est ce sourire que j’ai pu voir du premier jusqu’au dernier jour sur chacun des visages des luthiers. Même si, avant de venir à cette deuxième édition du salon, je craignais que les luthiers français ne soient noyés au milieu des meilleurs luthiers américains et canadiens (100 luthiers au total pour l’édition 2008), j’allais vite me rendre compte du contraire.
La première surprise fut que le regroupement des luthiers français qui constituait au départ un handicap s’est vite révélé comme un atout. En effet, placés dans une grande pièce à part mais à l’entrée de l‘immense hall qui rassemblait tous les autres exposants, les français ont bénéficié d’un passage « obligé » à l’entrée comme à la sortie.
Ensuite, la curiosité des autres exposants vis-à-vis des français a permis de créer un réel échange entre eux. Mais surtout, les visiteurs qu’ils soient amateurs de belles guitares ou professionnels (distributeurs, magasins, journalistes) ont été fascinés par le travail et le savoir-faire des artisans français.
Durant le salon, trois ventes ont été concrétisées. Le taux de change nettement défavorable pour un européen a été réellement un obstacle. Beaucoup de contacts (échanges de coordonnées) ont été noués avec des amateurs mais aussi avec des professionnels. Le plus marquant reste la venue sur le stand France du pape de la guitare vintage aux Etats-Unis : George Gruhn. Personnage emblématique dans le monde de la belle guitare, propriétaire de l’une des boutiques à Nashville les plus réputées au monde et intervenant dans la revue « Vintage Guitar magazine », quand Gruhn apparaît dans un salon de guitare, tous les exposants rêvent de le voir arriver sur leur stand.
Il est reparti du stand France avec la mandoline du luthier Hervé Coufleau afin de la mettre en dépôt dans son magasin de Nashville, a passé commande, après le salon auprès du luthier François Vendramini et a invité plusieurs professionnels à venir visiter le stand des luthiers français.
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Deuxième mission : Salon de guitare de Montréal du 03 au 05 jullet 2009
A part Hervé Coufleau, tous les luthiers présents en 2008 ont souhaité tenter une nouvelle aventure pour cette nouvelle édition 2009. D'autres ont rejoint les rangs des acoustiques : Richard Baudry, Christian Magdeleine, Franck Cheval et Laurent Huchard. Le salon ouvrant ses portes cette année aux guitares électriques, Stefan Barrillon, Hervé Tonnard, Pierre-Antoine Roiron et Nicolas Mercadal (micros Benedetti) ont fait leur premier pas à ce salon de guitare.
Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de cette édition mais déjà certains luthiers ont vendu, d'autres ont pris des contacts avec des éventuels acheteurs ou des distributeurs au Canada. Mais le plus significatif et le plus motivant c'est que certains pensent déjà à se regrouper pour concevoir une unité de distribution des guitares de luthiers français à Montréal. Projet ambitieux
mais qui a déjà le mérite d'être évoqué et souhaité. Croisons les doigts et en attendant la prochaine édition en 2010, je vous invite à vous régaler les yeux et les oreilles avec le reportage que nous vous mettons à disposition dans ces pages. Ci-dessous, une vidéo qui présente l'arrivée des luthiers français et la mise en place des stands.
Jacques Carbonneaux - 20 juillet 2009
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